SONDAGE LÉGER-LE DEVOIR

L’effet PKP profite aux libéraux de Couillard

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Une lutte serrée

L’onde de choc créée par la profession de foi souverainiste de Pierre Karl Péladeau profite non pas au Parti québécois (PQ), mais plutôt au Parti libéral du Québec (PLQ), qui fait le plein d’appuis chez les électeurs fédéralistes francophones.

Dans la foulée de la candidature de M. Péladeau pour le PQ, les partis de Philippe Couillard et de Pauline Marois se trouvent désormais à égalité avec 37 % des intentions de vote, indique un sondage Léger Marketing réalisé pour le compte du Devoir et du Globe and Mail. La Coalition avenir Québec (CAQ) suit avec 14 %, et Québec solidaire ferme la marche avec 9 % des intentions de vote.

L’issue du scrutin demeure incertaine après 10 jours de campagne, estime la firme de sondage. Les appuis au PQ n’ont pas bougé depuis le dernier sondage Léger, il y a une semaine. La légère remontée du PLQ se fait au détriment de la CAQ de François Legault, qui a perdu quatre points chez les électeurs francophones. Dans ce segment crucial de l’électorat québécois — parce que les anglophones se trouvent surtout dans l’ouest de Montréal et en Outaouais —, le PQ domine à 44 %, suivi du PLQ à 27 % et de la CAQ à 15 %.

Ce coup de sonde de Léger a été effectué auprès de 1205 répondants, de mardi à jeudi de cette semaine. L’enquête est non probabiliste, puisqu’elle a été menée sur Internet.

Il s’agit du premier sondage qui mesure l’effet de la candidature de l’homme d’affaires Pierre Karl Péladeau pour le Parti québécois. Les nouvelles sont incertaines pour le PQ, bonnes pour le PLQ et mauvaises pour la CAQ. Les quatre points perdus depuis une semaine par François Legault sont allés directement au PLQ, perçu comme un rempart contre le projet souverainiste.

« On assiste à une polarisation de l’électorat entre fédéralistes et souverainistes,explique Christian Bourque, le vice-président exécutif de Léger Marketing. À court terme, ça bénéficie aux libéraux, mais il n’y a vraiment rien qui est joué. »

Retour de la souveraineté

L’entrée en scène de Pierre Karl Péladeau, dimanche dernier, a transformé la campagne électorale. L’actionnaire de contrôle de l’empire Québecor a affirmé qu’il saute dans l’arène d’abord et avant tout pour « faire du Québec un pays ». L’indépendance a été le thème dominant de la dernière semaine de campagne.

La volonté souverainiste clairement affichée de Pierre Karl Péladeau a toutefois fouetté à la fois les indépendantistes et les fédéralistes. Le Parti québécois a solidifié ses intentions de vote ; 79 % des péquistes affirment que leur appui est coulé dans le béton. Le problème du PQ — et la bénédiction du PLQ — c’est que la majorité des Québécois ne veut pas de référendum. Le Non l’aurait d’ailleurs emporté par une majorité sans équivoque de 59 % si une consultation sur l’indépendance du Québec avait eu lieu cette semaine.

« Les gens ne veulent pas entendre parler de souveraineté. Ils disent que le Parti québécois n’aurait pas un mandat pour faire l’indépendance s’il était élu », dit Christian Bourque.

« Les enjeux gagnants en campagne sont les enjeux de bon gouvernement », précise l’analyste de Léger Marketing.

De fait, la souveraineté est l’enjeu le moins populaire dans cette campagne électorale ; 69 % des répondants souhaitent en entendre parler le moins possible. La charte des valeurs est un sujet presque aussi peu populaire — 63 % des électeurs ne veulent pas en entendre parler. Ça ne veut pas dire que les électeurs sont contre la charte, ils y sont même favorables, mais ils n’ont pas besoin de se faire convaincre puisque leur opinion est faite, explique Christian Bourque.

À l’inverse, les enjeux les plus importants sont l’économie et la création d’emplois (pour 85 % des répondants), la santé (84 %), les finances publiques (77 %), l’éducation (73 %) et la corruption (49 %).

Candidats vedettes

Il y a une semaine, la majorité des sièges à l’Assemblée nationale paraissait accessible à Pauline Marois en raison de l’avance considérable du PQ auprès de l’électorat francophone. La remontée du PLQ chez les francophones vient « complexifier la lecture de la campagne », estime Christian Bourque.

Les résultats du sondage suggèrent que la CAQ de François Legault (qui détient 19 sièges) devra se contenter d’une poignée de députés. L’absence d’un bloc important d’élus autres que péquistes ou libéraux augmenterait la probabilité que le prochain gouvernement soit majoritaire, note Léger Marketing.

Personnage flamboyant, Pierre Karl Péladeau ne laisse personne indifférent. La proportion des électeurs qui ont une opinion favorable au magnat de la presse (42 %) est à peu près la même que ceux qui en ont une opinion défavorable (40 %).

L’autre candidat vedette de cette campagne, le Dr Gaétan Barrette — ancien caquiste devenu libéral — est moins populaire : 48 % des répondants ont une mauvaise opinion du candidat, qui était président de la Fédération des médecins spécialistes. « Ça devrait allumer un clignotant orange pour les libéraux », croit Christian Bourque. Le PLQ a envoyé le Dr Barrette au front dans la circonscription de La Pinière, sur la Rive-Sud de Montréal, pour déloger Fatima Houda-Pepin, ex-libérale devenue indépendante après un affrontement avec son chef Philippe Couillard au sujet de la charte de la laïcité.

Fait à noter, Pauline Marois est perçue comme le chef qui mène la meilleure campagne (31 %, comparé à 19 % pour Philippe Couillard et 10 % pour François Legault) et qui a présenté la meilleure équipe de nouveaux candidats.



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