Depuis quelques années, on a l'impression que l'Occident tout entier a attrapé le virus de la peur contre lequel, d'ailleurs, aucun vaccin n'a été développé! Peur des attaques terroristes. Peur de la grippe aviaire dont on craignait qu'elle rase la moitié de l'Asie. Peur du SRAS. Et maintenant, peur de la grippe porcine - la petite dernière d'une longue lignée d'influenza.
S'il est difficile de blâmer les autorités de faire montre de "vigilance", l'espace et l'attention que commande cette grippe porcine paraissent démesurés. Pris dans la tourmente, les médias combinent les "appels au calme" aux reportages répétitifs et aux images orwelliennes de foules masquées. Pas moyen d'y échapper: alertes, pandémie, épidémie et tutti quanti. L'attention portée à cette histoire est telle, dans le monde entier, que même ici, Jean Charest pourrait vendre la Caisse de dépôt qu'on ne s'en rendrait même pas compte!
Et la peur, c'est payant. Du moins, pour certains. Les pharmaceutiques se pourlèchent les babines. Les actions de fabricants de masques, de gants et de désinfectants montent en flèche. Et le gouvernement du Québec se vante d'avoir en stock 13 millions de doses d'antiviraux, alors que nous ne sommes que 7 millions. Lorsqu'on combine la grippe porcine aux mauvaises nouvelles sur l'économie, ça commence à faire un méchant mélange anxiogène! Mais il existe sûrement des petites pilules pour ça aussi...
En science politique et en sociologie, on se penche d'ailleurs sur l'émergence de cette "culture de la peur". Une culture entretenue par l'ultra-dramatisation et la répétition à satiété d'images qui alimentent l'angoisse chez les citoyens. Disons que les crises de peur permettent aussi de concentrer l'attention des gens sur des situations plus sensationnelles, mais rarement liées aux problèmes réels de gouvernance...
Le maire Tremblay a failli
Et parlons-en de problèmes réels de gouvernance! Les rapports accablants et les scandales s'accumulent à la Ville de Montréal. Un demi-milliard attribué pour le contrat des compteurs d'eau dans des circonstances aux apparences de trafic d'influence et la dilapidation du patrimoine montréalais en laissant aller des terrains de haute valeur en catimini pour 1$ à des contracteurs influents. Comme si la Ville se comportait en Dollorama avec NOTRE propriété! Sur toute la ligne, le maire Gérald Tremblay continue de faillir à ses responsabilités en jouant à la victime et à l'innocent éternellement étonné. Il y a aussi son silence, sa gestion de crise improvisée et sa défense entêtée du processus d'octroi du contrat des compteurs d'eau - fait selon lui "dans les règles de l'art", même s'il doit l'envoyer au Vérificateur général! Ce qui ne laisse que deux hypothèses. Ou il savait ce qui se passait. Auquel cas, bien des Montréalais lui diraient de partir parce qu'il n'a rien fait. Ou il ne savait pas. Auquel cas, plusieurs lui diraient de partir parce qu'il ne possède pas les compétences requises pour gérer la métropole du Québec.
Surtout, ce qu'on voit à Montréal et ailleurs au Québec, c'est la confirmation du danger que pose à la démocratie cette privatisation croissante des services et des processus d'octroi de contrat. Un danger ouvrant la porte aux abus dans la gestion de notre argent, au copinage, voire à la corruption. Pourtant, hormis de s'en remettre à la police - maintenant que la boue monte à la surface -, le silence du gouvernement Charest sur cette question est assourdissant.
Mais si cette privatisation dans plusieurs services n'est pas stoppée et qu'une commission d'enquête indépendante n'est pas tenue sur l'industrie de la construction et les processus d'octroi de contrats au municipal et au provincial, la crainte est que tout ce beau monde continuera à se servir dans l'assiette au beurre collective comme si de rien n'était. Incluant ces barons de la construction branchés sur les mondes politique et syndical. Et dont certaines firmes sont même accusées de fraude fiscale. Et avez-vous remarqué que c'est pas mal toujours les mêmes firmes qui reviennent dans ces histoires? Et ai-je besoin de rappeler que le gouvernement Charest s'apprête à mettre 42 milliards de nos dollars dans des méga projets d'infrastructures? Dites-moi. Avez-vous peur? Si oui, cette peur-là, elle est bien fondée!
****
Une question naïve
Aujourd'hui, le maire Gérald Tremblay s'en est pris très durement au Vérificateur général de la Ville, lequel, de toute évidence, le dérange de plus en plus.
Fâché très fort, il a déclaré: «je ne comprends pas comment un Vérificateur général de la Ville peut dire je vais donner des rapports à la pièce, je vais les donner à la presse avant de les donner aux élus, alors que le mandat très clair du Vérificateur général, c'était de déposer ses rapports au Conseil de ville?».
Sacrée bonne question. Une question que je me posais d'ailleurs moi-même. Surtout considérant que le VF est même allé à la police AVANT de présenter un de ses rapports aux élus. Du jamais vu.
Donc, pourquoi?
Eh bien. À moins d'être un fou fini ou un incompétent de la pire espèce, serait-ce qu'à l'instar de bien des Montréalais, le Vérificateur général aurait, lui aussi, perdu confiance en cette administration?
Une question naïve. Je sais...
Le virus de la peur
Une question naïve
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé