Les révélations d’Edward Snowden, ancien de la CIA et de la NSA, ont un retentissement international. Elles rebondissent maintenant jusqu’ici, alors que l’agence canadienne d’écoute électronique, le Centre de sécurité des télécommunications (CST), aurait été prise en flagrant délit d’espionnage du ministère brésilien des Mines et de l’Énergie.
Le journal britannique The Guardian a eu accès aux documents de Snowden et le degré de pénétration de l’agence canadienne est stupéfiant. Message électronique, téléphones mobiles ou fixes, ordinateurs, tout était espionné. Les renseignements recueillis auraient même été partagés avec des entreprises canadiennes. La présidente du Brésil s’est fâchée en apprenant ça.
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Que le Canada espionne le gouvernement du Brésil, un pays avec lequel il entretient en principe de bonnes relations, est troublant. Mais pour ceux qui suivent ces affaires de loin en loin, ce n’est pas si étonnant.
Il y a quelques mois, on apprenait que la NSA américaine interceptait les communications de pays membre de l’Union européenne comme la France, pourtant un allié militaire des États-Unis au sein de l’OTAN. Disons que ça a jeté un froid diplomatique entre les pays de l’Union européenne et les États-Unis.
On apprenait également que les communications des citoyens américains étaient interceptées par leur propre agence d’espionnage, ce qui a provoqué un tollé là-bas.
Qu’en est-il des Canadiens? Sont-ils sous écoute permanente par les Grandes oreilles du CST? C’est comme l’existence de Dieu : rien ne prouve qu’il existe, mais rien ne prouve non plus qu’il n’existe pas.
Pour ma part, je m’inspire de Pascal, qui devant l’inconnu, a choisi de parier sur l’existence de Dieu. C’est ce qu’on appelle maintenant le pari de Pascal.
Moi, je parie sur le fait que le CST nous surveille.
Si dans ce billet, par exemple, j’écris «attentat terroriste contre centrale nucléaire Ontario bombe», je parie que les superordinateurs du CST vont le retracer à partir d’une liste de mots-clés (Salut, les boys!).
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Est-ce que nous sommes prêts, comme société, à ce que les services secrets puissent fouiner dans notre vie privée au nom de la sécurité, de la lutte contre le terrorisme? Je n’ai pas la réponse et de toute façon, j’ai bien peur que nous n’ayons pas notre mot à dire.
Ce qui est certain, par contre, c’est que l’appareil sécuritaire fédéral nous coûte de plus en plus cher.
Les projecteurs tournés vers le CST ont permis d’apprendre que cet organisme fédéral était en train de se bâtir un immeuble tout neuf au coût de 1,2 milliard de dollars. Rien de moins.
De son côté, le Service canadien de renseignement de sécurité, le SCRS, est en train d’agrandir ses installations d’Ottawa au coût de 70 millions, quelques année seulement après l’inauguration d’un immeuble tout neuf.
Depuis 15 ans, les services secrets, la GRC et l’armée nous coûtent de plus en plus cher. De 1997 à 2012, le budget du SCRS a augmenté de 222%! Pendant la même période, le budget de l’éducation et de la culture au Québec augmentait de 76%. Le budget des services secrets qui augmente trois fois plus vite que celui de l’éducation, est-ce bien là le juste reflet de nos priorités comme société?
Les espions, ça coûte cher
Ottawa garoche l'argent par les fenêtres
Stéphane Gobeil31 articles
Stéphane Gobeil was an adviser to Gilles Duceppe, writing speeches and the Bloc Québécois electoral platform. He now runs his own political consulting business.
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