Dès son annonce, la vente de la CSeries de Bombardier aéronautique à Airbus est apparue à peu près chez tous les analystes et les observateurs comme une bonne nouvelle, et même comme un coup fumant. Elle permettait, d’une part, de multiplier rapidement les ventes de ce nouvel avion sur les marchés en dehors des États-Unis et, d’autre part, de donner le temps à l’entreprise de gagner devant l’Organisation mondiale du commerce contre les droits extravagants réclamés par Boeing du fait d’un prix de vente trop bas à Delta Airlines, son premier gros client.
Tout cela reposait sur l’idée d’une alliance avec le géant européen, alliance où tous les partenaires normalement gagnent. Comme il en existe un peu partout, notamment dans le domaine pharmaceutique pour les petites entreprises qui sont à peu près les seules à faire de la véritable recherche sur des nouveaux médicaments, mais qui, une fois les résultats obtenus, se heurtent à l’obligation d’envahir rapidement les marchés en attendant qu’une autre PME trouve mieux. Sachant que, dans ce cas, il arrive très souvent que la multinationale préfère ou finisse par acheter, et à ce moment à fort prix, la petite entreprise, compensant ainsi tout le travail effectué et les importants coûts de cette recherche.
Mais la vérité a fini par sortir du chapeau, soit que finalement Bombardier venait tout simplement de donner l’entreprise en espérant que la multiplication des ventes fera remonter l’action et permettra aux actionnaires, dont le gouvernement du Québec, qui a investi plus d’un milliard de nos sous dans l’aventure, de se rembourser en partie. Puisque, avec le contrôle de l’entreprise (50,01 % des actions), il est évident que le grand gagnant est ici Airbus. Et comprenons bien que non seulement cette firme acquiert en même temps une toute nouvelle technologie ayant coûté 5,4 milliards, mais aussi la promesse que Bombardier investira plus de 700 millions dans les prochaines années pour améliorer encore plus cette technologie sans que Airbus mette un sou.
D’autres fleurons québécois
Cela ressemble étrangement aux ventes d’autres fleurons québécois des dernières années, tels Provigo passé à Loblaws, qui dès la troisième année a commencé à multiplier ses approvisionnements hors Québec malgré toutes les promesses faites. Et il en sera de même avec la vente des Rôtisseries St-Hubert et de Rona, dont les produits américains et de la Colombie-Britannique sont déjà sur les tablettes en remplacement de ceux de nos fabricants.
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