Angélyne Vallée -
Djemila Benhabib, le maire Jean Tremblay de Saguenay. Voici deux personnes représentant des idées très opposées au sujet des religions… Une femme. Et un homme. Capables tous deux d’influencer la société. Par la politique.
J’ai eu l’occasion de rencontrer personnellement Djemila à Montréal lors d’une réunion du Comité citoyen pour l’égalité et la laïcité. J’ai aussi lu les livres qu’elle a publiés. Cette femme de culture musulmane féministe et laïque n’a jamais eu besoin de quêter des accommodements religieux dans son pays d’adoption qu’est le Québec pour s’y intégrer. C’est une femme forte qui a placé l’amour, la justice, la liberté et l’égalité des personnes au-dessus des conflits religieux qu’elle a fuis (avec son père) quand des fondamentalistes politico-religieux islamistes ont envahi sa patrie. Elle sait ce dont elle parle. Elle sait ce qu’est l’abus religieux. Le maire Tremblay le sait-il ?
En tant que femme de culture chrétienne féministe et laïque, je pense comme Djemila et comme ces femmes d’autres confessions religieuses, elles aussi libérées de la séduction légaliste et dogmatique des religions patriarcales qui, trop longtemps, ont entretenu l’inégalité entre les sexes. Et l’entretiennent encore…
J’aimerais rappeler ici une citation (que j’aime répéter) de Galeb Bencheikh : « La laïcité est la loi qui garantit l’exercice de la foi aussi longtemps que la foi ne prétend pas dicter la loi. » La laïcité respecte aussi autant les croyants que les non-croyants. Comme Djemila, je désire une Charte de la laïcité au Québec, pour assurer la paix sociale et pour vivre ensemble sans heurt culturel ou religieux dans le futur.
J’espère que le maire Tremblay de Saguenay réfléchira à sa bourde. Dans certains pays du monde islamiste où s’enchevêtrent religion et politique, il y a des citoyens, des clans, des sociétés qui sont en train de s’entretuer pour prôner la supériorité de leur Dieu, pour imposer leur façon de concevoir la vie, la femme, et le monde… Notre maturité en tant que peuple nous défend ce comportement rétrograde.
Le maire Tremblay est censé connaître ce message : « Remets à César ce qui est à César, et remets à Dieu ce qui est à Dieu. » C’est-à-dire : n’entremêle pas la politique avec la spiritualité. Ce n’est pas de même dimension.
Un État évolué politiquement n’imposera jamais à ses citoyens et citoyennes une croyance plus qu’une autre. Cependant, les valeurs du coeur et de l’esprit des dirigeants que nous choisissons permettent soit d’évoluer, soit de régresser dans nos relations humaines citoyennes. Je souhaite donc ardemment que la voix de cette femme libre, représentant la majorité des femmes québécoises, puisse se faire entendre au sein de notre Assemblée nationale.
Si Djemila Benhabib a été invitée à prendre la parole devant les membres du Sénat français en 2009, je crois qu’elle peut faire beaucoup au sein du gouvernement du Québec et à l’échelle internationale pour le respect des droits de la personne, surtout celui de l’égalité des hommes et des femmes qui doit primer sur tous les autres droits, religieux y compris.
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Angélyne Vallée - Saint-Georges
Polémique autour de Djemila Benhabib
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