« Vif et rusé, il réussit à se dégager rapidement et pourrait s'enfuir. Mais pas sans ses compagnons en danger de mort. Il rebrousse chemin, voit un Iroquois le mettre en joue, est plus rapide et l'allonge d'une seule balle. Tout de suite il est submergé par trois guerriers rendus fous furieux par l'exécution de leur capitaine. Jeté par terre, sans ménagement, il est roué de coups. Violemment soulevé du sol, il est ensuite dépouillé de tous ses vêtements. Quelques guerriers lui arrachent les ongles avec leurs dents tandis que d'autres mâchent le bout de ses doigts et les écrasent. Pour achever l'œuvre, un brave lui fiche un couteau au travers de la main droite. Le père Jogues et René Goupil subissent le même sort... »
C'est ainsi que le biographe Pierre Couture décrit l'une des péripéties de l'existence mouvementée de son grand ancêtre Guillaume Couture en Nouvelle-France. Il lui consacre une biographie romancée et crédible aux éditions XYZ, dans la collection « Les grandes figures ».
Pourquoi cette description cruelle ? Parce que c'est la vérité vraie du grand ancêtre de la famillle Couture et parce que cette première rencontre brutale avec les Iroquois décidera du destin de Guillaume Couture et, plus encore, de l'avenir de la Nouvelle-France.
Sans briser l'intérêt du récit, disons simplement que cette séance de tortures, et d'autres plus cruelles encore, permettront à Guillaume, d'être adopté par les Iroquois en raison de son courage, de maîtriser parfaitement leur langue et de devenir, en 1645, le principal négociateur (du côté des Iroquois !) de la signature du premier traité de paix entre les Français et les Iroquois. Rien que ça.
Il faut ajouter tout de suite pour donner une idée de l'envergure du personnage que ce Guillaume Couture sera le découvreur du lac Mistassini et qu'il prendra possession, au nom du roi de France, en 1663, de ce qui s'appelle aujourd'hui la baie de James. Ajoutons qu'en tant que capitaine de la milice de la Pointe-Lévis, il aidera sérieusement Frontenac à contenir les troupes de l'amiral Phips venus assièger Québec, en 1690. Tout ce qui précède est l'interprétation de Pierre Couture qui ne cache pas son admiration pour son grand ancêtre.
De Rouen à Québec
Parmi les ancêtres, il y a des discrets et des humbles, mais il y a aussi des géants, des personnages hors de l'ordinaire. Des héros méconnus. Le principal ancêtre des Couture, Guillaume, fait partie de cette race d'hommes. Ils sont rares. Sans eux, la Nouvelle-France aurait fait long feu.
Né en 1617, dans la paroisse de Saint-Godard, à Rouen, en Normandie, Guillaume Couture est le fils de Guillaume et de Madeleine Mallet.
À 20 ans, ce maître menuisier (ou charpentier), fait la rencontre de sa vie. Il s'appelle René Goupil. Il est chirurgien. Il aurait voulu plus que tout au monde entrer dans la Compagnie de Jésus. Malheureusement, il souffre de surdité et les jésuites, des missionnaires de choc, n'acceptent pas les sourds ni les muets. Alors il devient un militant, un recruteur et un soldat de l'armée des jésuites. Sa foi allumée séduit Guillaume Couture. À 20 ans, sa décision est prise. Il se « donne » aux Jésuites. Autrement dit, il devient, comme René Goupil, un missionnaire laïc.
Nous sommes en 1639-1640. Dans un an, Guillaume sera à Québec avec René Goupil. Dès son arrivée ici, il lègue à sa mère et à sa sœur, demeurées en France, tous les biens immobiliers qu'il a reçus en héritage de son père. Cet acte irrévocable sera enregistré devant Martial Piroube, commis au greffe de Québec.
Jacques Lacoursière cite le père Léon Pouliot, qui décrit ainsi la tâche de ceux qui se sont « donnés » aux Jésuites, comme l'a fait Guillaume Couture: « Les frères coadjuteurs, chargés des travaux domestiques, étaient trop peu nombreux pour répondre aux progrès constants de la mission. De plus, leur condition de religieux leur interdisait le port d'armes ; et il n'était pas prudent pour les missionnaires de rester sans défense en Huronie. Les « donnés », qui consacraient leur vie à la mission, mais sans émettre de vœux de religion, pouvaient, au besoin, faire le coup de feu. »
Le même Jacques Lacoursière recommande chaudement de lire le long article que lui consacre l'historien Raymond Douville dans le deuxième tome du Dictionnaire biographique du Canada (DBC). Douville confirme qu'il se soit rendu au lac Mistassini, mais dément le fait qu'il ait pu atteindre la baie James. Il affirme en outre que personne connaît le rôle qu'il a pu jouer lors de l'attaque des troupes de Phips sur Québec. Ce qui n'empêche pas l'historien de qualifier Guillaume Couture de « héros des premiers temps de la colonie ».
On ne connaît pas la date exacte de son arrivée à Québec. Ce qu'on sait c'est que, sitôt débarqué, on l'envoit aider à la construction de Sainte-Marie-aux-Hurons, la mission des jésuites à Sault-Sainte-Marie. Maître charpentier de son métier, il en sera le maître d'œuvre. C'est là, selon son biographe, qu'il s'initia à l'apprentissage de la langue huronne et aux mythes amérindiens.
Il revient passer l'hiver 1641-1642 à Québec. Puis. au printemps, il repart en mission. C'est en se rendant à Sainte-Marie-aux-Hurons en compagnie du père Isaac Jogues et de René Goupil, un « donné » comme lui, qu'il sera fait prisonnier et torturé par les Iroquois.
Lors de l'attaque, Guillaume avait tué un des chefs. Selon la coutune, la famille de ce dernier l'adopte, surtout s'il a démontré du courage comme ce fut le cas.
Toujours est-il que Guillaume Couture reste captif des Iroquois, durant quatre ans, et qu'il se fait respecter. Selon les Relations des Jésuites, « Les Iroquois le tenaient parmi eux en estime et réputation comme un des premiers de leur nation ».
Il aurait été, toujours selon les Relations, « le premier des Français à conquérir une grande influence en Iroquoisie ». Il jouera un rôle important dans la pacification définitive des Iroquois.
Les Couture
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