Très impopulaire, le gouvernement Charest a pourtant mis en oeuvre quatre grands projets: le Conseil de la fédération, le libre-échange avec l'Europe, le programme d'infrastructures et le Plan Nord.
PHOTO: JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE
Françoy Roberge
Journaliste et communicateur de carrière, l'auteur anime deux émissions musicales sur les ondes de Radio-Ville-Marie.
***
On lit et entend que le gouvernement Charest atteint des records d'impopularité et que la population, désabusée de la politique, ne sait plus à quel parti, groupe, tendance ou sauveur se raccrocher. Les médias traitent avec une bonne dose de scepticisme, voire de mépris, le premier ministre du Québec et son gouvernement.
Pourtant, Jean Charest et les gouvernements successifs qu'il a dirigés ont été parmi les plus productifs de l'histoire du Québec. Ils ont mis en oeuvre quatre grands chantiers ou réalisations d'une portée considérable pour le Québec et le Canada aux plans de l'organisation politique de la fédération canadienne, de l'essor économique, de la politique internationale du Québec et de l'occupation du territoire québécois.
1. Né en 2003, le Conseil de la fédération, qui regroupe les premiers ministres des provinces et territoires, a été créé à l'instigation de M. Charest, l'un des rares premiers ministres du Québec capables de recueillir la confiance et l'appui de ses homologues. Le Conseil est le lieu où s'établissent des consensus entre les provinces, permettant de faire contrepoids au gouvernement fédéral, qui a souvent fait peu de cas de l'autonomie garantie aux provinces dans la constitution. Il sert d'incubateur au réveil de la volonté autonomiste des provinces. Le Conseil n'est pas étranger à la manifestation de cette volonté à l'égard du pouvoir de dépenser du fédéral ou de son projet de créer un organisme national de surveillance et de réglementation des marchés financiers.
2. On doit à Jean Charest l'audacieuse idée de faire conclure un accord de libre-échange entre l'Europe et le Canada. Bien reçue de l'UE, notamment grâce à un solide appui de la France, l'idée a été reprise par le Canada et un tel accord devrait être conclu dans les prochains mois.
Un tel accord pave la voie à une forte croissance des échanges économiques entre le Canada et l'Europe, grâce à une forte augmentation des exportations de biens manufacturés canadiens vers l'Europe, un marché plus sophistiqué que celui de la Chine. Un tel accord laisse entrevoir une forte croissance des investissements d'entreprises européennes au Canada et canadiennes en Europe. Un pari audacieux, mais réaliste.
Le gouvernement Charest a aussi paraphé avec la France un accord majeur sur la libre circulation de la main-d'oeuvre et des professionnels.
3. Depuis un demi-siècle, le Québec laissait dépérir ses infrastructures, assumant ainsi une dévaluation du patrimoine collectif des Québécois et privant son appareil économique d'une partie des avantages que constituent des infrastructures saines et efficaces pour l'essor et le dynamisme des entreprises, pour le tourisme et les échanges entre les régions.
Ce programme de 75 milliards de dollars a permis au Québec de résister mieux que la quasi-totalité des économies industrielles à la crise économique et d'en sortir avec un bilan net de création d'emplois.
4. Le Plan Nord est le plus important développement du Québec depuis la Révolution tranquille. Le gouvernement Charest ouvre ainsi la porte à l'essor d'activités économiques qui doubleront le PIB du Québec au cours des prochaines décennies, tout en assurant l'occupation de cet immense territoire, habité par 120 000 autochtones.
Outre les prodigieuses ressources minières, on peut y envisager des projets considérables, dans le domaine énergétique, touristique et forestier. En repoussant cette «frontière», le Québec peut espérer, tout en conservant 50% du territoire pratiquement vierge de toute activité commerciale ou industrielle, étendre les limites de la forêt nordique, créer des pôles touristiques et holistiques, et favoriser le dynamisme et l'essor des villes situées «au Sud du Nord».
Au moment où l'on s'acharne à décrire la désaffection du public pour le gouvernement Charest, nous devrions au moins reconnaître ses réalisations considérables.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé