En difficulté dans les sondages, le NPD fédéral a décidé ce week-end d’inclure dans sa plateforme électorale des promesses pour conquérir l’électorat québécois, et conserver ses acquis.
L’opération de charme du Québec entamée par Jagmeet Singh depuis son arrivée à la tête du NPD, en octobre, se poursuivra lors des prochaines élections, à en croire les positions adoptées par les militants en congrès jusqu’à aujourd’hui.
Les sympathisants de la seconde opposition à Ottawa ont choisi de ne pas débattre des propositions les plus controversées, comme celles sur l’opposition aux pipelines ou encore sur la condamnation d’Israël.
Par contre, plusieurs enjeux visant à faire les yeux doux aux électeurs de la province ont été acceptés, ce qui a grandement réjoui les députés québécois présents.
Cette stratégie s’explique parce que le Québec aura un rôle crucial dans l’issue de la prochaine élection, selon des conseillers du parti.
Jeter l’entente avec Netflix
Le congé de taxe accordé par le gouvernement Trudeau à la compagnie américaine Netflix a été taillé en pièces par le chef Jagmeet Singh, qui qualifie cette entente « d’un exemple d’inégalités » dans son principal discours, samedi.
« L’entente avec Netflix ne contient aucune garantie de contenu francophone, autochtone et autre. Elle ne garantit pas que nos acteurs et nos compagnies de production seront engagés », a dit en français M. Singh.
Il n’a pas répété cette prise de position en anglais.
L’accord entre le gouvernement du Canada et Netflix a été annoncé par la ministre du Patrimoine Mélanie Joly, en septembre. Il a provoqué une levée de boucliers au sein de l’Industrie culturelle du Québec.
Rouvrir la constitution pour inclure le Québec
Pour le NPD, le rapatriement de la constitution canadienne par le gouvernement fédéral en 1982 est une « erreur historique » qui devra être corrigée.
Les membres du parti ont voté vendredi pour appuyer « tout effort sérieux visant à reconnaître le caractère national du Québec et assurer son adhésion au cadre constitutionnel canadien. »
Cette position est bien différente de celle de Justin Trudeau, qui a rapidement fermé la porte à tout changement dans la loi suprême du pays, comme l’a demandé le premier ministre Philippe Couillard en juin.
« C’était très irrespectueux de la part de Justin Trudeau », croit la députée de Jonquière, Karine Trudel.
Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a lui-même pris le micro pour donner son appui à cette proposition, acceptée à forte majorité.
Revoir les accords avec les paradis fiscaux
Le NPD entend mener une bataille contre les ententes internationales qui permettent à de grandes entreprises d’économiser de l’impôt dans des pays au soleil, une proposition mise de l’avant par des militants du Québec.
Tous les accords conclus avec les paradis fiscaux seraient par exemple « renégociés » par un gouvernement du NPD. Le Journal a rapporté en février que le gouvernement Trudeau a signé de telles ententes avec deux paradis fiscaux des Antilles, Antigua-et-Barbuda et Grenade.
Le parti souhaite aussi serrer la vis aux multinationales, en leur demandant de démontrer qu’elles ont de réelles activités économiques dans les petits États qui offrent des rabais sur l’impôt.
Finalement, le NPD souhaite donner plus d’outils à l’Agence du Revenu du Canada (ARC) en lui accordant le droit de poursuivre les fraudeurs, et augmenter leurs pénalités.
Une seule déclaration de revenus, au Québec
Un gouvernement néo-démocrate permettrait aux citoyens du Québec de ne faire qu’une seule déclaration de revenus, à Revenu Québec.
Ce serait le gouvernement québécois qui serait ensuite responsable de verser la part d’impôt fédérale à Ottawa.
Un rapport d’impôt unique, comme ce qui existe dans les autres provinces, « renforcerait l’autonomie fiscale du Québec » et ferait économiser de l’argent aux contribuables, selon le NPD.
FORT APPUI AU CHEF DU PARTI
OTTAWA | Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a obtenu un vote de confiance clair lors du congrès de son parti, à Ottawa, samedi.
Les délégués présents lui ont réitéré leur confiance à 90,7 %.
Appuis
Lors de la course à la direction, M. Singh n’avait récolté l’appui que d’un peu plus de la moitié des membres de son parti (53,8 % des voix).
Même si l’avocat torontois ne dirige ses troupes que depuis cet automne, les règlements du NPD obligeaient la tenue d’un tel vote.
La question posée aux militants était : « devrait-on déclencher une course à la chefferie ? »
C’est un tel vote de confiance qui a provoqué le départ de l’ancien chef du parti, Thomas Mulcair, au printemps 2016. Il avait obtenu 48 % d’appuis.
Satisfait
« Nous allons construire un monde meilleur », a commenté Jagmeet Singh sous une pluie d’applaudissements, satisfait après l’annonce des résultats.
En guise de comparaison, Jack Layton a reçu 92 % d’appui de ses membres lors du congrès de 2006, et 89 % lors de celui de 2009.