Le scénario catastrophe du Parti québécois

PQ - stratégie revue et corrigée

La victoire «morale» qu'André Boisclair espérait ces jours derniers, soit de se hisser à la tête d'un gouvernement minoritaire, ne s'est pas du tout réalisée, et c'est une catastrophe qui semblait se produire pour la formation politique, son chef et l'idée même de la souveraineté, au moment d'écrire ses lignes. Le Parti québécois au troisième rang, tant pour ce qui est du nombre de sièges qu'en ce qui concerne le pourcentage de votes: il s'agit d'une première depuis la création même du parti en 1968. Avec 28 % du vote, le score du PQ est pire qu'en 1973. «C'est gros, très gros. Mais on continue à espérer de passer en seconde place», disait la présidente du Parti québécois, Monique Richard, au moment de mettre sous presse, vers 22h10. «Ah mon Dieu, s'écrie-t-elle soudain, Lucie Papineau [députée de Prévost] a perdu!»
La foule de quelque 300 militants réunie au Club Soda se montrait tour à tour incrédule, déconcertée et révoltée, hier, par les ravages que faisait l'ADQ dans certains châteaux forts péquistes comme Masson. «J'ai le goût de vomir!», a lancé un militant au moment où le numéro deux de l'ADQ, Gilles Taillon, est apparu à l'écran. «Avais-tu vu venir ça, toi?», a lancé la directrice des communications du Parti québécois, Shirley Bishop, à Pierre-Luc Paquette. Mme Bishop, vers 21h30, disait espérer que, dans les luttes à trois, le Parti québécois puisse tirer son épingle du jeu. «Laissez-moi mes illusions», a-t-elle tout de suite ajouté. Vers 20h35, le directeur général du parti, Pierre-Luc Paquette, continuait même à dire que l'on se dirigeait vers un «gouvernement péquiste minoritaire».
Plus tard, il affirmait qu'au fond, les choses allaient être encore plus difficiles pour Jean Charest: «Une baisse de 13 % et un gouvernement minoritaire, des ministres battus à la pocheté. C'est pire que pour André [Boisclair]», a-t-il dit. L'ancien député péquiste de Joliette, Jonathan Valois, présent hier, soutenait qu'il aurait voulu accompagner ses collègues pour «partager cette défaite». Il se désolait que son collègue Alexandre Bourdeau, le dernier des «mousquetaires» -- ces trois jeunes députés qui avaient signé en 2004 un rapport mordant pour «réinventer» le Parti québécois --, ait mordu la poussière dans Berthier. «Il n'y a plus de mousquetaire [puisque Stéphan Tremblay ne s'est pas représenté dans Lac-Saint-Jean]. Mais je recommande au parti d'aller relire notre rapport. C'est très pertinent», a-t-il déclaré.
Les militants présents avaient toutefois droit à certains moments de joie et manifestaient bruyamment. Par exemple lorsque Philippe «citoyen» Leclerc est venu annoncer les cinq victoires du PQ dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean, la réélection d'André Boisclair dans Pointe-aux-Trembles et la défaite du chef libéral Jean Charest dans Sherbrooke aux mains du péquiste Claude Forgues. La salle avait commencé à s'animer à 20h15, au moment de l'annonce du premier député péquiste élu, Maxime Arsenault, dans le comté des Îles-de-la-Madeleine, mais les mauvaises nouvelles se sont par la suite accumulées. Les péquistes se consolèrent aussi en voyant qu'Agnès Maltais et Rosaire Bertrand avaient tous deux résisté à la vague adéquiste dans la région de Québec.
Ce matin
André Boisclair a voté hier matin vers 10h dans sa circonscription de Pointe-aux-Trembles, disant qu'il faisait confiance aux Québécois. Au moment d'écrire ces lignes, le chef péquiste prenait connaissance des résultats des élections en compagnie de ses conseillers dans une suite de l'hôtel Le Germain, rue Mansfield. Il était attendu vers 22h50 au Club Soda.
Dans les derniers jours, il répétait être confiant d'obtenir un «gouvernement majoritaire». Il s'était lancé dans un blitz qui l'avait conduit à faire quelque sept discours par jour dans autant de comtés.


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