La Libye a voté pour l’exception. Alors qu’en Égypte et en Tunisie, les populations ont porté au pouvoir des formations politiques qui sont dans les faits des succursales des Frères musulmans, voilà que les Libyens ont choisi la coalition libérale dirigée par Mahmoud Jibril. La victoire de l’Alliance des forces nationales, c’est son nom, devrait être officialisée au cours des prochains jours.
Ce scrutin, il faut le souligner, s’est déroulé selon les règles de l’art, ont assuré les observateurs européens dépêchés sur place. Non seulement ça, mais le taux de participation de 60 % a surpris ces derniers comme bien des acteurs de la scène politique locale. En effet, on s’attendait à ce qu’après 40 ans de terreur portant l’empreinte du colonel Kadhafi et les difficultés inhérentes à l’organisation d’un scrutin, la fréquentation soit moins élevée. D’autant…
D’autant que les partisans du fédéralisme s’étaient promis, par l’intermédiaire de leur milice que l’on dit bien armée, de transformer cet exercice démocratique en un échec. Ils ont échoué. Ils ont échoué parce que les citoyens de Benghazi et des autres villes de la Cyrénaïque, la région est du pays, ont eu le courage de les défier. D’exprimer leur opposition à la volonté affirmée par le Bloc national fédéraliste de « fédéraliser » un pays qui se distingue effectivement par son écheveau clanique, tribal.
Le Bloc en question estime que les préférences économiques accordées par Kadhafi à Tripoli et ses environs, de 1969 à sa chute l’an dernier, ont eu pour résultat net un appauvrissement généralisé et rapide de Benghazi. Le tout s’accompagnait d’une politique logeant à l’enseigne de la répression, les habitants de cette ville n’appartenant pas à la même famille tribale que le colonel. Toujours est-il que les fédéralistes avaient exigé que les 200 sièges de la future assemblée soient répartis à égalité entre les trois grandes provinces qui forment la Libye.
Dans un premier temps, le Conseil national de transition (CNT) avait dénoncé son aval à un tel découpage avant de se ranger derrière l’argument démographique. De fait, la Tripolitaine, région ouest du pays, aura plus de députés - une centaine - que la Cyrénaïque, qui disposera de 60 élus, alors que le Fezzan, soit le sud du pays, en aura 40.
Cela étant, lors de son allocution après la divulgation de résultats qui demeurent pour l’instant officieux et non officiels, Mahmoud Jibril s’est engagé à donner le coup d’envoi à un dialogue national « pour parvenir à un compromis, un consensus sur la base duquel la constitution peut être rédigée ». Reste à savoir, et à surveiller, si la charia sera la source principale de la loi fondamentale de la Libye.
Élections en Libye
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé