Le PQ en danger, pas la souveraineté

Vigile


Le sociologue Pierre Drouilly, dans une analyse qu’a publiée le quotidien Le Devoir le 1er mars dernier, affirme que le Parti québécois commence à être en danger, à la lumière des derniers sondages. L’ADQ de Mario Dumont pourrait effectivement doubler la formation politique souverainiste et former l’opposition officielle.
Dans le même article, le politologue Jean-Herman Guay ajoute au propos de Drouilly « qu’un drame » peut survenir chez les souverainistes. « Si le PQ est battu à plate couture avec un score analogue à celui de 1970, ça donnerait l’impression que la boucle est bouclée. Il y a là un risque d’éclatement. » Voilà le genre de conclusion qui mérite une réplique musclée.
Ces interprétations doivent mettre sur un pied de guerre tous les indépendantistes québécois. Si le PQ s’écrase à l’élection, ceux-ci ont intérêt à monter au front massivement car les médias fédéralistes essayeront de convaincre la population que la mort du PQ signifie la fin de l’option souverainiste. Rien n’est plus faux : l’appui au projet indépendantiste dépasse les 45%, selon les dernières enquêtes des maisons de sondage. Une marche pacifique dans les rues de Montréal aura tôt fait de dissiper les doutes. Au contraire, une réponse apathique des indépendantistes aux mensonges propagés par les diffuseurs fédéralistes pourrait nuire sérieusement à leur idéal.
Après cette démonstration de fierté nationale, les indépendantistes devront rapidement préparer des états généraux. Ils pourraient avoir lieu à la maison Ludgey-Duvernay, ou dans un autre lieu plus vaste selon la réponse citoyenne qui aura été observée lors de la manifestation. Un nouveau parti politique devra être fondé en grande pompe, dans l’enthousiasme. Grâce au moyen de communication informatique qu’est l’internet, des souverainistes de toutes les régions du Québec pourront participer à l’assemblée de fondation de la nouvelle formation politique. L’ensemble des régions québécoises ainsi réuni maximisera l’effet de solidarité et le désir de résister à l’occupant fédéraliste. Une belle fraternité s’étendra ainsi partout sur le territoire national. Une douce euphorie qui ne laissera aucun Québécois indifférent.
Il apparaît de plus en plus certain que l’Assemblée nationale sera dirigée par un gouvernement minoritaire. Un autre rendez-vous électoral sera donc à portée de main, ajoutant ainsi au dynamisme qui habitera déjà les indépendantistes, suite à la fondation de leur nouveau parti. Des assemblées d’investitures seront ainsi organisées dans toutes les circonscriptions québécoises, dans un climat d’urgence nationale. Le tout encore une fois suivi étroitement par tous les membres du parti grâce à internet.
La création d’un nouveau parti politique uniquement voué à l’avènement du pays doit être perçue comme un moment privilégié, un événement historique où les participants qui l’auront vécu se sentiront bénis d’y avoir participé. La fondation de la nouvelle formation indépendantiste sera caractérisée par un moment de grande extase. Comme le point de départ d’un vaste mouvement que rien ne pourra arrêter ! Tous les souverainistes qui errent présentement, en attendant qu’une vague de fond les transporte avec enthousiasme vers le pays, seront réjouis de constater qu’ils n’ont pas été abandonnés.
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La déconfiture que certains prédisent au Parti québécois représente l’opportunité tant attendue de corriger des années d’attentisme imposées par les apparatchiks de cette formation. Ils ont laissé passer pitoyablement le rapport du Directeur des élections du Québec au sujet des 150 000 votes illégaux au référendum de 1995, sont demeurés inertes cette année là devant les dizaines de milliers de certificats de citoyenneté octroyés par les agents d’immigration Canada au complexe Guy-Favreau de Montréal. Ils ont baillé en écoutant les révélations entendues durant l’enquête du juge Gomery sur le scandale des commandites et somnolé face aux gestes frauduleux d’Option-Canada. Les « conditions gagnantes » nécessaires à l’atteinte de l’objectif indépendantiste seront finalement fournies par le PQ lui-même.
Certes, les prochaines semaines seront difficiles à supporter pour des souverainistes. L’éparpillement des leurs, jusque dans le Parti libéral, ne signifie pas cependant qu’ils capitulent devant l’occupant canadien. Tout comme le député libéral de la circonscription de Groulx, ils seront fiers de participer à la fête le jour de l’indépendance nationale. S’ils tournent le dos actuellement au Parti québécois à cette élection, c’est que ce véhicule souverainiste aspire à la gouverne provinciale qui ne mène nulle part. Fatigués de répéter au PQ qu’ils veulent se faire proposer autre chose, ces indépendantistes tentent de l’exprimer autrement.
Chose certaine, le gouvernement minoritaire qu’ils feront élire le 26 mars prochain enverra un message clair à Stephen Harper et Jean Charest : le « fédéralisme d’ouverture » des conservateurs est de la merde, tout comme le « fédéralisme asymétrique », le « fédéralisme renouvelé » ou encore le « fédéralisme rentable. » Il est à espérer que le Bloc québécois saisisse mieux ce message que son parti frère à Québec et n’hésite pas à défaire le gouvernement conservateur lorsqu’il déposera son budget le 19 mars prochain : on n’achète pas les Québécois. Encore moins avec leur propre argent…
Patrice Boileau


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mars 2007

    La meilleure réponse à Guay consiste à écouter Parizeau et à discuter de nouvelles stratégies après l'élection.
    Salutations,

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mars 2007

    J'aime cette détermination et la mobilisation qu'elle appelle!
    Par contre, ce désir de voir couler le P.Q. jusqu'à le remplacer par un autre parti suscite en moi plusieurs doutes et questions.
    Faire table rase de 30 ans d'efforts consacrés à construire une structure, la faire connaître et en soutenir la puissance contre vents et marées, c'est très très absolu comme conviction dévastatrice!L'étaspisme du P.Q. nous déplaît, certes, mais pourquoi refuser de travailler à l'éliminer de l'intérieur? D'autre part, la coalition nécessaire à l'atteinte de l'objectif ne sera pas plus facile à constituer dans un autre parti. Car ici il faut bien distinguer les facteurs circonstanciels et structurels qui composent les difficultés électorales actuelles du Parti Québécois. Les arguments de la cocaine et de l'inexpérience de Boisclair ne doivent pas nous empêcher de réaliser que le Québec n'est pas prêt à donner autant de responsabilités et de visibilité à un homosexuel. Boisclair (qui d'ailleurs mène une bonne campagne) n'est pas responsable à lui seul des lubies de notre société non plus que de la formidable mauvaise foi de cet homme qui a pour nom Jean Charest, non plus que du cynisme croissant des électeurs eux-mêmes. Je dis de même que l'étapisme n'est pas seul en cause. Qui n'a pas songé que l'électorat québécois puisse suivre actuellement (une fois de plus, et de trop en ce qui me concerne) le vent de droite qui souffle dans d'autres sociétés? La situation actuelle est le résultat de l'interaction d'un ensemble de causes complexes et pas de 2 ou 3 facteurs simples.Le P.Q. n'est pas un rafiot pourri. Il demeure nôtre et c'est à nous qu'il incombe d'avoir la maturité nécessaire pour y défendre nos points de vue. Il n'y aura pas d'indépendance sans coalition et les dilemmes qui nous confrontent resteront les mêmes dans une autre structure politique vouée à l'avènement de l'indépendance. Le jeu de la division, laissons-en l'odieux à Françoise David! Sinon, il y aura, à terme, Québec Solidaire, le P.Q. actuel voué à l'étapisme et un nouveau 'Rassemblement pour l'indépendance nationale'. D'autres encore voudront une couleur particulière à leur projet et fonderont le 'Parti indépendantiste morcelé' et que sais-je encore!Ni le P.Q., ni le projet ne sont en péril: perdre une élection PROVINCIALE nous permettra de réaliser que:
    1) c'est un choix d'image et non de fond que les militants ont fait en élisant M. Boisclair;
    2) la panique est mauvaise conseillère quand il s'agit de comprendre l'état d'esprit des électeurs;
    3) que la route vers l'indépendance est longue et qu'il faut se garder de tout balancer faute d'avoir pu canaliser nos doutes vers une réflexion constructive;
    4) il est facile de reprocher aux Québécois un manque d'envergure et de vision pour ignorer notre propre impulsivité et manque de persévérance;
    5) il ne faut pas nous abandonner au désespoir en nous mettant à nous diviser entre purs et durs, selon les catégories simplistes inventées par nos adversaires (incluant les 'savants' journalistes à l'emploi des médias fédéralistes) justement pour semer la discorde dans la coalition indépendantiste!