Le ministre du Travail, David Whissell, ne peut plus cumuler une participation dans la propriété d’une entreprise d’asphaltage et sa présence au Conseil des ministres, même s’il n’a jamais été établi qu’il ait posé quelque geste pour que cette dernière soit favorisée dans l’attribution des contrats gouvernementaux. Il doit faire un choix.
La marque de commerce « libéral » a une réputation fragile en matière d’intégrité, encore plus depuis le scandale des commandites à Ottawa, et la présente situation du ministre Whissell est devenue embarrassante pour son chef Jean Charest, ses collègues du cabinet et son parti. L’opposition tient un os et ne démordra pas de l’automne. Le Syndicat de la fonction publique a, de son côté, réclamé une enquête du Vérificateur général sur les contrats octroyés sans appels d’offres à son entreprise, ABC Rive-Nord, totalisant 800 000 $ dont un de 564 000 $ pour des travaux dans son propre comté.
Les contrats de plus de 100 000 $ doivent faire l’objet d’appels d’offres, sauf pour des urgences ou pour soutenir les entreprises de régions éloignées. Or, Argenteuil est à 70 km seulement de Montréal.
En fiducie
M. Whissell se défend que les actions qu’il détient dans ABC Rive-Nord ont été placées en fiducie et qu’il respecte donc scrupuleusement les règles d’éthique. Or, ces règles ont justement été modifiées par Jean Charest pour accommoder M. Whissell.
D’autre part, même si le ministre n’est pas intervenu de quelque façon auprès de l’appareil administratif en faveur de son entreprise, la situation demeure embarrassante pour les hauts fonctionnaires responsables de l’attribution des contrats.
Le monde de l’asphalte au Québec est un petit monde. Les fonctionnaires ne pouvaient ignorer que M. Whissell était copropriétaire (à 20 %) de cette entreprise, ni les concurrents de ABC Rive-Nord. Les fonctionnaires n’ont alors pas besoin de recevoir des directives précises. Ils supposent ce que le pouvoir politique attend d’eux. La tentation peut aussi être forte d’accélérer son plan de carrière en privilégiant la compagnie d’un ministre.
Un choix
M. Whissell est un gentilhomme, apprécié au PLQ et qui ne fait pas de la politique de façon bassement partisane. La situation inconfortable dans laquelle il s’est placé entache cependant sa feuille de route.
Avec toute l’expérience qu’il possède, Jean Charest devait bien savoir que son ministre et tout son gouvernement seraient éventuellement éclaboussés par la situation personnelle de M. Whissell. Il a agi avec désinvolture dans ce dossier.
L’affaire Whissell est par ailleurs lancée dans le contexte d’une chasse à la corruption à la Ville de Montréal. Le climat politique ambiant est malsain.
De plus, le gouvernement a été mis dans l’embarras récemment par Philippe Couillard qui a obtenu un emploi d’un consortium de cliniques privées alors qu’il était encore ministre. Le nouveau député de Rivière-du-Loup, Jean D’Amour, fait pour sa part l’objet d’une enquête du Commissaire au lobbyisme pour avoir fait la promotion auprès d’élus municipaux de la firme d’ingénierie BPR dont il était le directeur du développement des affaires. M. D’Amour était aussi de mars 2008 à juin dernier président du PLQ.
Le premier ministre et certains membres de son gouvernement étirent l’élastique de l’éthique. Il leur reviendra sur le nez.
L’éthique élastique
Le ministre du Travail, David Whissell, ne peut plus cumuler une participation dans la propriété d’une entreprise d’asphaltage et sa présence au Conseil des ministres,
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