Les fautes de français continueront d'être recensées

La langue française


Martin Ouellet - Les fautes d'orthographe et de grammaire continueront d'être comptabilisées à l'épreuve de français au collégial, a tranché mercredi la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne.

Dès qu'elle en a pris connaissance, la ministre a jeté au panier le rapport commandé par des fonctionnaires de son ministère, qui recommande de mettre fin à la méthode «punitive» qu'est le décompte des erreurs de français à l'épreuve uniforme du niveau collégial.
La réussite de cet examen est nécessaire pour l'obtention d'un diplôme d'étude collégiale (DEC).
Le rapport produit par l'enseignant de français Richard Berger suggère plutôt d'appliquer une méthode dite «holistique», consistant non pas à recenser le nombre d'erreurs mais à juger la qualité d'ensemble du texte rédigé par l'étudiant.
Le document intitulé Pour une révision des épreuves uniformes de langue d'enseignement et littérature avance que le décompte du nombre d'erreurs de français est une approche «judéo-chrétienne» dont l'objectif est l'atteinte «d'une sorte d'état angélique».
«Oh mon Dieu», a soupiré Mme Courchesne, en point de presse, lorsqu'un reporter lui a cité les étranges réflexions exprimées dans le rapport.
Mais plutôt que de s'engager dans un débat pédago-théologique, la ministre a simplement fait savoir qu'il n'était pas question de fermer les yeux sur les fautes de français.
«Non, nous n'arrêterons pas, et l'évaluation, pour moi, fait partie des mesures concrètes qu'on ne doit pas mettre de côté. Ce n'est pas une question d'être punitif, c'est une question de s'améliorer et d'aller plus loin», a insisté la ministre de l'Éducation.
Plus encore, elle entend exiger des comptes aux fonctionnaires de son ministère qui ont commandé ce rapport.
«Il y a énormément d'écoles de pensée dans le milieu de l'éducation. Il y en a peut-être trop, a laissé tomber Mme Courchesne. C'est sûr que je vais poser des questions et je vais creuser davantage, là, pourquoi, quand, comment et, oui, à quels coûts tout ça se fait et pour quelles raisons.»
Déjà, en matinée, elle avait fait connaître sa façon de penser au sous-ministre, le grand patron du ministère.
La ministre a été on ne peut plus claire: les pédagogues qui oeuvrent au sein du ministère devront s'arrimer davantage aux orientations du gouvernement en matière d'éducation.
Ces orientations, exprimées dans le discours d'ouverture de la session parlementaire par le premier ministre Jean Charest il y a quelques semaines, sont «la promotion, la valorisation et la maîtrise de la langue française», a rappelé Mme Courchesne.
En ce sens, «l'évaluation, un examen, une capacité de mesurer notre niveau de connaissances, c'est indispensable», a-t-elle dit.
Pour s'assurer que le message soit bien compris et qu'il n'y ait aucune équivoque, la ministre a annoncé qu'elle rencontrera l'ensemble des intervenants de son ministère au cours de l'été.
«Je ne fais pas de chasse aux sorcières, a-t-elle pris soin de préciser. Mais je crois que ce qu'il faut, c'est que le ministère de l'Éducation ait des orientations stratégiques qui soient claires, fermes et qui démontrent non seulement une volonté gouvernementale (mais aussi la volonté) de l'ensemble de la population québécoise.»


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