«Le mythe du Québec interculturel» - Jack Jedwab

Le mythe de la rigueur intellectuelle

Symposium sur l’interculturalisme



Dans un texte d'opinion paru le 24 mai (lendemain de la Journée des patriotes) et intitulé «Le mythe du Québec interculturel», Jack Jedwab prétend que «l'idée d'un Québec qui pratique l'interculturalisme relève plutôt du mythe que d'une quelconque réalité». N'étant appuyé d'aucune étude ni d'aucune autre donnée scientifique, l'argumentaire de M. Jedwab se base essentiellement sur des sondages d'opinion, dont l'un d'eux, réalisé dans l'ensemble du Canada, relève que 20 % des francophones pensent que les contacts avec les cultures variées risquent d'affaiblir leur propre culture, en comparaison de 10 % chez les non-francophones.
Adhérant à ces données brutes sans les moduler à l'aune de la réalité québécoise, M. Jedwab passe sous silence dans sa démarche la posture fragile dans laquelle se trouve le français comme langue d'usage en Amérique du Nord, un fait qui ne peut pourtant échapper au lecteur le moins attentif du Devoir (ni même à celui habité de la plus mauvaise foi). M. Jedwab, qui ne précise pas non plus dans son billet l'objectif de son propos, est pourtant directeur général de l'Association d'études canadiennes (AEC), et ne peut raisonnablement donc pas, par la nature de sa fonction, ignorer cette réalité. Or, sur son site Internet, l'AEC se présente comme une association qui «initie et appuie des activités de recherche» et qui «sensibilise le public aux différents aspects de la réalité canadienne».
Force est de nous demander si Jack Jedwab est doté de la rigueur scientifique que devrait exiger le premier mandat de cette organisation, de même que d'une vue d'ensemble objective lui permettant de réaliser honnêtement le second.
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Éric Paquin - Montréal, le 24 mai 2011


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