Promis par Pierre Karl Péladeau lors de la course à la direction du Parti québécois, un institut de recherche sur la souveraineté voit finalement le jour.
Le conseil d'administration du nouvel Institut de recherche sur l'autodétermination des peuples et des indépendances nationales (IRAI) aura comme président le professeur de droit et ancien député bloquiste puis péquiste Daniel Turp.
Le C.A. de l'IRAI sera notamment composé d'une professeure de relations industrielles de l'Université Laval, Esther Déom, et d'un physicien spécialiste des données ouvertes, Miguel Tremblay. Les autres membres du C.A. seront nommés une fois les lettres patentes obtenues.
Il se dotera ensuite de règlements de régie interne afin de lancer ses activités dès ce printemps.
L'Institut est notamment à la recherche d'un directeur général. Le chef du PQ, Pierre Karl Péladeau, a confirmé qu'il avait lui-même payé les services d'une firme de chasseurs de têtes afin de trouver les meilleurs candidats afin de pourvoir le poste.
L'Institut sera financé par des dons publics et son président a déposé ce matin une requête dans le but d'obtenir le statut d'organisme à but non lucratif (OBNL) qui lui permettrait d'émettre des reçus d'impôts pour ses donateurs.
M. Turp précise que l'Institut ne constitue pas une instance d'un parti politique et qu'il ne serait ainsi non plus être assujetti à la loi électorale.
« On va demander aux gens d'investir dans la recherche sur l'indépendance », a déclaré M. Turp en entrevue à ICI RDI. « Je crois qu'il y a beaucoup de personnes qui, tout en investissant dans des partis politiques [...] vont vouloir investir dans la recherche. » M. Péladeau a réitéré son intention de participer au financement de l'institut sans toutefois divulguer le montant qu'il entend verser dans les coffres de l'IRAI. « Je vais contribuer en vertu des lois du Québec », s'est-il contenté de répondre aux questions insistantes des journalistes qui l'entouraient à Québec.
L'ancien député compare l'IRAI à l'organisme L'idée fédérale, qui se décrit comme un « réseau québécois de réflexion sur le fédéralisme » et qui bénéficie du statut d'OBNL.
Financer et diffuser la recherche
Dans son communiqué, il est indiqué que l'Institut aura comme objectif de colliger, produire et diffuser de l'information et des études sur l'autodétermination des peuples.
L'institut s'attardera notamment sur les questions économiques, sociales, environnementales et culturelles dans un contexte d'autodétermination des peuples. Il étudiera principalement la question québécoise, mais il effectuera également des études comparatives sur d'autres démarches d'indépendance à l'échelle internationale.
L'IRAI recueillera toute information pertinente, étude citoyenne et questionnement sur le sujet au moyen de sa plateforme internet.« L'IRAI s'inscrira résolument dans le XXIe siècle en misant sur l'intelligence collective et le partage des savoirs pour atteindre et faire participer le plus grand nombre possible de Québécoises et de Québécois. »
— Daniel Turp
L'Institut colligera également diverses données statistiques, économiques et sociodémographiques pour soutenir ses chercheurs et la communauté universitaire. Ces données seront également publiques et accessibles à toute personne qui s'intéresse au sujet, poursuit le communiqué.
L'IRAI compte ainsi devenir « une référence internationale en contenu sur l'autodétermination », dont celle du Québec. Il offrira des formations, des conférences, des séminaires et des ateliers sur l'autodétermination afin de diffuser l'information et les données recueillies.
« L'Institut s'intéressera à l'indépendance comme forme de l'autodétermination comme c'est le cas en Catalogne, en Écosse ou au Kurdistan, poursuit M. Turp, parce que vous savez que l'indépendance, c'est assez populaire. »« Il y a beaucoup de peuples qui veulent devenir indépendants »
— Daniel Turp
Un Institut « indépendant », assure M. Turp
Bien que le chef du PQ ait affirmé avoir l'intention de participer au financement de l'IRAI, l'Institut assure qu'il sera indépendant des partis politiques, de leurs membres et de leurs dirigeants. M. Péladeau a d'ailleurs réitéré à Québec, au cours d'une conférence de presse, que l'Institut serait indépendant et qu'il « respecte[ra] toutes les lois du Québec ».
Daniel Turp a renchéri : l'Institut sera indépendant « par les personnes qui le présideront, qui feront de la recherche, qui seront soucieuses de leur indépendance ». « Je crois qu'un bon institut de recherche, justement, est crédible lorsque ses chercheurs et chercheuses, les gens qui vont gérer cet institut, vont assurer cette indépendance. »« Je veux faire de la recherche sur l'indépendance, en toute indépendance. »
— Daniel Turp, président du C.A.
L'Institut compte toutefois maintenir un « dialogue constant » avec des acteurs de la scène politique, économique, sociale et culturelle afin de « créer un véritable réseau de recherche ». Il compte par ailleurs être en dialogue constant avec des acteurs et actrices des milieux politique, économique, social et culturel afin de créer un véritable réseau de recherche.
M. Turp prévoit que l'Institut s'établisse de façon permanente sans être lié à aucune échéance électorale.
« Le PQ radote »
« C'est une institution qui semble avoir été imaginée, idéalisée par le chef du Parti québécois », a déclaré en fin d'avant-midi le ministre libéral Jean-Marc Fournier.
« Le chef du PQ a fait, semble-t-il, selon des journaux, une démarche auprès de chasseurs de têtes pour occuper la fonction » de directeur général, poursuit-il.
M. Fournier a également suggéré que Richard Le Hir devrait prendre le poste à la tête de l'IRAI, un clin d'oeil aux études économiques sur un Québec indépendant réalisées en 1995 par celui qui était alors le ministre délégué à la Restructuration dans le gouvernement de Jacques Parizeau.
De son côté, le Directeur général des élections du Québec a confirmé suivre le dossier de près, mais préfère attendre de connaître le type d'actions que posera l'Institut avant d'évaluer si cela pourrait être contraire ou non aux règles prévues aux lois électorales.
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