La tempête

Économie - Québec dans le monde


L'achat par des entreprises étrangères de deux fleurons de l'industrie minière canadienne, Inco et Falconbridge, a provoqué une onde de choc l'an dernier dans le milieu des affaires. Les craintes n'ont fait qu'augmenter depuis, notamment avec la proposition de l'américaine Alcoa pour acquérir Alcan. Le Canada serait-il en voie de perdre, un à un, ses joyaux économiques? Le contrôle de ses ressources naturelles?
L'angoisse est d'autant plus grande que le Canada n'est qu'une fourmi au milieu d'un tsunami financier planétaire. «Les unes après les autres, les vieilles barrières qui protégeaient les entreprises des prises de contrôle s'effritent, constatait la semaine dernière le Wall Street Journal. Résultat : une vague sans précédent d'acquisitions de laquelle, apparemment, très peu de compagnies peuvent échapper.»
Devant ce tumulte, le gouvernement conservateur est jusqu'ici resté de glace. Interrogé par Jack Layton, qui parlait de «perte d'identité, perte d'emplois, perte de contrôle de notre avenir», le premier ministre Harper a dénoncé le «nationalisme économique» du chef néodémocrate : «Le NDP ne veut pas que le Canada participe au libre-échange et à l'économie mondiale. C'est un fait qu'il y a des investissements étrangers au Canada. En même temps, il y a de plus en plus d'investissements canadiens à l'étranger.»
L'an dernier, les compagnies canadiennes ont acquis 456 entreprises étrangères évaluées à 70 milliards tandis que des étrangers prenaient le contrôle de seulement 123 compagnies canadiennes. Le problème, c'est que ces dernières étaient beaucoup plus imposantes, leur valeur totale dépassant les 100 milliards. De plus, 40 % des ces acquisitions ont été faites par des capitaux américains, une évolution qui accroît l'influence des États-Unis sur notre économie.
L'inquiétude est donc grande, mais les suggestions peu nombreuses. Le président de la Financière Manuvie, Dominic D'Allessandro, a proposé que des secteurs névralgiques de l'économie canadienne - les ressources naturelles, par exemple - soient protégés des acquisitions étrangères comme le sont déjà les institutions financières. Dans le contexte actuel de mondialisation, cela serait-il possible? Souhaitable? Quel serait l'impact d'une telle réglementation pour les entreprises canadiennes qui souhaitent acquérir des actifs hors du pays?
Déjà, le gouvernement canadien dispose d'un outil, la Loi sur Investissement Canada, qui lui donne toute latitude pour bloquer une transaction qu'il ne jugerait pas être «à l'avantage net du Canada». Mais au cours des 20 dernières années, les décisions négatives ont été rarissimes. De plus, les décisions sont prises au cas par cas, alors qu'on se trouve aujourd'hui devant un phénomène de grande envergure. C'est pourquoi, aussi libre-échangiste soit-il, le gouvernement canadien doit amorcer une réflexion sérieuse sur la situation actuelle. Au minimum, il lui faudra s'interroger sur les moyens qui pourraient être mis en oeuvre pour s'assurer que les Canadiens ne perdront pas le contrôle de leur économie. Ne pas le faire serait irresponsable.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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