Quelles sont les provinces les plus susceptibles de ne pas pouvoir honorer leur dette dans 20 ou 30 ans?
L’Ontario et l’Alberta.
Quelle est la province qui représente le plus faible risque de défaillance pour ses créanciers?
Le Québec.
Telles sont les grandes conclusions de Marc Joffe dans son étude publiée par hier l’Institut Macdonald-Laurier d’Ottawa. Provincial Solvency and Federal Obligations (Solvabilité provinciale et obligations fédérales) met en lumière que les finances publiques présentent des défis à long terme pour les provinces que reflète mal leur niveau d’endettement actuel et les taux d’intérêt qu’elles doivent consentir pour emprunter.
« Les risques de défaillance s’élèvent par province à des rythmes différents. La plus vulnérable dans 10 ans et durant les 10 années suivantes est l’Ontario, alors que l’Alberta court le plus grand risque dans 30 ans, écrit Joffe. Le Québec a le plus faible risque de défaillance, mais ce risque est néanmoins de près d’un sur trois. »
Cette conclusion est d’autant plus surprenante que le Québec se distingue par la dette obligataire la plus lourde en proportion de la taille de son économie, à l’heure actuelle, alors que l’Alberta est présentement en position d’actif net.
Les finances albertaines vont basculer du noir au rouge en raison d’un vieillissement plus rapide de sa population à partir des prochaines décennies et d’une très forte exposition aux revenus volatils qu’elle tire de l’énergie.
L’Ontario est aux prises avec une rapide détérioration de sa situation budgétaire et de grandes inconnues sur sa capacité de revenir à un déficit zéro d’ici 2017-2018, ce qui en ferait la dernière province à sortir du rouge.
De son côté, le Québec doit renouer avec l’équilibre dès l’an prochain, bien que le ralentissement de l’économie complique l’atteinte de cet objectif.
Selon l’étude de Joffe, l’Ontario a une probabilité de défaillance de 42,9 % dans 10 ans et de 79,3 % dans 30 ans, si elle ne redresse pas sa situation, en diminuant notamment la croissance exponentielle de ses dépenses en santé ou en augmentant le fardeau fiscal.
Les taux de défaillance de l’Alberta sont de 42,4 % et 84,1 % alors que ceux du Québec sont de 8,1 % et de 28,3 %.
L’ajournement sine die de la session parlementaire ontarienne, lundi, dans la foulée de la démission-surprise du premier ministre Dalton McGuinty, compromet le plan budgétaire de Queen’s Park. « Dans une période de risques globaux élevés, cela accentue, selon nous, l’incertitude quant à l’atteinte des objectifs fiscaux de la province à moyen terme », a écrit mardi Mario Angastiniotis, analyste de crédit chez Standard & Poor’s.
Le déficit prévu de l’Ontario en 2012-2013 est de 14,4 milliards, si les lourdes compressions prévues sont réalisées, ce qui paraît improbable sans légiférer.
L’étude de Joffe fait ressortir qu’une province est en danger lorsque le service de sa dette gruge 25 % de ses recettes fiscales.
Heureusement, aucune province ne se rapproche de ce chiffre, bien que le Québec soit sur le point de franchir le seuil de 10 %.
Le portrait des finances publiques québécoises à long terme est plus reluisant parce que Joffe exclut l’endettement de 53,7 milliards d’Hydro-Québec de la dette nette de la province. « La société a toujours été rentable et fournit un service essentiel, écrit Joffe. Il est donc très peu probable que ses obligations retombent sur les épaules des contribuables de la province. »
Au beau milieu du cafouillage qui a entouré le sort de la taxe santé, les prêteurs se sont mis à exiger davantage du Québec pour acheter sa dette.
La semaine dernière, Québec a dû consentir un écart de 116,5 centièmes sur une obligation canadienne d’une échéance similaire de 30 ans. Deux semaines plus tôt, l’écart avait été de 108,5 centièmes, rappelle Jean-François Godin, vice-président recherches chez Desjardins. Si les écarts s’étaient élargis aussi pour l’Ontario, c’était dans une moindre mesure.
Avant-hier, toutefois, Québec a pu emprunter une autre tranche de 500 millions pendant cinq ans. Les écarts avec l’Ontario se sont nettement resserrés.
« La diminution récente des écarts de rendement entre les obligations du Québec et de l’Ontario est le reflet de la moins grande incertitude des investisseurs envers les titres du Québec et d’une réévaluation à la baisse des obligations de l’Ontario, fait observer Benoit Durocher, vice-président directeur et chef stratège économique chez Addenda Capital.
Et dire qu’ils n’avaient pas encore pris connaissance de l’étude de Marc Joffe!
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