Les Britanniques aussi ont leur Québec

Les "petites nations" dans le monde



La rose anglaise et le chardon écossais ne seront-ils bientôt plus réunis que sur le drapeau de la ville de Montréal ? Il est sans doute trop tôt pour le dire, mais les indépendantistes écossais du Scottish National Party (SNP) sont en bonne position pour remporter les élections de mai 2007 au parlement d'Edimbourg. Le bouillant tempérament écossais ne s'accommode plus de son statut incontesté de "nation", historiquement accordé à l'Ecosse mais fraîchement acquis par les Québécois. "L'Ecosse libre" serait en marche.
Aux yeux des indépendantistes écossais, les conditions sont déjà réunies. Un référendum sur l'indépendance de l'Ecosse se profile à l'horizon. Face à ce risque de partition du Royaume-Uni, les Anglais font preuve de leur flegme légendaire. Ils seraient même plutôt favorables à ce projet de sécession et prêts à déclarer leur propre indépendance face au reste du pays. "Un peu comme si le 'rest of Canada' déclarait son indépendance vis-à-vis du Québec", note Basil Deakin, du Chronicle Herald, de Nouvelle-Ecosse.
Aussi paradoxale que puisse paraître cette formule, elle n'est pas de nature à étonner le chroniqueur de l'agence de presse financière Bloomberg, Matthew Lynn, pour qui les solitudes écossaise et anglaise ne s'entendent plus. A son avis, "les cultures politiques respectives de ces deux nations se sont à ce point éloignées l'une de l'autre qu'elles ne sont plus compatibles. Les Ecossais veulent une social-démocratie à la manière scandinave, avec un niveau d'imposition élevé, un Etat-providence généreux et un rôle fort de l'Etat. Les Anglais préfèrent le modèle américain, avec moins d'impôts." Un portrait que ne renieraient pas les souverainistes québécois, de l'avis même des Ecossais. Stuart Thomson, un financier de Glasgow, affirme ainsi : "Nous sommes en train de devenir le Québec des Britanniques."
Le Herald de Glasgow adhère lui aussi à la manière québécoise, mais pour des raisons différentes. Il se prononce contre l'indépendance de l'Ecosse, au vu du contre-exemple fourni par deux pays européens qui ont obtenu leur indépendance au début du XXe siècle. "La Norvège, où les impôts sont lourds, et la république d'Irlande, où l'économie a tourné au ralenti pendant des décennies, offrent de moins bon modèles que la Catalogne et le Québec", assure le quotidien.
Marianne Niosi & Marc-Olivier Bherer


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