par Marianne Niosi & Marc-Olivier Bherer
Si les Québécois se réjouissent sans déborder d'enthousiasme d'être considérés comme une nation par les parlementaires canadiens, les journaux anglophones se montrent beaucoup plus divisés dans leur interprétation de la motion du 27 novembre. Pour le Globe and Mail, l'affaire est bouclée. "Tout ce brouhaha ne signifie rien, excepté aux oreilles des Québécois qui voulaient entendre que leur vision du monde est acceptée en principe par les institutions de ce pays. Elle l'est désormais, et même si nous croyons qu'il aurait été préférable que l'appel à la reconnaissance d'une 'nation' n'ait jamais été émis, aucun dommage réel n'a été commis."
Le National Post, lui, annonce "la fin du Canada uni". Il regrette les méthodes de l'ancien Premier ministre Pierre Elliott Trudeau - qui aurait "traité par le mépris le vil nationalisme ethnique des séparatistes québécois". Pour ce journal de droite, "le Premier ministre Harper a tourné le dos à cette tradition de défense d'un Canada uni, une expérience qui remonte à 1867, fondée sur l'idée que des gens différents peuvent vivre ensemble dans une seule nation."
En Espagne, El Mundo rapporte que "le gouvernement basque a accueilli avec une évidente satisfaction la décision du Parlement du Canada. Il a rappelé que la voix juridique suivie par ce pays pour donner satisfaction aux aspirants indépendantistes était celle que le gouvernement basque propose sous la forme du plan autonomiste Ibarretxe" rejeté par le gouvernement madrilène.
Pour Ouest-France, le quotidien français le plus lu avec son tirage d'environ 750 000 exemplaires par jour, "le Québec, seul pays majoritairement francophone d'Amérique du Nord, attaché à l'autodétermination, accepte les symboles mais ne s'en contente pas". L'auteur de l'article, Georges Poirier, est un québécophile et membre de l'Association France-Québec.
Un autre ami du Québec s'exprime dans les pages des Echos. Alain Juppé, qui a répété par monts et par vaux combien le Québec l'avait inspiré pendant son année sabbatique passée à l'Ecole nationale d'administration publique, a néanmoins une réserve de taille. Interrogé sur le "communautarisme", la politique qui consiste à encourager l'appartenance à une communauté ethnique ou religieuse, le maire de Bordeaux n'a pas été convaincu par ce qu'il a vu. Dans un long entretien au quotidien économique français, il s'explique : "Un tribunal canadien a récemment autorisé les jeunes sikhs à porter leur poignard rituel, le kirpan, à l'école. Vous pouvez donc aller à l'école armé, mais si vous prenez l'avion, on vous enlève votre tube de dentifrice ! Le problème avec le communautarisme, c'est que l'on ne sait jamais où finiront les concessions."
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé