Il avait promis de combattre « l’élite », mais Donald Trump propose le cabinet le plus élitiste de l’histoire des États-Unis. Ces milliardaires, militaires de haut rang et politiciens de carrière, choisis pour diriger le gouvernement Trump, subiront leur premier test de crédibilité à compter de mardi devant un comité du Sénat chargé de scruter les nominations du président désigné.
Les sénateurs démocrates comptent assaillir de questions les gens de confiance de Donald Trump, qui auront la lourde tâche de porter la vision du président partout dans le monde et aux États-Unis. À ces audiences sénatoriales, les adversaires de Trump tenteront de faire ressortir les contradictions entre le président et les personnalités qu’il a nommées aux postes-clés de secrétaire d’État, secrétaire à la Défense, secrétaire au Commerce ou encore Procureur général, notamment.
« Sur plusieurs fronts, on se dirige vers des situations très conflictuelles entre les secrétaires de Trump et les démocrates », analyse Rafaël Jacob, chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Le président Donald Trump, qui entrera en fonction le 20 janvier, se targue d’avoir nommé des « gagnants », des « gens qui ont du succès » ou qui « gagnent de l’argent », aux plus hauts échelons de son gouvernement. Plusieurs de ces personnalités font partie de l’élite militaire ou des affaires : Rex Tillerson, président du géant pétrolier Exxon, devient secrétaire d’État, le sénateur Jeff Sessions est nommé Procureur général, le général à la retraite James Mattis dirigera la Défense, et ainsi de suite.
Donald Trump s’est montré confiant lundi dans le fait que tous les membres choisis pour son cabinet seront confirmés à leur poste par le Sénat. « Je pense qu’ils passeront tous », a promis le président élu.
« La confirmation se passe très bien », a déclaré M. Trump dans le hall d’entrée de sa Trump Tower à Manhattan, lors d’une apparition-surprise devant les médias.
L’équipe Trump s’est coordonnée avec le Sénat, où les républicains disposent de la majorité, pour organiser neuf auditions de confirmation cette semaine, malgré les protestations des démocrates, qui trouvent ce rythme trop rapide. Les républicains ont la majorité des sièges au Sénat (52 sur 100). Il suffirait de la dissidence de trois sénateurs républicains pour bloquer une nomination.
L'équipe Trump
Photo: J. Scott Applewhite Associated Press
Rex Tillerson
La nomination de Rex Tillerson, ex-p.-d.g. d’ExxonMobil, comme chef de la diplomatie, suscite des interrogations même dans les rangs républicains. Durant ses 40 années au sein de la pétrolière texane, l’ingénieur de 64 ans a noué des liens d’affaires avec la Russie. Des élus américains des deux grands partis souhaitent imposer des sanctions contre la Russie pour le piratage de courriels durant la campagne présidentielle. Quelle sera la position du diplomate en chef des États-Unis sur ce sujet délicat ?
Ses 400 millions de dollars d’actifs, plus 180 millions qu’il a touchés à son départ d’ExxonMobil, soulèvent aussi des doutes sur des apparences de conflits d’intérêts.
Le sénateur républicain Jeff Sessions, ancien Procureur général de l’Alabama, fera face lui aussi à des questions difficiles avant sa nomination en tant que Procureur général et secrétaire à la Justice. Des professeurs de l’Université Stanford l’ont surnommé le « grand faucheur de l’Alabama » en raison de sa propension à faire exécuter des malades mentaux et d’autres détenus vulnérables. Il aura aussi le pouvoir d’annuler la légalisation de la marijuana décrétée dans une série d’États. Les lois fédérales ont préséance sur celles des États, et le cannabis est illégal en vertu des lois fédérales. Autre question : Jeff Sessions utiliserait-il ses pouvoirs pour expulser les 12 millions d’immigrants illégaux, comme l’a promis Donald Trump ? Il s’agirait d’une véritable chasse aux sorcières qui donnerait lieu à une traque jusque dans les écoles, selon les démocrates et des groupes de défense des droits de la personne.
Wilbur Ross, candidat au poste de secrétaire au Commerce, possède une fortune évaluée à 2,9 milliards de dollars. Il dirige un conglomérat qui achète des entreprises en difficulté, les « restructure » (notamment par des mises à pied) et les revend à profit.
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