Pour l’équipe de Denis Coderre, la victoire de Martin Cauchon dans le bras de fer pour la candidature dans Outremont est celle de Power Corp., de Jean Chrétien et de son poulain, Bob Rae.
Bob Rae a été candidat à la direction du PLC au congrès de 2006. Martin Cauchon était son lieutenant. Le clan Chrétien a dû se rabattre sur Stéphane Dion pour bloquer Michael Ignatieff au dernier tour de scrutin puisque Rae avait été éliminé au tour précédent.
Originaire de Charlevoix, Martin Cauchon est un protégé de longue date de la famille Desmarais de Power Corp. La fille de Jean Chrétien est par ailleurs mariée à un fils Desmarais et le frère de Bob Rae, John, est vice-président de Power Corp. La boucle est bouclée.
En 2008, Bob Rae a fait une nouvelle tentative pour prendre la tête du PLC après la démission de Stéphane Dion. Il a été forcé de battre en retraite en raison de la crise politique qui sévissait alors et de laisser le champ libre à Michael Ignatieff. Mais ce clan prépare déjà activement l’après-Ignatieff.
Or ce dernier vient de sacrifier son plus vaillant partisan au profit d’un adversaire dans les luttes internes au PLC. Il a fallu que les joutes d’influence soient féroces dans les coulisses, déduit-on.
Denis Coderre avait en effet été l’organisateur de la campagne de Michael Ignatieff, en 2006. Il s’est ensuite chargé de le faire connaître à travers le Québec. Il a restructuré l’organisation; il a relancé les associations de comté; il a recruté des candidats sérieux. Il était rendu à 68 sur 75. Il a aussi tenu des activités de financement. Denis Coderre a travaillé à se défoncer ces dernières années pour « monter » Michael Ignatieff.
Et le voilà désavoué à la veille d’élections générales par celui à qui il a tant donné. C’est ingrat au point d’être incompréhensible, sinon que des forces occultes sont intervenues, beaucoup plus puissantes que la seule garde rapprochée du chef à Toronto.
Dommages collatéraux
Si Michael Ignatieff a mal évalué l’ampleur de la crise qu’il allait provoquer au sein de son parti au Québec, il ne mérite tout simplement pas d’être chef. Les dommages collatéraux sont déjà énormes. L’organisation est complètement décapitée à la suite de cinq démissions en cascade. Des candidats remettent en question leur décision et des désistements sont à prévoir. Le Bloc québécois fera ses choux gras de l’humiliation imposée de Toronto à Denis Coderre.
Ce dernier avait en plus tassé, parfois brutalement, d’anciennes têtes d’affiche du PLC, afin de changer l’image du parti. Certaines de celles-ci voudront revenir, ravivant les vieilles guerres intestines.
Tout cela sans aucune assurance que Martin Cauchon pourra battre le néo-démocrate Thomas Mulcair dans Outremont. M. Mulcair est un redoutable bagarreur.
Le clan Power-Chrétien-Rae a amené Ignatieff au bord du précipice, de façon machiavélique.
La fin d’un rêve
Denis Coderre a entretenu des velléités, en 2006, d’être lui-même candidat à la direction du PLC. Il a laissé tomber après avoir mené des consultations sur l’intérêt qu’il présentait.
Une candidature dans une course à la direction d’un grand parti national est extrêmement coûteuse. Denis Coderre saura sans équivoque que le pouvoir de l’argent et du grand establishment libéral ne sera jamais de son côté, dans l’après-Ignatieff.
Prochain épisode à Tout le monde en parle, dimanche.
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