Nous le savons tous, le français se porte mal : on le parle mal, on l’écrit mal, on fait des fautes. Les Québécois souffrent depuis l’aube de leur temps de cette inculture langagière, mais ils ont fait des progrès et à force d’efforts sont généralement parvenus à maîtriser leur langue maternelle.
Depuis quelques années, une régression importante a été constatée. Depuis quand au juste ? Depuis qu’on a changé les méthodes d’apprentissage du français au primaire ? Depuis que la réforme est appliquée ? Depuis cette course effrénée vers la diplômation à tout prix ? Depuis que les parents ne savent pas ce que leurs enfants sont allés faire dans cette galère ? Depuis qu'on nivelle par le bas ?
Quand on exige moins des élèves, ils donnent moins. Quand on leur apprend moins, ils apprennent moins. Quand ils ont 95 sans effort, ils apprennent que l’effort n’est pas important. Quand tout le monde passe ou a la même note, à quoi bon se forcer pour se distinguer? Le milieu de l’éducation est aux prises avec une hydre monstrueuse qui est en train d’étouffer lentement, mais sûrement les progrès d’antan. La correction de la langue doit être simplifiée parce que les jeunes n’arrivent plus à la maîtriser et que le problème est généralisé. Voilà le constat que l’on ne vous dira jamais. Mais fermer les yeux, les oreilles et la bouche, est-ce la bonne solution ? Quel peuple voulons-nous devenir ? Quels sont nos objectifs ?
Les jeunes sont allumés, brillants, pleins de bonne volonté. À nous de les former, de leur inculquer la fierté de bien maîtriser leur langue. C'est notre responsabilité.
En anglais, langue maternelle, on ne corrige plus les fautes ? Pourquoi ne pas appliquer la même pratique? Non, parce que notre situation n’est pas la même. Nous mourons à petit feu. Mourrons-nous à gros bouillons ?
Mourrons-nous brouillons ?
On parle de juger de la lisibilité d’un texte ! On parle de savoir si on comprend à peu près ce que l’étudiant a voulu exprimer. On plonge dans l'approximation.
Je suis franchement ébranlée, sonnée. Je ne pensais pas qu'on en arriverait là, mais voilà qu'on y est presque.
J'ai peur pour ma langue, j’ai peur pour mon peuple, j’ai peur pour l’éducation des jeunes, j'ai peur pour l'avenir. Comment a-t-on pu en arriver là ?
A vous cons pris ceux queue g’ai cri ?
Z’êtes pas tannés de mourir…. ?
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Michèle Bourgon
Professeure de littérature française dans un collège près de chez vous
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