(QUÉBEC) Le président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, mine la crédibilité des institutions québécoises, a dénoncé lundi la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée.
La ministre a admis avoir ressenti de la « rage » après avoir pris connaissance des allégations lancées par le leader syndical la semaine dernière, lesquelles ont entraîné de vives réactions de l'opposition. Elle juge que ses propos portent atteinte aux policiers et au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).
« Si d'aventure ce que M. Francoeur allègue est fondé, qu'il fasse état des faits le plus rapidement possible, a-t-elle affirmé en commission parlementaire. Parce que le mal qu'il fait à l'institution est grave. Et ceux et celles qui boivent ses paroles font aussi mal à l'institution. »
Au micro de Paul Arcand, M. Francoeur a soutenu qu'une enquête criminelle sur deux élus libéraux est bloquée depuis 2012 alors que des accusations auraient dû être déposées. L'un des deux députés siégerait toujours à l'Assemblée nationale.
Ces allégations ont fait dire au chef péquiste Jean-François Lisée qu'il « y a une impression d'immunité libérale dans nos institutions ».
La Directrice des poursuites criminelles et pénales, Annick Murphy, a soutenu la semaine dernière ne pas détenir de dossier correspondant à celui qu'a décrit M. Francoeur. Elle a invité le policier à la contacter, et s'est engagée rendre publique toute rencontre qu'elle aurait avec lui.
La ministre Vallée a dénoncé l'attitude de M. Francoeur, qui n'a donné aucune suite selon elle aux « appels à la collaboration » du DPCP.
« On a fait des allégations avec une portée très forte, des allégations qui portent atteinte à l'intégrité et à l'indépendance tant du DPCP et de l'UPAC », a-t-elle déploré.
Elle a aussi appelé les partis de l'opposition à cesser de « politiser » le travail des policiers et du DPCP.
Me Murphy a confirmé lundi n'avoir toujours pas reçu de communication de M. Francoeur, qui s'est engagé la semaine dernière à prendre contact avec l'Unité permanente anticorruption (UPAC). Elle n'a pas l'intention de prendre l'initiative de le contacter, a-t-elle affirmé lorsque questionnée par la députée péquiste Véronique Hivon.
« Je pense que je ne peux pas être plus claire, a-t-elle dit. Si M. Francoeur désire me parler, il a tout le loisir de le faire. »
Le porte-parole de la Fraternité des policiers de Montréal, Martin Desrochers, n'a pas directement répondu aux reproches de la ministre Vallée. Il a cependant confirmé que M. Francoeur a pris contact avec l'UPAC.
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