Le Parti populaire du Canada (PPC), la formation politique de Maxime Bernier, a montré la porte à un organisateur de la région de St. Catharines, en Ontario, après avoir découvert son lourd passé. Au PPC, on affirme avoir été trompé et que la vérification d'antécédents n'avait pas permis de déceler ses opinions haineuses, voire suprémacistes.
L'individu en question, Shaun Walker, a été reconnu coupable en 2007, en Utah, de crimes haineux, notamment d'avoir agressé un tenancier de bar d'origine hispanique, ainsi qu'un Autochtone.
M. Walker était à l'époque président national de l'organisation National Alliance, décrite, lors du jugement rendu deux ans plus tard par une cour d'appel fédérale américaine, comme une organisation suprémaciste blanche.
La National Alliance visait entre autres à « déclencher une guerre sainte raciale » pour « expulser les non-Blancs des États-Unis » et faire en sorte que le gouvernement américain soit « géré par les Blancs ».
D'abord condamné à sept ans et trois mois de prison, M. Walker a vu sa peine réduite à trois ans et un mois à la suite de la procédure d'appel, en 2009.
Après sa libération, M. Walker s'est installé en Ontario. Si ses messages Twitter sont protégés, son profil Facebook révèle entre autres qu'il apprécie le travail de Martin Cox, un musicien de rock néonazi. Cet artiste a entre autres publié un album chez Resistance Records en 2006, une maison de disques étroitement liée à la National Alliance.
Le site Internet de Resistance Records ne semble plus actif depuis 2017.
De son côté, le Southern Poverty Law Center (SPLC), une organisation américaine qui surveille entre autres les organisations et les individus extrémistes aux États-Unis, qualifie M. Walker de néonazi.
Dans un discours prononcé en 2005, et dont fait état le SPLC, M. Walker aurait déclaré qu'« Adolf Hitler est sans aucun doute le plus grand leader et philosophe du 20e siècle ».
Dans un bref courriel transmis à Radio-Canada, Martin Masse, porte-parole du PPC, confirme que M. Walker « était impliqué dans l'organisation à St. Catharines ».
« Les vérifications sur ses antécédents que nous avions faites n’avaient rien révélé au Canada et nous ne savions rien sur son passé aux États-Unis. Il ne nous avait également rien dévoilé en signant notre engagement à ne pas embarrasser le parti », a poursuivi M. Masse, avant de préciser que M. Walker « ne fait plus partie de l'organisation à compter [de jeudi] ».
Une série de controverses
Le PPC n'en est pas à sa première controverse relativement à des groupes aux propos controversés, voire carrément identifiés à l'extrême droite.
Au début de juillet, Maxime Bernier a été photographié en compagnie de membres d'un groupe ultranationaliste anti-immigration lors d’un événement partisan à Calgary.
Le cliché en question a été publié sur la page Facebook d'un homme se décrivant comme le président albertain de la branche canadienne du groupe Northern Guard, qui a été créé par des membres d'un autre groupe d'extrême droite, Les soldats d'Odin.
« Nous les décrivons comme un groupe antimusulman lié aux néonazis », mentionnait alors le directeur du Réseau canadien contre la haine, Evan Balgord, en parlant de Northern Guard.
Pour sa défense, M. Bernier avait affirmé qu'il ne connaissait pas les hommes sur la photo, qu'il était un « personnage public », et donc que plusieurs personnes souhaitaient être prises en photo à ses côtés.
Le porte-parole du PPC, Martin Masse, s'est lui-même retrouvé sous les feux des projecteurs, au début de l'année, en raison d'anciens écrits portant sur l'ex-politicien autrichien d'extrême droite Jörg Haider, notamment.
Son chef avait rétorqué que l'organisation à l'origine de cette dénonciation, le B'nai Brith, comptait un ancien candidat conservateur comme directeur général, et qu'il s'agissait donc d'une « campagne de salissage » contre sa formation.