Dans un rare élan d’union de la gauche et de la droite, Québec solidaire et la Coalition avenir Québec ont joint leur voix vendredi afin de presser le gouvernement Marois d’annuler la construction de la petite centrale hydroélectrique de Val-Jalbert. Les deux formations font valoir que le projet est non seulement dommageable pour l’environnement, mais aussi qu’il représente une perte financière de plusieurs dizaines de millions de dollars pour le Québec.
« On demande à Pauline Marois d’avoir un peu de vision et de stopper le projet de Val-Jalbert, un projet qui va contre le bien commun, qui est mauvais pour l’environnement et mauvais économiquement. Ayez un peu de courage, Mme Marois », a laissé tomber le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault.
À ses côtés, le député solidaire Amir Khadir a affirmé que le projet est tout simplement « insensé » et qu’il se résume à une « commande politique électoraliste ». M. Legault a lui aussi associé le maintien du projet - malgré l’annulation du programme de petites centrales - à une tactique digne des « vieux partis » que sont libéraux et péquistes. Selon lui, l’objectif premier du gouvernement Marois est d’« acheter des votes » dans la région du Lac-Saint-Jean. Il ne voit pas d’autre motif pour permettre le harnachement de la rivière Ouiatchouan, en plein coeur du site historique de Val-Jalbert.
Des pertes de 80 millions
Le chef caquiste et Amir Khadir ont d’ailleurs répété les chiffres avancés par la Fondation Rivières, qui a évalué que Hydro-Québec devra éponger des pertes de plus de 80 millions de dollars en 20 ans en raison de la réalisation du projet. L’électricité produite devrait être vendue à 8 ¢ le kilowattheure, sans compter les coûts de transport. Hydro-Québec vend son électricité aux États-Unis à un prix se situant entre 5 et 6 ¢ le kilowattheure.
MM. Legault et Khadir en concluent que Québec se contente de donner une « subvention » pour soutenir la construction d’une centrale qui ne sera pas rentable. « Lorsque j’étais ministre de l’Industrie et du Commerce, il y avait quelque chose de sacré pour moi, a ajouté François Legault. Le coût de l’aide gouvernementale ne doit jamais excéder les retombées économiques. Dans le cas de Val-Jalbert, on ne remplit pas cette condition économique. Nous sommes dans une situation où tout le monde perd. »
Le site touristique de Val-Jalbert devrait aussi perdre beaucoup. D’abord, de l’aveu même du Conseil du patrimoine, le débit prévu pour la rivière en dehors des heures d’ouverture du site revient à l’assécher sur près d’un kilomètre. Qui plus est, l’acceptabilité sociale ne serait tout simplement pas au rendez-vous.
La ministre des Ressources, Martine Ouellet, a affirmé à plusieurs reprises que toutes les autorisations nécessaires au lancement du projet avaient été accordées par le gouvernement Charest. En fait, le décret a été adopté par le conseil des ministres péquistes en décembre dernier. Le projet est par ailleurs défendu par Bernard Généreux, préfet de la MRC du domaine du Roy - située au Lac-Saint-Jean - et candidat péquiste battu aux dernières élections.
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