Le débat qui s’engage sur les hausses de tarifs pour les divers services gouvernementaux déchirera les Québécois. La loi de la jungle s’installera.
Le sondage publié hier en donne déjà un bon aperçu. De vives luttes se dessinent entre groupes d’intérêt, sans compter la récupération que les défenseurs de grandes causes voudront en faire. Par exemple, les environnementalistes réclament déjà que le gouvernement Charest cible en priorité les sports motorisés (motoneige, VTT, etc.) et qu’il taxe davantage les voyages en avion pour réduire la consommation de carburant et la production de gaz!
Les Québécois sont évidemment opposés globalement, à 65 % en moyenne, à des hausses de tarifs, mais il est même amusant, jusqu’à un certain point, d’examiner les résultats à diverses questions spécifiques. Ainsi, à 75 %, les répondants au sondage s’opposent à des hausses du coût du permis de conduire, de l’immatriculation et des cotisations à l’assurance auto. Par contre, 79 % des Québécois appuient une augmentation des taxes sur le tabac, ce qui correspond aux pourcentages de non-fumeurs et de fumeurs.
Même phénomène pour les hausses d’électricité et les taxes sur l’essence : à peu près tous ceux qui en paient s’opposeront…
Solidarité intergénérationnelle
La solidarité intergénérationnelle si souvent prêchée ces dernières années en prendra également pour son rhume. En effet, Québec soupèse actuellement l’option d’une augmentation des contributions à la Régie des rentes afin de pouvoir assumer les prestations des nombreux cotisants qui arrivent à la retraite. Les citoyens plus âgés seront favorables, et les plus jeunes seront contre.
À l’inverse, les frais de scolarité à l’université pourraient augmenter et de nouveaux frais pourraient être introduits au collégial. Cette fois, les moins de 25 ans se braqueront massivement alors que les strates de contribuables qui n’ont plus d’enfants aux études encouragent le gouvernement à aller de l’avant.
Privé C. public
La présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, dont la majorité des membres entre en négociations avec le gouvernement dans ce contexte d’étranglement budgétaire, a vite compris que les employés de l’État seront les premiers visés lorsque l’on discutera de hausses de tarifs. D’où sa montée récente aux barricades.
Plutôt que de leur consentir des hausses salariales même minimes, qui seraient payées avec le fruit de ces nouvelles taxes déguisées, les contribuables exigeront un dégraissement de l’appareil public et un gel de la rémunération de ceux qui resteraient. Un Québécois sur cinq seulement serait disposé à leur accorder le 2 % qui correspond à la hausse du coût de la vie. Les employés de l’État sont encore vus comme les enfants gâtés du système.
Les prochains débats opposeront donc, en plus, les travailleurs-contribuables du secteur public à ceux du secteur privé. Les employés de l’État sont restés marqués à la suite de pareilles dévalorisations subies au début des années 80 et à la fin des années 90 (sous des gouvernements péquistes les deux fois) dans des contextes budgétaires un peu semblables.
Perdant à coup sûr
À travers ces déchirements, Jean Charest ralliera cependant les Québécois à coup sûr… contre lui. S’il a le courage d’effectuer le redressement nécessaire au cours de ce mandat, il sera largement détesté. S’il laisse les finances publiques se dégrader davantage, les Québécois lui reprocheront d’en être responsable en raison de sa mauvaise gestion.
Les Anglais disent que c’est une « lose-lose situation ».
La loi de la jungle
Le débat qui s’engage sur les hausses de tarifs pour les divers services gouvernementaux déchirera les Québécois. La loi de la jungle s’installera.
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