Oubliez la langue de bois du gouvernement du Québec, de l'Office québécois de la langue française (OQLF) et de la commission Bouchard-Taylor, nous dit le statisticien et expert des questions linguistiques Charles Castonguay dans Avantage à l'anglais! Dynamique actuelle des langues au Québec. La vérité, c'est que le français recule au Québec.
Ce que nous apprend Castonguay, en effet, avec force chiffres et explications à l'appui, c'est que «l'unilinguisme anglais rapporte plus que l'unilinguisme français sur le marché du travail actuel au Québec», que le français assimile les immigrés à faible revenu alors que l'anglais domine dans l'assimilation des immigrés à revenu élevé et que les francophones, dans les grandes entreprises, sont aussi nombreux à employer l'anglais comme langue principale de travail que le français.
Castonguay nous apprend aussi que, si la loi 101 assure un bon apprentissage du français aux immigrés non francophones de moins de 15 ans, elle est loin d'obtenir d'aussi bons résultats auprès des plus âgés, qui constituent trois immigrants sur quatre. «La moitié des immigrants adultes qui arrivent à Montréal sans connaître le français, note-t-il, ne l'apprennent jamais assez bien pour soutenir une conversation.»
Plus de 50 % des étudiants allophones s'inscrivent au cégep anglais. Or il existe un lien direct entre la langue des études à ce niveau scolaire et la langue de travail qui, elle, ensuite, influence grandement l'adoption d'une langue d'usage à la maison. «Pour un allophone, donc, explique Castonguay, étudier en français prépare à travailler en français. Et travailler en français dispose à adopter le français plutôt que l'anglais comme nouvelle langue d'usage à la maison. Et à élever ses enfants éventuels dans la même langue, contribution insigne à l'avenir du français au Québec. En revanche, étudier en anglais prépare à suivre une tout autre filière.»
Une étude de madame Elke Laur, discrètement parue sur le site Web de l'OQLF à l'été 2008, démontre que, «en moyenne, une personne va être évaluée plus favorablement si elle nous parle en anglais». Preuve, donc, que, en 2008, au Québec, «l'anglais détient encore à Montréal un statut social supérieur à celui du français».
Pendant ce temps, le gouvernement du Québec, responsable de l'application de la Charte de la langue française, qui affirme que «le français doit devenir la langue commune de tous les Québécois», et ses chercheurs serviles nous répètent que tout va bien. «Il y a longtemps, conclut avec raison Castonguay, que la langue officielle du Québec est devenue la langue de bois.»
Y a-t-il encore des défenseurs du Québec français dans la salle? Il serait grand temps qu'ils se fassent entendre et respecter.
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Collaborateur du Devoir
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Avantage à l'anglais !
Dynamique actuelle des langues au Québec
Charles Castonguay
Préface de Pierre Dubuc
Renouveau québécois
Montréal, 2008, 152 pages
Le français recule
La dernière étude de Charles Castonguay ne laisse aucun doute
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