EMPLOI

Le travailleur de demain, selon C.D. Howe

Formé pour répondre aux besoins de l’entreprise, il ira là où on aura besoin de lui

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Un pion, [«taillable et corvéable à merci»->http://www.linternaute.com/expression/langue-francaise/1014/taillable-et-corveable-a-merci/], comme au Moyen-Âge !

Ottawa devrait prendre la direction des efforts visant à mieux aider les travailleurs à se trouver une place dans une économie en transformation, estime le C.D. Howe.

L’impact économique de la chute des prix du pétrole viendra probablement grossir les rangs des chômeurs au Canada. Ces travailleurs viendront s’ajouter aux nombreux autres qui essayaient déjà, tant bien que mal, de se trouver une place dans un marché du travail en profonde restructuration sous l’effet de la mondialisation, des innovations technologiques ou encore du vieillissement de la population, observe l’organisme de recherche basé à Toronto dans une note d’une douzaine de pages dévoilée mardi.

« C’est véritablement un enjeu canadien dans la mesure où les questions de politiques du travail ne relèvent d’aucun ordre de gouvernement en particulier et que cela peut conduire à une absence de direction », y explique son auteur, l’ancien l’économiste en chef de la Banque TD Craig Alexander. Bien qu’il pense qu’une « direction fédérale forte » soit nécessaire, il n’exclut pas qu’elle puisse se faire en coopération avec les provinces.

Les changements en cours s’observent déjà de nombreuses façons, dit le C.D. Howe. La compétition internationale a amené les entreprises à réduire leurs coûts et à n’engager des travailleurs ou à n’accorder de hausses salariales qu’à condition de réaliser d’abord des gains de productivité. On constate également que l’essentiel de la création d’emplois au Canada depuis le début des années 2000 a été le fait d’emplois hautement qualifiés, le nombre de travailleurs faiblement qualifiés faisant du surplace alors que les travailleurs situés entre les deux, notamment dans le secteur manufacturier, accusaient pour leur part un recul. Ce recul risque de se faire beaucoup plus marqué encore avec les difficultés du secteur des ressources naturelles et l’essoufflement du marché immobilier. On a assisté aussi à une certaine montée du travail autonome, temporaire et à temps partiel, de même qu’à une multiplication par deux, depuis 2008, de la proportion de chômeurs sans emploi depuis au moins 15 mois (de 6,9 % à 13,4 %).

Quatre priorités

Ottawa devrait se donner quatre grandes priorités, selon Craig Alexander. La première consisterait à réformer l’assurance-emploi. Il n’est pas normal, dit-il, et contre-productif que les seuils d’admissibilités soient plus bas dans des régions au taux de chômage plus élevé, comme les provinces atlantiques, que dans des provinces comme l’Alberta. Les règles devraient être les mêmes partout afin d’encourager la main-d’oeuvre à aller là où se trouve l’emploi. Dans le cas où l’on voudrait maintenir un traitement différencié entre les régions, Ottawa devrait laisser cette responsabilité aux provinces directement concernées.

Le C.D. Howe en appelle aussi à la collecte et à la diffusion de meilleures informations sur l’état du marché du travail afin de mieux comprendre ses forces et faiblesses tout en en aidant les employeurs et les travailleurs à mieux se trouver.

Une troisième priorité d’Ottawa devrait être d’améliorer le niveau de qualification des travailleurs canadiens. On pourrait notamment se montrer plus exigeant à l’égard des systèmes d’éducation des provinces, estime l’organisme de recherche torontois. Il faudrait aussi améliorer la formation en entreprise. Le Canada tire de l’arrière à ce chapitre en comparaison avec son voisin américain. Il est encore trop tôt pour évaluer le succès des réformes apportées dans ce domaine par le gouvernement Harper.

Une meilleure utilisation de toutes les réserves de main-d’oeuvre disponibles devrait être la quatrième et dernière grande priorité d’une stratégie canadienne pour l’emploi, écrit Craig Alexander. Il évoque notamment un meilleur arrimage entre les domaines d’études des jeunes et les besoins du marché des entreprises, une augmentation du nombre de femmes qui embrassent les sciences et les technologies, une aide spéciale aux populations autochtones largement oubliées, une meilleure reconnaissance des compétences professionnelles des immigrants.
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