Vous aurez reconnu l’origine de la paraphrase, cette citation culte du film La guerre des tuques : « La guerre, la guerre, c’est pas une raison pour se faire mal! » La dette publique du Québec non plus, c’est pas une raison pour se faire mal.
Ces jours-ci, un petit film d’animation de l’IRIS désamorce la peur de la dette publique, qui sert à justifier bien des décisions austéritaires. En même temps, dans La Presse, Francis Vailles essaie de faire la démonstration contraire, nous avertissant que notre dette publique est très élevée, surtout la dette brute.
En cherchant un peu, vous trouverez au moins une dizaine d’estimations différentes de la dette québécoise ou canadienne dans les documents officiels, sans parler des estimations des idéologues et autres apprentis-sorciers.
Ce n’est rien de nouveau. En 2005, alors chef du Bloc Québécois, Gilles Duceppe était exaspéré de voir autant de chiffres disparates sur la dette. Il m’a demandé d’analyser ça et de lui donner les vrais chiffres. Pas de problème, que je lui réponds, donnez-moi trois jours. Ça m’a pris trois ans! Trois ans pour démêler tout ça.
Dans le livre que j’ai publié en 2012, Un gouvernement de trop, j’ai fait la démonstration que la dette publique nette d’un Québec indépendant serait moins élevée que celle de la moyenne des pays occidentaux (les pays de l’OCDE). En 2010, le Québec indépendant aurait été moins endetté que les États-Unis, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, le Japon, la France et l’Italie, 6 pays du G7.
En 2013, j’ai travaillé à une mise à jour de la situation économique et financière d’un Québec indépendant avec Marcel Leblanc, ancien sous-ministre aux Finances. À partir des données officielles, nous avons comparé la situation économique et financière du Québec de 1994, à la veille du référendum, et celle de 2012. Le résultat est spectaculaire. Tous les indicateurs pointent dans la même direction : la situation économique et financière d’un Québec indépendant en 2012 aurait été bien meilleure qu’en 1994.
En ce qui a trait à la dette nette d’un Québec indépendant, elle était de 99 % du PIB en 1994 et de 64 % en 2008.
On nous dira que ce qui compte, ce n’est pas la dette nette, mais plutôt les paiements de la dette, ce qu’on paye vraiment chaque année. En 1994, les paiements sur la dette d’un Québec souverain auraient été de 7,7 % du PIB, contre 4,5 % en 2012.
On nous dira que les agences de crédit, elles, sont inquiètes. Et bien, en ce qui a trait à l’agence Moody’s, entre 1994 et 2012, elle a augmenté la cote de crédit du Québec, pendant que celle de l’Ontario diminuait. Les agences de crédit ont toutes maintenue ou améliorer la cote de crédit du Québec depuis 20 ans.
Quant au déficit d’un Québec indépendant, en 1994 il équivalait à plus de 7 % du PIB, contre 2 % en 2012. C’est donc dire qu’en 2012, le déficit budgétaire du Québec indépendant aurait été inférieur à celui de tous les pays du G7 et de la vaste majorité des pays de l’OCDE.
On se résume. Depuis 20 ans :
- Notre endettement public a beaucoup diminué et est inférieur à celui de la majorité des pays de l’OCDE
- Le service de la dette a lui aussi beaucoup diminué
- Les agences de crédit ont toutes maintenue ou amélioré la cote du Québec
- Le déficit budgétaire est trois fois moins élevé qu’en 1994 et inférieur à celui de la vaste majorité des pays de l’OCDE
Qu'on se compare aux autres pays ou à notre situation passée, tous les indicateurs pointent dans la même direction: la situation financière d'un Québec indépendant serait très solide.
Ça n’empêche évidemment pas les bonhommes sept heure de marteler que notre situation empire d’année en année et que l’heure est grave. Il faut bien justifier la politique austéritaire et faire peur aux Québécois qui songeraient à faire du Québec un pays indépendant.
« Voyons donc, on est ben trop endettés pour faire la souveraineté! »
Bullshit.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé