Le Canada s’énerve !

Autrement dit, tout est bon, dans le contexte d’un gouvernement minoritaire, pour empêcher le Parti Québécois d’accéder au pouvoir.

Québec 2007 - Analyse

À l’approche de l’élection québécoise, les commentateurs politiques du Canada anglais commencent à s’énerver. [John Ibbitson du Globe and Mail->5482] trouve des vertus à une course à trois et à la perspective d’un gouvernement minoritaire. Il spécule dans l’édition du 23 mars sur les possibilités de tenir le Parti Québécois à l’écart du pouvoir même s’il est le parti qui remporte le plus de sièges lundi prochain.
Après avoir rappelé que la tradition veut que le gouvernement sortant cède le pouvoir au parti ayant décroché le plus de sièges - il cite à cet effet Pierre Trudeau en 1979 et Paul Martin en 2006 - John Ibbitson argumente que cette règle peut ne pas s’appliquer. «Si le premier ministre sortant, écrit-il, croit qu’il peut survivre à un vote de confiance sur le discours du Trône, il a le droit - et même LE DEVOIR (nous soulignons) - de rester en place. »
Ainsi, Ibbitson écrit que, même s’il finit en seconde place après le Parti Québécois, Jean Charest «pourrait et DEVRAIT» (nous soulignons) tenter de former un gouvernement avec l’appui de l’ADQ.
Il en rajoute. Même si le Parti libéral terminait en troisième place derrière le Parti Québécois et l’ADQ, Ibbitson soutient que Jean Charest devrait déclarer à la Lieutenant-gouverneur son intention de soutenir l’ADQ et demander à cette dernière d’inviter Mario Dumont à former un gouvernement, même s’il est arrivé au deuxième rang.
Autrement dit, tout est bon, dans le contexte d’un gouvernement minoritaire, pour empêcher le Parti Québécois d’accéder au pouvoir.
Si jamais ces manoeuvres échouent, Ibbitson se console avec le fait que le gouvernement du Parti Québécois ne pourrait pas déclencher de référendum, faute de pouvoir compter sur une majorité à l’Assemblée nationale, Mario Dumont ayant déclaré qu’il n’appuierait pas une telle initiative péquiste.
Même le concept d’«autonomie» les fatigue
Son [collègue Jeffrey Simpson->5487] du même journal est encore plus pessimiste. En décortiquant le programme de Mario Dumont, il se rend compte qu’il ne considère pas les Canadiens des autres provinces comme des «collègues citoyens», mais comme des «partenaires privilégiés». Il note que cette expression est tout à fait semblable à celle de «relations privilégiées» utilisée pour décrire les relations entre le Québec et la France.
Le concept d’«autonomie» utilisé par Mario Dumont n’est pas non plus sans l’inquiéter. Que Dumont parle d’«État autonome du Québec», de relations «d’égal à égal» avec Ottawa, de «limiter le pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral» énerve Simpson.
«Si Dumont détient la balance du pouvoir pour un gouvernement péquiste ou libéral, les pressions s’accentueront de plus en plus sur le « fédéralisme d’ouverture » de Stephen Harper afin qu’il « ouvre » son chéquier», écrit Jeffrey Simpson, un journaliste, rappelons-le, qui n’a jamais reconnu la réalité du déséquilibre fiscal.
Simpson peut s’appuyer sur un sondage paru le même jour dans le Globe and Mail selon lequel 55% des Canadiens croient que c’est le Québec qui a bénéficié le plus du dernier budget fédéral. De plus, 67% des Canadiens affirment que le gouvernement fédéral devrait intervenir dans des champs de juridiction provinciale !
Autrement dit, même avec un gouvernement minoritaire, il y a un affrontement en vue. Dans ces conditions, il vaudrait sans doute mieux se doter d’un gouvernement péquiste majoritaire et régler la question une fois pour toutes en réalisant la souveraineté !
L'aut'courriel n° 225, 23 mars 2007


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