L'impossible parti social-démocrate

Nouvelle Gauche - La social-démocratie revisitée



Le Parti québécois ne peut avoir, par définition, la social-démocratie comme article 1. Au cours des années 70, ce parti a tenu un discours semblable à celui de l'administration Trudeau-Lalonde. L'État pouvait emprunter et faire des dépenses qui multiplieraient la richesse. Il n'a jamais été question de véritable redistribution des richesses par une fiscalité plus progressive.
Le Parti québécois n'a jamais cherché de solutions pour les exclus, les chômeurs de longue durée, les travailleurs au salaire minimum, les victimes de la désinstitutionnalisation, etc. À cause de son article 1, ses ténors ont appuyé inconditionnellement le gouvernement Mulroney lors de l'élection référendaire sur le libre-échange avec les États-Unis. Leurs membres ont accueilli Lucien Bouchard en messie parce que, croyaient-ils, il ferait dépasser les 50 % lors d'un éventuel référendum.
Les sociaux-démocrates qui voulaient rapatrier l'État-Providence à Québec pour faire de meilleurs programmes sociaux ont alors délaissé la souveraineté. Bernard Landry a confondu colbertisme et social-démocratie (les déboires de la Gaspésia et Alcoa, l'assurance-médicaments qui était d'abord et avant tout une privatisation, etc.). André Boisclair a été choisi chef parce qu'il était champion pour ne pas répondre aux questions de la meilleure intervieweuse du Québec, Dominique Poirier, comme l'écrivait Michel David dans les pages du Devoir. Maintenant Pauline Marois reprend le refrain que nous chante le libéralisme depuis quatre siècles et qu'il nous chantera encore dans quatre siècles: «Il faut produire les richesses avant de les redistribuer.» Et pendant ce temps-là...
Québec solidaire
Des personnes bien enracinées comme Françoise David auraient pu créer ce parti qui aurait tenu compte de ce qui s'est vécu et écrit depuis l'époque du capitalisme sauvage. Elles ont préféré négocier avec l'Union des forces progressistes qui avait fédéré une partie de la gauche radicale au Québec. Pourtant, ce parti avait présenté une plate-forme électorale lors des élections de 2003 qui n'aurait pas eu la note de passage en première secondaire: un gouvernement de l'UFP annulerait la dette des pays du
Tiers-Monde; il instaurerait la taxe Tobin; un Québec souverain dirigé par l'UFP se retirerait de l'ALÉNA.
Le fruit de ces négociations laissait présager une solution de rechange intéressante au libéralisme économique. Au modèle économique dual privé-public, Québec solidaire opposait le modèle quadripartite: le travail domestique fait partie intégrante de l'économie; le secteur privé constitué d'entreprises dont le but est de faire des profits et qui acceptent les lois sociales et environnementales que le Québec se donne; le secteur d'État; les secteurs communautaire et coopératif qui fonctionnent selon une autre logique.
Les 25 engagements électoraux, chiffrés au besoin, respectaient ce modèle et présentaient un cadre budgétaire de 6 milliards de dollars (aucun observateur n'en a contesté le réalisme).
La direction de Québec solidaire a préféré dérouler le tapis rouge aux chapelles fédérées par l'UFP, même si celles-ci ne croient pas au rôle du secteur communautaire et diabolisent l'entreprise privée. Depuis lors, dans les assemblées locales, les personnes qui s'inquiètent du sort des personnes à faible revenu qui doivent payer un taxi parce qu'il n'y a plus de service à la fin de l'heure de pointe lors de la grève des employés de la STM sont considérées à droite.
Celles qui considèrent qu'il serait plus pertinent de donner un salaire à une personne qui a deux baccalauréats et que les aléas de l'existence a condamnée à l'aide sociale pour aider les personnes qui retournent terminer leurs études que d'améliorer le sort des personnes qui ont un 5e secondaire et qui gagnent 50 000 $ à la STM se font répondre qu'elles sont du côté de Mario Dumont. Elles se font dire que les personnes qui votent pour l'ADQ ont été «brainwashées par la presse bourgeoise» et que si elles ont fait l'erreur de croire Jean-Robert Sansfaçon sans trouver la réponse précise sur le site de la CSN, elles sont antisyndicalistes.
Les débats à la 110 % «Pour ou contre la guignolée?» ont toujours eu un plus grand auditoire à Télé-Québec que l'Émission Chasseurs d'idées du regretté Jean-Pierre Véronneau. Il existe des solutions, non pas pour instaurer la société sans classes, mais pour atténuer «la fracture sociale». Le problème, c'est que personne ne veut les présenter aux électeurs. Il faudrait un effort intellectuel et c'est trop demander... Fort heureusement, la question ne se pose pas seulement au Québec.
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Richard Langelier, Ex-membre de Québec solidaire


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