Il devient de plus en plus évident que c'est vers le Parti conservateur du Canada, et non plus vers les libéraux, que sont dirigées les critiques du Bloc québécois. De passage à Québec, hier, Gilles Duceppe a réservé le plus clair de ses attaques à Stephen Harper, à qui il a de nouveau demandé des comptes à propos d'Option Canada.
C'est une entrevue accordée à The Gazette par le conservateur Peter G. White, ex-chef de cabinet du premier ministre Brian Mulroney, qui a permis au chef bloquiste de poursuivre son offensive.
M. White, président du Conseil pour l'unité canadienne (CUC) en 1995, a en effet admis au quotidien anglo-montréalais qu'Option Canada - créature du CUC - "était clairement une façon d'acheminer de l'argent au camp du Non pendant la campagne référendaire québécoise".
M. White a également déclaré à The Gazette qu'Option Canada avait été créé après que le CUC eut été avisé par le fisc qu'il perdrait son statut d'oeuvre caritative (et les avantages qui s'y rattachent) s'il se lançait dans des activités partisanes.
Dans un livre paru cette semaine, Normand Lester et Robin Philpot ont avancé que le camp du Non a reçu illégalement d'importantes sommes d'argent par le truchement d'Option Canada, qui aurait servi de paravent.
M. Duceppe s'est servi des révélations de M. White lors de ses deux sorties publiques de la journée, la première au siège social du Réseau de transport de la Capitale, la seconde en soirée devant quelques centaines de partisans réunis au Hilton.
Admettant que son adversaire n'a selon toute vraisemblance aucun lien direct avec cette histoire, le chef bloquiste s'en prend néanmoins à son entourage. "Je ne dis pas que M. Harper a été mêlé à ça, mais il est chef d'un parti dont sont membres Peter G. White et le sénateur (Pierre-Claude) Nolin, qui est son organisateur en chef (et qui aurait été à l'origine du love-in d'octobre 1995, dont la légalité du financement est mise en doute). Ils l'accompagnent dans l'autobus, et il doit intervenir auprès du sénateur et de M. White pour savoir ce qui s'est passé."
"M. Harper fréquente des gens qui sont directement impliqués dans la violation de la démocratie québécoise. Est-ce que vous avez entendu Stephen Harper s'excuser pour ce qui s'est passé ? Est-ce que vous l'avez entendu s'engager à faire la lumière sur ces questions ?" a ajouté M. Duceppe en soirée.
Notons par ailleurs que ce dernier a également repris quelques-unes des critiques que martelait jusque-là le chef libéral Paul Martin à l'endroit de M. Harper : "Qu'il se lève, le vrai Stephen Harper et qu'il nous dise comment il va réduire le déséquilibre fiscal (...) combien il va encore donner aux pétrolières, à quelles conditions va-t-il embarquer le Canada dans le projet américain de bouclier antimissiles (...) et que veut-il faire avec l'accord de Kyoto ?"
Parmi les quelques salves visant les libéraux, M. Duceppe a mis au défi Hélène Scherrer, candidate dans Louis-Hébert, de "nous dire si elle ignorait l'existence d'Option Canada. (...) Elle doit nous dire si elle condamne ce scandale et les ministres libéraux impliqués".
Lors de sa visite des bureaux du RTC, M. Duceppe était accompagné d'un seul de ses candidats dans la région, soit Bernard Cleary. M. Duceppe fera encore campagne dans la région de Québec aujourd'hui et sera en Beauce demain.
Il s'agit de la deuxième fois en trois visites dans la région que M. Duceppe fait des sorties publiques en compagnie de M. Cleary. Ce dernier nie néanmoins qu'il faille en déduire que sa campagne bat de l'aile.
"Je n'ai pas de boule de cristal. La seule chose que je peux vous dire, c'est que je rencontre beaucoup de monde et que ça va encore mieux qu'aux dernières élections. (...) Je suis très, très optimiste", a affirmé M. Cleary.
Avec la Presse canadienne
Harper dans la mire de Duceppe
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