La Chambre des représentants des États-Unis a approuvé mercredi le blocage d’une vente d’armes d’une valeur de plus de 8 milliards de dollars à l’Arabie saoudite et à d’autres alliés, un revers pour le président Donald Trump qui devrait maintenant utiliser son droit de veto.
Les élus, dont beaucoup se sont dits horrifiés par l’assassinat l’an dernier du journaliste saoudien Jamal Khashoggi par des agents de son pays, ainsi que par le conflit au Yémen, ont voté pour une série de mesures visant à empêcher cette vente controversée d’armes aux Saoudiens et à leurs alliés jordaniens et émiratis.
« Quand on voit ce qui se passe au Yémen, il est important que les États-Unis prennent position », a déclaré au moment du vote Eliot Engel, élu démocrate à la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants.
Les résolutions bloquant ces 22 ventes d’armes sont déjà passées au mois de juin par le Sénat, contrôlé par les républicains, et doivent maintenant aller à la Maison-Blanche.
Le président Trump devrait y apposer un veto, le troisième de sa présidence. Il faudrait alors aux deux chambres du Congrès une écrasante majorité des deux tiers pour outrepasser ce veto.
Cette option est toutefois peu probable, car elle nécessiterait qu’une cinquantaine d’élus qui n’ont pas voté le blocage mercredi choisissent de voter contre le veto présidentiel.
« Pas ignorer les violences »
Le numéro deux républicain de la commission des Affaires étrangères de la Chambre, Michael McCaul, a critiqué mercredi le résultat « dangereux » du vote de la Chambre, mettant en avant « le déploiement des tentacules iraniens » dans le Moyen-Orient.
« Si nous les laissons y parvenir, l’instabilité sera de mise et la sécurité de nos amis, comme Israël, sera menacée », a-t-il déclaré dans un communiqué.
La vente d’armes avait été autorisée fin mai par l’administration Trump, qui avait contourné le Congrès en invoquant une situation d’urgence provoquée par l’Iran.
Le Congrès américain avait déjà approuvé début avril une résolution exhortant le président Trump à cesser toute assistance à la coalition menée par l’armée saoudienne, qui intervient depuis 2015 dans la guerre au Yémen contre les rebelles Houthis soutenus par Téhéran, ennemi commun de Riyad et Washington.
Depuis l’intervention de la coalition, le conflit a fait près de 10 000 morts et provoqué « la pire crise humanitaire au monde », avec des millions de personnes au bord de la famine, selon l’ONU.
Le rôle de l’Arabie saoudite dans les exactions commises contre les civils yéménites est régulièrement dénoncé par des organisations humanitaires et des responsables politiques du monde entier.
« Nous ne devrions pas ignorer les violences et les massacres commis contre les civils », a déclaré le représentant démocrate Eliot Engel mercredi.
De nombreux parlementaires américains, même dans les rangs républicains, considèrent également le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane comme le donneur d’ordre du meurtre de Jamal Khashoggi. Un rapport de l’ONU a estimé qu’il était « inconcevable » que l’assassinat ait pu avoir lieu sans que le prince n’en ait été informé.
Une accusation que le président Trump, lui, n’a jamais portée, soucieux de préserver les liens américains avec le puissant royaume wahhabite.