Le Parti québécois cherche à faire plus de place aux non-membres

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Gaudreault veut transformer le PQ en Parti vert


Le Parti québécois (PQ) pourrait bientôt devenir la première formation politique au Québec à permettre aux non-membres de choisir son prochain chef. Les quelque 400 délégués réunis en congrès extraordinaire à Trois-Rivières ont décidé samedi de conserver dans leurs statuts une disposition jamais utilisée qui laisse le choix au parti.


« Ceux qui ont fait ça dans les pays comme la France et en Grande-Bretagne sont capables de lever des armées de personnes parce qu’ils ont pogné des données de gens qui sont sympathisants, puis après, ils l’ont amené à la victoire en 2012 », a plaidé le secrétaire national, Jocelyn Caron, en faisant référence à la primaire ouverte qui avait porté François Hollande comme candidat présidentiel socialiste à l’époque.


Les militants ont rejeté deux propositions contraires, l’une qui aurait permis aux sympathisants de voter lors de la course à la direction et l’autre qui leur aurait interdit. Ce sera à l’instance formée de l’exécutif national du parti, de l’aile jeunesse et des présidents régionaux de trancher. Ces derniers auront un droit de veto en groupe.


L’ex-syndicaliste Marc Laviolette s’oppose l’idée de donner le droit de vote aux sympathisants.


« Les faire voter pour le chef, alors que c’est la décision la plus importante que les membres ont à prendre, ce n’est pas rien, a-t-il affirmé en mêlée de presse. Quand on dit que les membres, c’est la colonne vertébrale du parti, là c’est comme si la tête ne reposait pas sur les membres. »


Ces sympathisants devront-ils payer, remplir un formulaire et donner leurs coordonnées ? Ces questions demeurent à être déterminées. 


Même si les règles de la course à la direction ne seront connues qu’en février 2020, quelques intéressés ont déjà commencé à frayer avec les militants. Le député Sylvain Gaudreault, qui a multiplié les mêlées de presse au cours des dernières semaines, y songe sérieusement. « Il faut clairement que le Parti québécois soit le parti qui mette la lutte contre la crise climatique au sommet de ses priorités et qu’il soit le parti le plus identifié là-dessus », a-t-il indiqué.


L’avocat Paul St-Pierre Plamondon, qui avait produit le rapport « Oser repenser le PQ », a dit vouloir « écouter les militants et voir la dynamique » pour alimenter sa réflexion. L’historien Frédéric Bastien, qui propose de forcer une nouvelle négociation constitutionnelle, poursuit sa réflexion. Il veut que l’impact culturel de l’immigration fasse partie des enjeux abordés durant la course.


Blanchet galvanise les péquistes


Plus tôt dans la journée, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a fait une apparition-surprise pour redonner espoir aux troupes péquistes. Si son parti a réussi à « quitter les soins palliatifs » en triplant son nombre de députés à Ottawa, le PQ pourra aussi y parvenir à condition de revoir sa façon d’aborder le projet souverainiste, a-t-il fait valoir dans son discours. Il a été accueilli en héros par les militants qui se sont spontanément levés pour l’ovationner à son entrée dans la salle.


« Et si on abandonnait cette étrange idée que si les gens disent non ou peut-être, il faut juste crier plus fort pour qu’ils disent oui », a-t-il déclaré en déclenchant quelques rires.


À l’instar du Bloc québécois il y a un an, le PQ s’est lancé dans un exercice de refondation après sa déconfiture à l’élection québécoise de 2018 qui a porté la Coalition avenir Québec (CAQ) au pouvoir. Il était alors passé de 28 à 10 députés, puis à 9 quelques mois plus tard après le départ Catherine Fournier qui siège désormais comme indépendante.


M. Blanchet estime que le PQ pourrait s’en sortir « beaucoup mieux » que son petit frère bloquiste. « Je pense que le Parti québécois n’a jamais atteint le niveau de difficulté qu’a affronté le Bloc, a-t-il remarqué. Reculons de deux ans et on va se rappeler des souvenirs qu’on va essayer de ne pas avoir trop souvent à l’esprit. »


Le Bloc québécois, alors sous la gouverne de Martine Ouellet, luttait pour sa survie. Une majorité de députés avait claqué la porte et réclamait la démission de la chef. Le parti fédéral était divisé en deux factions : d’un côté, les dissidents qui voulaient prioriser la défense des intérêts du Québec et, de l’autre, ceux qui restaient fidèles à Mme Ouellet et qui voulaient promouvoir l’indépendance sur toutes les tribunes.


M. Blanchet a rappelé en mêlée de presse que son parti avait dû refaire son exercice de refondation en « 8-9 mois » tandis que le PQ a plusieurs années devant lui pour y parvenir.


Les délégués péquistes devront se prononcer dimanche sur la nouvelle déclaration du parti qui remet l’indépendance du Québec à l’avant-plan en stipulant que son « action politique » doit se concentrer « sur la fondation d’un pays, non pas sur la gestion ordinaire d’une province ». Est-ce donc dire que Martine Ouellet avait raison ?


« Je ne pense pas que Mme Ouellet ait eu tort sur le fond, a affirmé le chef bloquiste. Je pense que la promotion de l’idée d’indépendance dans ma tête doit passer par dire aux gens […]si le Québec était souverain demain matin, vous voudriez que ce soit quoi ce pays-là ? »


« Oui, elle a raison à bien des égards, a reconnu à son tour le chef parlementaire péquiste, Pascal Bérubé. Ce n’est pas la seule, mais il y a la façon de faire. Je pense que, d’abord, que ce soit le quoi avant le qui, donc, le contenu avant la personne qui va diriger notre parti, c’était une décision judicieuse. »


La déclaration du parti soumise aux militants définit ses valeurs fondamentales : la liberté, la justice et l’équité, le nationalisme et l’environnement. Ils ont rejeté l’ajout de la laïcité samedi par une faible marge. Ils seront également appelés à adopter les nouveaux statuts de leur formation dimanche.




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