La colère des électeurs qui ont porté Donald Trump au pouvoir gronde aussi au Québec, même si les inégalités sont moins nombreuses ici qu’aux États-Unis, croient des experts.
«Il y a chez nous une redistribution de la richesse qui n’existe pas aux États-Unis. L’écart entre les riches et les pauvres est beaucoup moins important», assure l’expert en communication politique de l’Université Laval Thierry Giasson.
Le Québec compte, par exemple, sur l’assurance maladie, l’assurance chômage, l’aide sociale et une éducation abordable, contrairement à ses voisins du sud.
«Je ne nie pas qu’un discours d’extrême droite raciste et homophobe existe», dit-il en prenant cependant soin d’ajouter qu’il ne pourrait pas séduire suffisamment de Québécois, selon lui.
N’importe où
Les tactiques de Donald Trump, «ça pourrait marcher n’importe où», lance quant à elle Ruth Dassonneville, professeure de sciences politiques à l’Université de Montréal.
«On voit aussi le populisme de droite prendre de l’ampleur partout en Europe depuis quelques années, pourtant il y a de nombreuses sociétés qui ont le même filet social qu’au Québec», dit-elle.
Elle remarque aussi, ironiquement, que les discours contre l’immigration restent plus populaires dans les régions rurales... où il y a peu d’immigration.
Pas Legault
Si les libéraux ont accusé le chef caquiste François Legault de s’inspirer de Donald Trump, Thierry Giasson dit qu’il n’a rien d’un outsider comme le milliardaire républicain.
«Même s’il adopte un discours contre l’élite, il fait de la politique depuis près de 20 ans», remarque l’expert, ajoutant que personne au Québec n’aurait les 10 millions $ nécessaires pour se lancer seul en campagne électorale, contrairement à Trump.
Pour la politologue Maria Peluso, de l’Université Concordia, c’est avec la charte des valeurs du gouvernement péquiste, en 2013, que le Québec s’est le plus rapproché du style de Donald Trump.
Elle remarque aussi qu’au Canada la candidate à la direction du Parti conservateur Kellie Leitch adopte un discours semblable à celui de Trump, notamment avec son projet de test de «valeurs anti-canadiennes», mais qu’elle se fait vite rabrouer par ses adversaires.
Toutefois, elle reconnaît que la colère et le sentiment d’injustice qui ont alimenté les partisans de Donald Trump existent chez nous, notamment dans les régions où les emplois industriels disparaissent.
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