Évidemment, il n’est pas facile de balayer sous le tapis la défaite du PLQ dans Kamouraska-Témiscouata. Le résultat très serré ne parvient pas du tout à masquer la réalité. Charest a tout fait pour conserver le comté, à commencer par bousculer toutes les règles d’attribution des grands contrats pour annoncer dès le début de la campagne la sauvegarde des emplois de l’usine Bombardier de La Pocatière, menacés par les retards dans le processus d’appel d’offres des nouveaux wagons du métro de Montréal.
Par ailleurs, en tenant les élections très rapidement après la mort de Claude Béchard, il cherchait à détourner à son profit le courant d’émotion favorable de la population locale envers le disparu. Enfin, la machine libérale avait mis le paquet en dépêchant sur les lieux pendant toute la campagne ses organisateurs les plus chevronnés afin de stimuler l’ardeur des troupes et faire sortir le vote libéral. Et pourtant, rien n’y fit.
Le soir de l’élection, dès qu’ils virent que le candidat péquiste était dans la course, les stratèges libéraux comprirent qu’ils avaient perdu. Et c’est pourquoi, même si les résultats étaient serrés et que la victoire semblait possible jusque dans le dernier droit, les visages étaient si sombres dans les reportages que diffusaient les médias depuis leur quartier-général.
La remontée du PQ dans le vote populaire depuis la dernière élection générale est spectaculaire, et il serait vain de tenter de départager dans sa victoire la part attribuable à ses efforts, à ceux de Pauline Marois, et au mécontentement de la population à l’endroit de Jean Charest et du PLQ.
L’important, c’est que Jean Charest ne soit pas en mesure de trouver dans un verdict favorable, aussi territorialement circonscrit soit-il, une légitimation de ses choix dans la crise de confiance qui secoue le Québec depuis près de deux ans.
Aussi obstiné soit-il, Jean Charest n’est pas un imbécile, et il a compris qu’il n’avait plus d’autre choix que de lâcher du lest. L’annonce hier de l’examen d’une nouvelle voie de solution qui consisterait à mettre pied une escouade policière « permanente » sur le modèle de celle dont les New-Yorkais se sont dotés pour lutter contre l’infiltration du crime organisé dans les rouages de l’administration publique est une autre tentative de Jean Charest de convaincre la population qu’il est possible à la fois possible d’éviter la tenue d’une commission d’enquête que la population et de nombreux observateurs avertis appellent de tous leurs voeux depuis un an, et d’obtenir de meilleurs résultats qui seraient « permanents » au lieu de transitoires.
Ce stratagème est évidemment cousu de fil blanc. Cette opposition entre le « permanent » et le « transitoire » est peut-être très commode sur le plan de la rhétorique, mais elle ne s’appuie sur aucun fondement solide, comme sont venus le souligner certains témoignages au cours des dernières semaines, provenant de sources tantôt policières, tantôt judiciaires, habituellement très soucieuses de respecter leur devoir de réserve.
Le simple fait que ces sources aient décidé d’enfreindre ce devoir de réserve constitue déjà une indication de la gravité de la situation que leurs témoignages viennent mettre en relief.
Dans ce que ces sources ont déclaré, il y a des choses que nous savions déjà. Les corps policiers opèrent dans le cadre de certaines contraintes organisationnelles et budgétaires qui constituent en partant une limite à leur capacité d’intervention. Si vous ajoutez à cela l’obligation de monter dans chaque cas une preuve suffisante pour porter des accusations au criminel, vous mesurez toute la lenteur du processus, et vous comprenez que cette lenteur, si elle peut faire l’affaire des personnes qui ont quelque chose à se reprocher, est loin de servir les fins de la vérité, de la transparence et de la justice.
Il y a donc quelque chose de tout à fait hypocrite à vouloir privilégier absolument cette voie, et c’est cette hypocrisie qui amène des gens raisonnables à conclure que Jean Charest a des choses à cacher qui pourraient soit l’incriminer lui-même, soit incriminer son parti, soit incriminer des proches. Jean Charest est donc l’artisan de son propre malheur, de celui de son parti, et de celui de ses proches. S’il veut sortir de ce cauchemar, il n’a qu’à déclencher une enquête. S’il continue de s’opposer à la tenue d’une enquête, c’est qu’il sait que le cauchemar qu’il aurait alors à affronter serait pire que celui qu’il vit actuellement. Rien pour rassurer la population !
Mais au témoignage des corps policiers est venu se rajouter cette semaine celui des substituts du procureur général, eux aussi aux prises avec des contraintes organisationnelles et budgétaires importantes dont l’effet est de réduire encore davantage la taille du chas par lequel il faut faire passer les dossiers de poursuite. En effet, tant nos textes de loi que la jurisprudence applicable ne seraient plus du tout à la hauteur des nouvelles formes de criminalité auxquelles nous sommes confrontés. Ça, c’est nouveau. Or le code criminel est de compétence fédérale - on comprend mieux l’attachement de certaines communautés au fédéralisme – et toute réforme prend des années.
Dans de telles conditions, la tenue d’une enquête est la seule façon de faire bouger les choses, et prétendre le contraire est au minimum d’un niveau d’irresponsabilité indigne d’un premier ministre, et au pire le signe d’une implication coupable. Dans un cas comme dans l’autre, Jean Charest n’a plus qualité pour servir comme premier ministre du Québec et doit quitter ses fonctions au plus tôt.
Commission d’enquête
Les « astuces » de Jean Charest
Artisan de son propre malheur, de celui de son parti, et de celui de ses proches
Chronique de Richard Le Hir
Richard Le Hir673 articles
Avocat et conseiller en gestion, ministre délégué à la Restructuration dans le cabinet Parizeau (1994-95)
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7 commentaires
Archives de Vigile Répondre
1 décembre 2010Vous avez tout a fait raison M. LE HIR meme le procureur de le l enquète marteau a presque avoué a RADIO CANADA
«lorsque qu il faut demander un mandat a un juge pour écoute électronique enver une personne public connu ou UN POLITICIEN les juges sont rétissant car il faut demander la permition au sous ministre ou au PROCUREUR DES POURSUITES tous monmés /les sous ministres et mtre. DIONNE / par le gouvernement de CHAREST».
Marcel Haché Répondre
1 décembre 2010Si, de son poste de chef de l’opposition, Jean Charest n’était jamais devenu premier ministre, qui se souviendrait de lui aujourd’hui parmi l’électorat ordinaire. Qui se souvient de l’impact politique de Claude Ryan ?
Mme Marois a une longue expérience. Elle est capable de tenir le rôle de P.M détenu par Jean Charest qui a failli. C’est cela la stricte réalité. Cela n’a plus rien à voir avec de savants calculs.
Si demain, et très bientôt s’il n’en tenait qu’à moi, si demain le P.Q. était élu au gouvernement, c’est Mme Marois qui tiendrait le micro. Cela ferait toute la différence pour elle, comme cela aurait fait toute la différence dans le passé pour Claude Ryan.
Jean Charest et tous les libéraux ont un immense déficit de légitimité. Et ce déficit très politique n’est pas posé devant Amir Khadir, ou Deltel, ou Duceppe. Il se pose très légitimement devant Pauline Marois. Et devant personne d’autre.
Qu’on lui donne à elle, simplement, le micro du P.M. ! On verra bien.
Charest doit démissionner. Il est désavoué. N’a plus de légitimité. Il n’a déjà plus le Pouvoir. Il ne lui reste que le micro, mais personne ne l’écoute plus.
C’ta ton tour Pauline !
Nestor Turcotte Répondre
1 décembre 2010Monsieur Tellier,
On peut faire dire aux chiffres ce que l'on veut. Tout dépend de l'angle de chacun. Voici ma lecture.
Le résultat de l’élection dans la circonscription électorale Kamouraska-Témiscouata est connu : le Parti québécois a gagné par 196 voix. Le taux de participation ressemble à celui de la dernière élection générale : autour de 58 %. Sur les 34,470 électeurs inscrits, 19 871 se sont déplacés pour aller voter, si on tient compte des 296 bulletins non valides ou rejetés. 14 599 électeurs, soit 42 % des électeurs inscrits sont tout simplement restés à la maison pour vaquer à leur occupation coutumière. Ces élections partielles n’ont pas semblé les captiver.Lediscours des Oppositions ne les ont pas dérangés.
AA l’élection générale de décembre 2008, avec un taux de participation de 60 %, Claude Béchard avait récolté 11 048 voix (53 %); l’ADQ, en deuxième place, avait ramassé 4 436 voix (21,56 %) et le PQ, 4 351 voix, (21,15 %). A l’élection partielle du 29 novembre 2010, le PLQ perd 4031 voix, le PQ gagne 2 862 voix. Quant à l’ADQ, il fait un maigre gain de 73 voix.
Les citoyens de Kamouraska-Témiscouata envoient donc à l’Assemblée nationale un nouveau député appuyé par 38 % des électeurs ayant mis leur bulletin de vote dans l’urne, mais dans les faits, il est appuyé par 38 % des 58 % des électeurs qui se sont déplacés pour aller voter. Le nouveau député a donc l’appui de 22 % des électeurs inscrits sur la liste électorale de la circonscription. 78 % des électeurs ne trouvent donc pas que le candidat péquiste rejoint leurs aspirations. C’est énorme. Comme le candidat libéral obtient sensiblement le même nombre de votes dans les boîtes de scrutin, on peut dire que 78 % des électeurs rejettent aussi le candidat libéral. Les partis traditionnels sont boudés par les 3/4 des citoyens.
A l’échelle nationale, le dernier sondage CROP/La Presse donnait dernièrement 38% au PQ, 23 % au PLQ et 15 % à l’ADQ. Lors de l’élection partielle, le PQ récolte effectivement 38 %; le PLQ dépasse de 14 % les prévisions nationales et l’ADQ va chercher un 6 % de plus que les données du sondage.
Le PLQ, malgré les scandales réels ou présumés, fait donc bon figure; le PQ, dans les circonstances, malgré les rumeurs de collusions, les allégations fondées ou pas, ne se surpasse guère. Si l’Opposition péquiste était véritablement la solution de rechange au gouvernement actuel, il aurait remporté l’ancienne circonscription du Ministre défunt Claude Béchard avec un résultat beaucoup plus convainquant. Seulement 22 % des électeurs inscrits sur les listes électorales trouvent qu’il est un choix judicieux et valable. Le PQ semble gagner par défaut.
Le PQ tient tout juste la tête hors de l’eau. 78 % des électeurs inscrits sur les listes électorales sont répartis entre le PLQ, l’ADQ, Québec solidaire et le Parti vert, ne font pas confiance au Parti Québécois. Les indépendantistes qui œuvrent dans les rangs du parti de Pauline Marois doivent se poser de sérieuses questions. Ils sont loin d’un référendum gagnant sur l’indépendance du Québec. Pas étonnant que le chef du PQ ait biffé unilatéralement la tenue d’un référendum obligatoire, lors d’un nouveau et hypothétique premier mandat péquiste en 2013.
A l’évidence, les Québécois mettent les deux vieux partis traditionnels nez à nez. Ils sont incapables d’opter pour l’ADQ, au programme flou et mal dessiné, ni pour les autres tiers partis qui, jusqu’à présent, restent un peu dans la marge. Ces données doivent faire réfléchir aujourd’hui les partisans d’une troisième voie.
Le PLQ et le PQ ont tous les deux un chef qui ne rassemble visiblement pas les Québécois. Leur score électoral est similaire. Leur programme, à part une faible allusion à une hypothétique souveraineté du Québec, est sensiblement le même.
Il reste encore au moins deux ans avant le prochain scrutin. Il y a visiblement un vide politique à combler au Québec. Y aura-t-il des gens sérieux, capables d’affrontrer les réalités vers lesquelles toute la société québécoise sera bientôt confrontée? Il reste peu de temps pour le savoir et le démontrer.
Jean-Claude Pomerleau Répondre
1 décembre 2010Nouvelle escouade: un risque de «police politique», craint le syndicat de la SQ
(Québec) La nouvelle escouade anticorruption évoquée par le premier ministre Charest risque fort d'être une structure «inefficace», un nouveau «paravent» qui nuira au progrès du travail policier, prévient le président de l'Association des policiers provinciaux du Québec, Jean-Guy Dagenais.
Ramenée au lendemain de la défaite libérale dans Kamouraska-Témiscouata, l'idée «sent l'improvisation» on risque de créer une «tour de Babel» avec cette nouvelle escouade. «Ça va se raccrocher où, cela va relever du ministère ? On se rapproche d'une police politique !» , lance le chef syndical.
(...)
http://www.cyberpresse.ca/dossiers/crise-dans-la-construction/201012/01/01-4348166--nouvelle-escouade-un-risque-de-police-politique-craint-le-syndicat-de-la-sq.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B4_manchettes_231_accueil_POS3
............
JCPomerleau
P.s La police politique a déjà été mis en place par Jacques Dupuis.
Archives de Vigile Répondre
1 décembre 2010Pour assurer sa succession dans l’harmonie,il est recommander de préparer sa mort.
http://ruefrontenac.com/images/stories/caricatures/25nov2010.jpg
La Première Ministre du Québec bientôt.
http://ygreck.typepad.com/.a/6a00d8341c5dd653ef0147e044d7e9970b-800wi
Archives de Vigile Répondre
1 décembre 2010À l'élection complémentaire de Kamouraska-Témiscouata,les électeurs ont sanctionné massivement le gouvernement Charest,se tournant dans une proportion de 64 % vers les partis d'opposition. Un vote miroir de l'état de l'opinion publique du Québec, qui depuis des mois ne cesse de dire dans les sondages son insatisfaction à l'endroit de l'équipe libérale.
Archives de Vigile Répondre
1 décembre 2010Dans un premier temps, il faut dire que sous J. Charest jamais nous n’aurons d'autres commissions d’enquêtes publiques.
La seule et unique façon pour Jean Charest de sauver le PLQ, (parce que pour lui, dans un an ou 2 il rebondira bien quelques parts...) c'est de démissionner de son poste de Chef de Parti et de PM immédiatement.
En faisant ca, il met le couvercle sur un presto prêt à exploser... il fait en plus, une pierre plusieurs coups: Il permet au PLQ de demeurer au pouvoir pour encore 2 ans. Il permet de lancer une course à la chefferie du PLQ et de donner le temps au PLQ de faire diversion en donnant comme argument que le chef en chambre n'a pas le mandat de prendre des décisions de l'envergure d'une commission d’enquête publique et qu'il faut attendre l'élection d'un nouveau chef de parti et PM. Qui lui en arrivant en poste dans un an, se donnera le temps d'étudier les dossiers...et après 6 à 8 mois déclenchera des élections générales sans qu'il y ait eu de commission d’enquête publique sur quoi que ce soit d'autres....Si j'étais à sa place c'est ca que je ferais...
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