Le confort et la résignation

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Le défaitisme au menu

J’écoutais, samedi, au téléjournal de Radio-Canada, Jean-François Lisée commenter avec jubilation le sondage Léger Marketing qui le plaçait au deuxième rang dans la course à la chefferie.
« Prendre 10 points de pourcentage en quelques semaines, c'est parce que ma position est très claire dans le fait qu'on ne veut pas de référendum dans un premier mandat. Les Québécois n'en veulent pas, il faut les écouter. Je pense que les électeurs péquistes, aussi, n'en veulent pas. Je pense que c'est apprécié, cette écoute-là », déclarait-il à la caméra.
J’avais envie de vomir! J’imaginais la mine réjouie de Justin Trudeau, Thomas Mulcair, Philippe Couillard, Jean-Marc Fournier en écoutant ce reportage.
Au lendemain du référendum de 1980, Denys Arcand a tourné Le confort et l’indifférence. Si un nouveau film devait être tourné, il s’intitulerait Le confort et la résignation.
En voyant Lisée commenter le sondage, je me suis rappelé les propos récents de Pierre-Alain Cotnoir, le sondeur du Parti Québécois, qui distillait, dans une série de commentaires, le défaitisme et la démobilisation la plus totale.
Selon Cotnoir, « Comment des gens sensément intelligents peuvent-ils s'imaginer qu'en prônant une démarche misant sur une forme d'évangélisation politique, on puisse en quelques mois ou même quelques années amener une part substantielle de l'électorat à y souscrire? »
Selon lui, rien ne sert de faire du « prosélytisme », de « prendre le bâton du pèlerin », de faire du « porte à porte », de « tenir des assemblées de cuisine », de mettre des « posts sur twitter ou Facebook », de « moderniser l’argumentaire ».
Et il reprend, bien entendu, la célèbre image de Claude Morin, selon laquelle « ce n’est pas en tirant sur une fleur qu’elle va pousser plus vite ».
Mais, diable, est-ce que cela veut dire qu’il faut la laisser se faire étouffer par la mauvaise herbe, par la chienlit fédéraliste?!
Comment Lisée et Cotnoir pensent-ils que nous en soyons arrivés à ce que l’appui à la souveraineté tourne aujourd’hui autour de 40% dans les sondages, si ce n’est parce que, depuis une cinquantaine d’années, des militantes et des militants ont « pris le bâton du pèlerin », ont fait du « porte à porte », ont tenu des « assemblées de cuisine »?
Bien sûr que c’était du « prosélytisme », de « l’évangélisation politique » ou dit plus correctement du militantisme. Y a-t-il une cause au monde qui a pu progresser sans le dévouement et l’abnégation de dizaines de milliers d’« évangélisateurs »?
Au moment où le mouvement souverainiste se donne – enfin ! – un institut de recherche pour moderniser son discours, pour répondre aux peurs propagées par les fédéralistes, des « leaders » souverainistes nous demandent de déposer les armes.
Les souverainistes doivent bien mesurer les conséquences d’une telle capitulation, car c’est bien de cela dont il s’agit.
Ils deviendront des « orphelins politiques ».
(Notons que ceux qui se proclamaient tels, avec Paul St-Pierre Plamondon à leur tête – un fédéraliste déclaré – ont trouvé une famille d’accueil dans le PQ de Jean-François Lisée.)
À défaut d’un Parti Québécois résolument indépendantiste, les souverainistes ne pourront trouver refuge dans Québec solidaire. À son dernier congrès, l’aile fédéraliste a triomphé en faisant adopter une résolution sur une constituante ouverte, qui pourrait déboucher sur un fédéralisme renouvelé.
Reste Option nationale, qui garde le fort. Mais ce serait un retour au RIN.
Si nous ne voulons pas de ce recul considérable, les indépendantistes doivent se retrousser les manches pour empêcher de se faire déposséder de leur parti par les marionnettes des maisons de sondage.
En passant, dans le reportage de Radio-Canada sur l’assemblée de Sherbrooke, dont il est fait mention au début de cet article, des quatre candidats ayant pris la parole, une seule n’a pas eu le privilège de voir son nom mentionné et ses propos rapportés : Martine Ouellet.
Simple hasard, bien entendu!


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