À la veille du discours du budget qui sera prononcé par le ministre des Finances, Raymond Bachand, jetons un œil du côté de l'Ontario qui a fait le même exercice jeudi dernier.
À cause de la crise de l'automobile, l'Ontario a été plus durement touché que le Québec par la récession. Pourtant, le budget du ministre des Finances, Dwight Duncan ne propose ni augmentation d'impôt ni compressions radicales des dépenses.
Alors que le gouvernement Charest entend revenir à l'équilibre d'ici quatre ans, l'Ontario prévoit prendre huit ans. Ce n'est pas la première fois que cette province agit de la sorte. Rappelons-nous qu'à la sortie de la récession précédente, ce gouvernement avait pris plusieurs années de plus que le Québec pour revenir à l'équilibre.
C'est vrai qu'à 28,2 % du PIB l'an dernier, la dette nette de cette province est bien moins lourde que celle du Québec qui atteint 42 % de son PIB. Mais même en respectant son échéancier, l'Ontario prévoit que sa dette grimpera rapidement au cours des prochaines années pour atteindre 37,2 % du PIB dès cette année et 43 % d'ici 2014! Pendant la même période, celle du Québec aura aussi augmenté (à 46 % l'an prochain, par exemple), mais moins rapidement, de sorte que l'écart entre les deux provinces devrait diminuer par rapport au passé.
Cela dit, ce qui différencie surtout les deux gouvernements libéraux, c'est leur approche pour revenir à l'équilibre budgétaire. Alors que l'Ontario compte surtout sur le temps et la croissance, mais aussi sur le ralentissement de ses dépenses d'infrastructures pour faire fléchir le ratio de sa dette au PIB, le Québec mise sur les compressions et sur l'augmentation des tarifs et des taxes.
Parmi les rares mesures annoncées par le ministre Duncan, la plus dure est un gel de deux ans de la rémunération des employés de l'État, y compris le personnel médical. Le hic, c'est que ce gel n'entrera en vigueur qu'au moment du renouvellement des conventions de travail dont la majorité ne vient à échéance qu'à l'automne 2012, soit une année après les élections. Et de toute façon, il faudra négocier un tel gel qui est donc loin d'être acquis!
Là où les prévisions du ministre Duncan sont encore moins crédibles, c'est au chapitre des dépenses de programmes. Alors que le Québec est parvenu à maintenir la croissance de ses dépenses à une moyenne de 4,6 % depuis 2003, l'Ontario a enregistré un taux moyen de 8,5 %. Et l'on voudrait nous faire croire que le même gouvernement est capable de ramener ce taux à 2,1 % d'ici trois ans?
L'Ontario a été frappé plus durement et est descendu plus bas que le Québec au cours de la récession, mais tout indique qu'il en sortira aussi plus vite et plus fortement.
Même si toute comparaison est boiteuse entre cette province de 12 millions d'habitants et le Québec qui n'en compte que 7,3 millions, il n'est quand même pas inutile de constater qu'il existe d'autres façons d'envisager le retour à l'équilibre budgétaire que celle que notre propre gouvernement et son armée de dévoués conseillers tentent de nous vendre depuis six mois.
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