Impossible de rester indifférent aux conclusions du dernier rapport publié par le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC). Pourtant, malgré l’évidence de la catastrophe annoncée, l’espoir de changements conséquents est à peu près nul.
Alors que les pays signataires du protocole de Kyoto s’étaient engagés à ramener les émissions de gaz à effet de serre (GES) à un niveau de 5 % inférieur à celui atteint en 1990, force est de constater avec les 235 scientifiques du GIEC que ces émissions ont crû plus rapidement entre 2000 et 2010 qu’au cours de chacune des trois décennies précédentes.
Résultat : malgré l’impression que le dernier hiver québécois a pu nous laisser, les dernières décennies ont été les plus chaudes « depuis au moins 1400 ans ». Et le pire est à venir, selon les experts du GIEC, qui prévoient une élévation de la température pouvant dépasser 4 °C d’ici la fin du siècle, soit le double du maximum de 2 °C retenu comme limite supérieure acceptable lors de la rencontre de Copenhague, en 2009.
Le rapport publié dimanche s’adresse aux décideurs qui se rencontreront l’an prochain, à Paris. Il défend l’idée que la partie n’est pas encore perdue, mais à lire les recommandations, on n’en croit rien…
Au sujet des conditions nécessaires pour renverser la tendance, on parle de réduire les émissions de GES entre 40 % et 70 % d’ici le milieu du siècle et même de « les éliminer presque totalement d’ici la fin du siècle ».
Or, malgré Kyoto qui fut la seule entente internationale un peu contraignante à ce jour, les plus grands émetteurs continuent toujours d’accroître leurs émissions, et rien ne permet d’entrevoir un changement.
Le Canada qui a déjà abandonné la cible fixée par le protocole de Kyoto pour adopter le même objectif que les États-Unis, soit de réduire ses émissions de 17 % d’ici 2020 par rapport à 2005, n’y parviendra pas faute d’avoir introduit les mesures contraignantes nécessaires.
Au contraire, tous les ministres conservateurs fédéraux, y compris celui de l’Environnement, se sont faits les plus ardents militants de « la cause » de l’exploitation accélérée des hydrocarbures, sans contrepartie favorable à la réduction des émissions de GES, aux économies d’énergie et au transport collectif.
Ils ne sont pas rares les gens qui croient encore possible de concilier l’exploitation d’hydrocarbures et la réduction des émissions de GES. Peut-être ont-ils raison, mais pour l’instant, ni le gouvernement des États-Unis et encore moins ceux du Canada ou de la Chine ne sont parvenus à convaincre de leur détermination à résoudre la quadrature du cercle.
À cause du temps perdu depuis 1995, le GIEC appelle à une révolution basée sur la densification des zones urbaines dans les pays en développement et le rejet des énergies fossiles. Or, force est de constater qu’on assiste partout à la révolution inverse, celle des technologies d’exploitation du pétrole et du gaz de schiste.
Bien des raisons expliquent ce paradoxe, dont celui de l’horizon temporel dans lequel s’inscrivent ces changements. Entre les coûts à court terme pour une économie chancelante et ceux à long terme pour les générations à venir, les élus ont vite fait de choisir.
C’est pour cette raison que les experts du monde entier doivent maintenant unir leurs efforts pour aller au-delà des cris d’alarme en faisant la démonstration des avantages économiques et sociaux d’une première grande révolution industrielle pour ce millénaire.
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