Le premier ministre Philippe Couillard s’est entouré de personnalités au profil économique relevé pour donner de la crédibilité à une plateforme électorale axée sur la croissance et l’emploi. Peut-être eût-il été mieux avisé d’embaucher des magiciens !
S'il faut se fier à la plateforme économique du Parti libéral, le Québec reviendra à l’équilibre budgétaire dès 2015-2016 malgré près d’un milliard de dollars de dépenses supplémentaires en deux ans (crédit rénovation, relance du Plan Nord, réduction des augmentations de tarifs en garderie, nouvelles cliniques d’urgence, soins à domicile, etc.).
Comment est-ce possible ? Simple comme bonjour : grâce à la croissance économique plus rapide générée par l’excellente performance du nouveau gouvernement, à l’apport annuel supplémentaire de 200 millions des sociétés d’État pourtant déjà très sollicitées, et à une nouvelle vague de compressions de 350 millions dans la « bureaucratie » de la santé et de l’éducation.
Alors que le dernier budget Marceau prévoyait un manque à gagner de plus d’un demi-milliard l’an prochain malgré un quasi-gel des dépenses, le cadre financier du PLQ n’inclut rien de tel, mais terminerait quand même ces deux années avec un surplus de 109 millions. De la prestidigitation !
Bien sûr, ce scénario idyllique peut partir en fumée si le nouveau ministre des Finances trouve des horreurs en fouillant dans les tiroirs. C’est d’ailleurs pour cette raison que M. Couillard entend demander au vérificateur général de lui présenter un état des lieux.
Reconnaissons que le choix du personnage est plus judicieux qu’en 2003, alors que Jean Charest avait confié cette tâche à un ancien vérificateur au lieu de celui qui était en poste. Encore faut-il souhaiter que le statut intérimaire de M. Michel Samson n’influence pas la qualité d’une analyse commandée directement par le premier ministre, celui-là même qui proposera le nom du prochain vérificateur permanent pour approbation par l’Assemblée nationale.
Si le travail est bien fait, en toute logique, les conclusions de M. Samson devraient aller dans le même sens que celles auxquelles il est arrivé récemment au sujet de la mise à jour budgétaire de novembre.
Sans rien découvrir de scandaleux, le vérificateur avait alors qualifié « d’ambitieux » le cadre prévisionnel du gouvernement Marois, un synonyme d’irréalisme en termes diplomatiques.
Ce n’est pas seulement à l’analyse de la situation laissée par l’ancien gouvernement que le vérificateur devrait se livrer maintenant, mais aussi du cadre financier du PLQ. Car il apparaît évident que le nouveau gouvernement ne pourra pas se contenter de comprimer les dépenses de « bureaucratie » pour atteindre et maintenir l’équilibre budgétaire tout en dépensant plus et en éliminant graduellement la taxe santé à partir de 2016-2017.
Pour cette raison, il sera très intéressant de voir quelles suites seront données à deux autres engagements libéraux : celui de revoir tous les programmes et celui de créer rapidement une commission dont le mandat sera de proposer « une réforme en profondeur de la fiscalité pour soutenir la croissance et récompenser l’investissement, le travail et l’effort ».
Traduction libre : plus de taxes et de tarifs pour moins d’impôt !
Voilà sans doute le slogan qu’on aurait pu entendre si la campagne avait pris un tournant économique. Mais on ne perd rien pour attendre maintenant que ce gouvernement qui dit vouloir faire de l’économie sa priorité est bien en selle pour quatre ans.
FINANCES PUBLIQUES
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