Pour démocratiser davantage les sphères politiques et médiatiques au Québec, le gouvernement doit améliorer le contrôle et la transparence relativement au financement des partis politiques, aux dépenses publiques du gouvernement québécois et au domaine médiatique par l’adoption de nouvelles lois dans ces 2 sphères de la société québécoise.
Il n’est pas normal que la ministre Courchesne vienne déclarer que selon la politique de financement du gouvernement Charest, chaque ministre devait amasser des fonds d’au moins 100 000 $ et ce n’est pas plus normal que le premier ministre Charest reçoive, en plus de son salaire de premier ministre, un salaire additionnel de 75 000 $. Il ne faudrait pas oublier non plus qu’encore aujourd’hui il y a d’innombrables subventions à l’endroit des partis politiques qui proviennent de sources anonymes. On voit bien que dans le domaine du financement des partis politiques il y a un manque flagrant de transparence et de contrôle.
Ce manque de transparence et de contrôle est encore pire dans le domaine des dépenses publiques du gouvernement québécois. Est-il normal que le gouvernement Charest ait consenti, sans appel d’offres, un faramineux contrat à l’entreprise ABC-Rive Nord dans le secteur de la construction. Comme par hasard, le ministre David Whissell possédait 20 % des actions de cette entreprise. Il y a également les primes de départ des ministres qui sont innacepatbles et injustifiés. L’ex-ministre des finances, Monique Jérôme-Forget, a reçu une imposante prime de départ de 150 000 $. Les coups non règlementaires son aussi nombreux sur la scène municipale. Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, ancien ministre libéral, a été aux prises avec le scandale des compteurs d’eau pendant la majeure partie de son dernier mandat.
Puis, est-il normal que Paul Desmarais possède plus de 70 % des médias écrits québécois. Le plus grand journal de la région de Montréal, le journal La Presse, le plus grand journal de la région de Québec, le journal Le Soleil et la plus importante firme de sondage au Québec, la firme Croop - La Presse appartiennent tous à M. Desmarais. Les possessions de M. Desmarais et son influence médiatique font en sorte que l’empire Desmarais est en réalité un véritable État autonome dans un État québécois. La surreprésentation de Paul Desmarais sur la scène médiatique a comme terrible conséquence que le gouvernement Charest est protégé contre tout débat politique, dynamisme politique et changements majeurs dans les sphères sociales, culturelles, économiques et politiques. Les pouvoirs médiatiques presque illimités de M. Desmarais endorment la scène politique sur un fédéralisme incontestable et permettent le maintien au parlement d’une stabilité politique inquiétante. En théorie, le Québec fonctionne sous un système politique multipartiste, mais dans les faits, étant donné que le Parti libéral est immunisé contre tout débat politique et toute opposition, les citoyens ont l’impression de vivre sous un système politique monopartisme, comme c’est le cas en Iran et à Cuba.
Dans les sociétés occidentales modernes, les acteurs sociaux les plus importants pour générer de la compétition, du dynamisme, des changements et des révolutions dans toutes les sphères d’une société sont incontestablement les médias. Malheureusement, au Québec, la majeure partie des journaux, des firmes de sondage et des magazines sont sous la propriété de M. Desmarais. Ce qui veut donc dire que la majeure partie des médias québécois suivent une seule idéologie et une seule vision qui puisse être acceptable, celle de Paul Desmarais. On doit alors oublier le fourmillement des idées qui est le fruit des sociétés les plus démocratiques et les plus évoluées. Lorsqu’on regarde la monopolisation de la richesse québécoise, des médias québécois, des idées et des débats politiques, il n’est pas surprenant de remarquer que Jean Charest se maintienne aisément au pouvoir sans faire preuve de dynamisme et sans avoir à se salir les mains pour entreprendre des changements majeurs dans la société québécoise.
Les Québécois ne peuvent plus attendre après le gouvernement pour amorcer des changements, ils devront eux-mêmes être les artisans du changement par la voie de la contestation et de la manifestation, comme l’ont fait les Québécois durant la Révolution tranquille.
de Emmanuel Denis
L'Empire Desmarais - un État dans l'État
Démocratisons les sphères politiques et médiatiques
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
22 janvier 2010Et voilà la dictature de l'argent. C'est désolant de regarder et d'écouter les annonceurs à la télévision. À chaque fois, je me dis :"Savent-ils ? Comprennent-ils de quoi ils parlent ? Sont-ils au courant de tout ce qui se trame ou inconscients ?
Personne d'entre eux ne jette un oeil sous les couvertures où grouillent les crapules ?
Parfois, après une réflexion de l'un ou l'autre, je crois, qu'enfin, nous saurons qu'ils savent et qu'ils veulent nous passer le message mais, bien vite, je retombe sur terre : la balloune me pète dans la face. Rien ne sera dit. Tous ces vilains canards médiatiques pataugent dans la glue. Chacun pour soi. Chacun dans son petit rôle ne franchira jamais la marque à la craie que lui a tracé le grand Metteur en scène, le Big Boss.
Je les écoute ces annonceurs et ces animateurs-trices : je ne fais plus confiance à aucun d'entre eux. Ce sont tous et toutes des trompe-l'oeil et des trompe-l'oreille.
Misère à poil !
Isabelle Poulin Répondre
22 janvier 2010Voici un extrait de 'Derrière l'état Desmarais' (page 166)de Robin Philpot:
'Ses intérêts étant dominés par les assurances et la gestion de la richesse, Power Corporation a également intérêt à se doter d'une banque. Dans les années 1980, selon un ancien haut fonctionnaire de la caisse de dépôt et de placement, Paul Desmarais voulait acheter la Banque Nationale, principale banque désservant les petites et moyennes entreprises québécoises. Des modifications récentes à la Loi sur les banques font en sorte que la Banque Nationale est maintenant achetable ! En effet, comme l'a démontré Jacques Parizeau lors d'une conférence en février 2008, Ottawa a modifié la Loi sur les banques pour qu'un seul actionnaire puisse détenir jusqu'à 65 % de la Banque Nationale. En revanche, Ottawa a fixé le plafond à 20 % pour les cinq grande banques canadiennes dont le siège effectif est à Toronto, soit la Banque Royale, la CIBC, la Toronto Dominion, la Banque de Montréal et la Banque Scotia. La porte est donc ouverte pour Power Corporation.'
J'en reste bouche bée.