Indépendance du Québec 371

La colère de Gaston Miron face à l'histoire du peuple québécois

Des Québécois qui veulent se départir de leur aliénation collective. (1)

Chronique de Bruno Deshaies

PRÉSENTATION
Lise Archambault a terminé une maîtrise à l’UQAM en 2002. Le mémoire qu’elle a présenté sur « L’expression de la colère dans l’Homme rapaillé de Gaston Miron » mérite notre attention. Au cours de ses recherches, elle a mis en évidence que la colère chez Miron est « le résultat d’une mûre réflexion ». Par exemple, elle constate ce qui suit : « L’ancrage dans la vie, dans l’histoire se fait concret et déclaré. La transformation que la colère impose à l’auteur du poème le mène à se décrire ainsi :
« Avec ma tête de tocson, de grand nœud de bois, de souche,

Ma tête de semelles nouvelles

j’ai endurance, j’ai couenne et peau de babiche »

(Cité par Lise Archambault, La colère…, p. 49.)
Pour Gaston Miron, la prise de conscience de l’injustice envers le peuple québécois s’est cristallisée une fois de plus avec la prise de décision de Pierre Elliott Tudeau de recourir aux mesures de guerre en vue de traumatiser collectivement les Québécois-Français en s’attaquant à des individus surveillés. Il a agi à la manière de la STASI en Allemagne de l’Est (http://lhistgeobox.blogspot.com/2009/10/189-wolf-biermann-die-stasi-ballade.html ). Le geste posé par Ottawa n’attaque pas seulement les droits et les libertés individuelles mais aussi la liberté collective des Québécois. Chez Miron, la situation provoque, comme le pense Lise Archambault, pour résumer le tout : l’indignation, la colère, la tristesse (cf. La colère…, p. 8-9).
Dans sa quête pour comprendre sa situation, Miron prend de plus en plus conscience vers 1954-1955 qu’il faisait partie de la classe des « dominés ». C’est alors qu’en 1965 dans le fragment intitulé « Le long chemin », il s’explique ouvertement et ce moment devient pour lui un moyen de catharsis. Il faut lire cette note de bas de page dans l’Homme rapaillé pour réaliser toute la transformation que subit l’auteur et que les souverainistes d’aujourd’hui devraient comprendre pour changer radicalement la situation dans laquelle la nation québécoise se retrouve encore malgré tante l’énergie gaspillé à vouloir reformer le système politique canadian. Voici cet extrait que nous vous offrons en guise de réflexion (cf. HR, p. 114, n. 3).
Avant 1956, sous l’influence de Cité libre, il me semblait que tous nos maux originaient du social. Duplessis, par son blocage, incarnait le mal absolu. Dans une large mesure, le diagnostic de Cité libre est encore valable aujourd’hui. Après 1956 cependant, il m’apparut progressivement que le duplessisme n’était pas la cause unique du blocage social, de nos manques, carences, corruptions, prétendues inaptitudes, mais aussi un effet de la structure canadian qui donnait lieu et place au système, comme se fut le cas de Taschereau et les autres avant lui, et comme ce le sera pour Lesage si le mouvement actuel venait à avorter. Certes, nous devons recouvrer notre vérité et réalité propres, bref notre personnalité, mais je n’abandonne pas le projet d’un changement radical du social, et non pas seulement dans sa forme comme on le fait encore à Cité libre : une critique des défauts en vue de réformes et d’une purification de la structure existante.
Ce « projet d’un changement radical du social » ne peut être rien d’autre que celui du national. Miron s’explique, un peu plus loin, en ces termes (cf. HR., p. 118) :
Seul [le pouvoir politique] peut garantir l’intégrité culturelle de la nation et la pratique de sa nécessité vers un plus être. Nous vivons en 1965 et c’est là notre affrontement et notre voie : la naissance de notre collectif à la conscience mondiale.
Ce qui signifie la nécessaire indépendance pour être enfin libre collectivement et présent par soi au monde.
Bruno Deshaies
http://blogscienceshumaines.blogspot.com/
Montréal, 13 mars 2010

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Bruno Deshaies209 articles

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BRUNO DESHAIES est né à Montréal. Il est marié et père de trois enfants. Il a demeuré à Québec de nombreuses années, puis il est revenu à Montréal en 2002. Il continue à publier sa chronique sur le site Internet Vigile.net. Il est un spécialiste de la pensée de Maurice Séguin. Vous trouverez son cours sur Les Normes (1961-1962) à l’adresse Internet qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 (N. B. Exceptionnellement, la numéro 5 est à l’adresse suivante : http://www.vigile.net/Les-Normes-en-histoire, la16 à l’adresse qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-15-20,18580 ) et les quatre chroniques supplémentaires : 21 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique 22 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19364 23 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19509 24 et fin http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19636 ainsi que son Histoire des deux Canadas (1961-62) : Le PREMIER CANADA http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-1-5 et le DEUXIÈME CANADA : http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-1-29 et un supplément http://www.vigile.net/Le-Canada-actuel-30

REM. : Pour toutes les chroniques numérotées mentionnées supra ainsi : 1-20, 1-5 et 1-29, il suffit de modifier le chiffre 1 par un autre chiffre, par ex. 2, 3, 4, pour qu’elles deviennent 2-20 ou 3-5 ou 4-29, etc. selon le nombre de chroniques jusqu’à la limite de chaque série. Il est obligatoire d’effectuer le changement directement sur l’adresse qui se trouve dans la fenêtre où l’hyperlien apparaît dans l’Internet. Par exemple : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 Vous devez vous rendre d’abord à la première adresse dans l’Internet (1-20). Ensuite, dans la fenêtre d’adresse Internet, vous modifier directement le chiffre pour accéder à une autre chronique, ainsi http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-10-29 La chronique devient (10-29).

Vous pouvez aussi consulter une série de chroniques consacrée à l’enseignement de l’histoire au Québec. Il suffit de se rendre à l’INDEX 1999 à 2004 : http://www.archives.vigile.net/ds-deshaies/index2.html Voir dans liste les chroniques numérotées 90, 128, 130, 155, 158, 160, 176 à 188, 191, 192 et « Le passé devient notre présent » sur la page d’appel de l’INDEX des chroniques de Bruno Deshaies (col. de gauche).

Finalement, il y a une série intitulée « POSITION ». Voir les chroniques numérotées 101, 104, 108 À 111, 119, 132 à 135, 152, 154, 159, 161, 163, 166 et 167.





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1 commentaire

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    16 mars 2010

    Oui, en effet, il est juste de dire que Pierre Elliot Trudeau, s'est comporté en dictateur, en nous envoyant l'armée, parce qu'une poignée de felquistes tenaient en otage, dans la banlieue montréalaise, un ministre du gouvernement Bourassa.
    Combien de Québécois qui n'avaient strictement rien fait de mal ont été arrêtés, et détenus pendant plusieurs semaines sans jamais passer devant un juge, déjà? Plusieurs centaines?
    Et au Rest of Canada, pour énormément de gens, Trudeau était un grand homme, un progressiste, un grand démocrate...
    Il faut comprendre que le but de l'exercice, dans le cadre de cette Crise d'octobre, n'était pas que de trouver Pierre Laporte, et le libérer. Ni d'emprisonner des felquistes (présumés)...
    On a voulu nous faire peur; on a voulu utiliser la méthode «gros bras». Ça se voulait un avertissement, au fond... Il fallait lire entre les lignes: «Québécois, si vous vous énervez trop, nous vous enverrons notre armée!».
    La triste vérité, c'est que le Canada ressemble, sous différents angles, à une vaste république de bananes nordique!