C’est ici que ça se joue. Une quinzaine de circonscriptions à majorité francophone auront une influence déterminante sur les résultats du scrutin. La performance de la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault pèsera lourd dans la balance. Le Parti québécois parie sur l’effondrement des appuis de la CAQ, suggéré par les sondages, pour obtenir la majorité des sièges à l’Assemblée nationale. Mais l’histoire démontre que tout peut survenir dans une campagne électorale. Le raz-de-marée adéquiste du scrutin de 2007 et la vague orange de mai 2011 ont fait mentir tous les pronostics.
Abitibi-Est
Libéraux et péquistes ont alterné au pouvoir depuis quatre décennies dans cette circonscription clé, qui a été le fief du libéral Pierre Corbeil. La députée Élizabeth Larouche, du Parti québécois, élue par une majorité de 777 voix en 2012, affrontera notamment le libéral Guy Bourgeois, figure connue du développement régional.
Blainville
Le député sortant, Daniel Ratthé, a été péquiste en 2008, caquiste en 2012, puis indépendant. Le Parti québécois compte profiter de ce triste spectacle pour reprendre ce château fort souverainiste de la couronne nord de Montréal. De gros noms — l’ex-député Nicolas Girard ou Gyslaine Desrosiers, ex-présidente de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec — sont évoqués pour porter les couleurs du PQ.
Charlesbourg
Ça va jouer dur dans cette circonscription volage de la région de Québec, qui n’a jamais été fidèle à un seul parti. Trois grosses pointures se font la lutte : la députée sortante Denise Trudel pour la CAQ, l’ex-journaliste Dominique Payette pour le PQ et le doyen de la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval, François Blais, pour le PLQ. Un test crucial pour les trois principaux partis.
Drummond–Bois-Franc
Si François Legault veut garder son parti en vie, il doit conserver cette circonscription remportée par un député issu de la mouvance adéquiste. Élu une première fois en 2007 avec l’Action démocratique du Québec (ADQ) de Mario Dumont, Sébastien Schneeberger a gagné par 2505 voix au dernier scrutin. Deux adjoints de ministre sont pressentis comme candidats : Frédéric Côté (attaché d’Yves-François Blanchet) et Annie Jean (défaite en 2012, attachée d’Élaine Zakaïb).
Groulx
Le pauvre François Legault a reçu un autre coup de massue, mercredi : la Dre Hélène Daneault, députée vedette de la CAQ, a annoncé son retrait de la vie politique. La circonscription de Groulx, dans la couronne nord de Montréal, représente le pain et le beurre du parti de M. Legault. Le successeur caquiste de Mme Daneault aura le défi considérable de battre la candidate pressentie du PQ, l’ex-leader étudiante Martine Desjardins.
La Pinière
Ce sera David contre Goliath. Fatima Houda-Pepin se battra avec l’énergie du désespoir pour faire payer Philippe Couillard, qui l’a expulsée du caucus libéral sur fond de divergence irréconciliable au sujet de la charte de la laïcité. Le Dr Gaétan Barrette, ancien caquiste devenu libéral, débarque dans la circonscription armé de sa notoriété et d’une réputation nouvellement acquise de vire-capot. En prime, il fera campagne avec les 20 000 $ amassés par l’association libérale sous Mme Houda-Pepin. Les électeurs qui ont donné une majorité de 10 331 voix à « Fatima », comme les gens l’appellent ici, resteront-ils fidèles à leur députée ou au Parti libéral ?
La Prairie
S’il y a un endroit qui peut basculer d’un côté comme de l’autre, c’est cette circonscription de la Rive-Sud. Le député caquiste Stéphane Le Bouyonnec a remporté une des plus faibles majorités en 2012 — tout juste 75 voix. Depuis le scrutin de 1976, le Parti québécois, le Parti libéral et l’ADQ ont aussi détenu la circonscription. L’économiste Pierre Langlois, chef de cabinet de la ministre Élaine Zakaïb, tente à nouveau sa chance pour le PQ, après son échec amer d’il y a 18 mois.
L'Assomption
François Legault livre la bataille de sa vie non seulement pour l’avenir de son parti, mais aussi dans L’Assomption, où il a été élu par la faible marge de 1078 voix en 2012. Jacques Parizeau a détenu cette circonscription fortement nationaliste de 1989 à 1995. L’ex-député bloquiste Pierre Paquette, revenu à l’enseignement après la vague orange qui a déferlé sur le Québec en mai 2011, affrontera François Legault pour le Parti québécois.
Mégantic
Quand la tragédie a frappé Lac-Mégantic en juillet dernier, une jeune femme est sortie de l’ombre : Isabelle Hallé, directrice générale de la chambre de commerce locale, a inspiré ses concitoyens à se relever les manches. Pauline Marois a été impressionnée. Elle a invité Mme Hallé à présenter sa candidature pour le PQ. Le député libéral Ghislain Bolduc, élu par 1099 voix, doit s’attendre à voir la caravane de Pauline Marois débarquer en ville.
Nicolet-Bécancour
Jean-Martin Aussant avait brouillé les cartes au dernier scrutin. L’ancien chef d’Option nationale — qui travaille aujourd’hui dans le milieu de la finance à Londres — avait terminé deuxième, à 1876 voix de Donald Martel, élu aux couleurs de la CAQ (et qui se représente). Sans adversaire charismatique qui divise le vote souverainiste, le PQ mise cette fois sur Jean-René Dubois, retraité de l’éducation. Le Parti libéral n’a pas dit son dernier mot : l’agriculteur et producteur laitier Denis Vallée, qui se joint à l’équipe de Philippe Couillard, est persuadé de gruger dans les appuis de la CAQ.
Roberval
Philippe Couillard n’a pas peur des défis. Il aurait pu se réserver la forteresse libérale d’Outremont, où il a été élu à l’élection partielle de novembre dernier. Il a plutôt décidé de tenter sa chance dans Roberval, où il habite depuis sa retraite politique en 2008. Il affronte le péquiste Denis Trottier, élu pour la troisième fois en 2012 par une majorité plus que confortable de 5912 voix.
Saint-François
Le ministre Réjean Hébert doit travailler fort pour défendre son siège. Il s’accroche à une majorité de 65 voix. Sa circonscription de la banlieue sherbrookoise a été durant sept mandats le fief incontesté de l’ex-ministre libérale Monique Gagnon-Tremblay, fidèle alliée de Jean Charest. Cette fois, le PLQ s’en remet à Guy Hardy, ex-agent d’assurance et propriétaire d’un garage de réparation de pare-brise.
Saint-Jérôme
Jacques Duchesneau, justicier sans peur et sans reproche de la CAQ, tire sa révérence après un seul mandat de 18 mois. François Legault et Pauline Marois font des pieds et des mains pour dénicher des candidats vedettes dans cette banlieue nationaliste de la couronne nord. Il faut parier que le parti qui remportera cette circonscription fera aussi des gains à l’échelle du Québec.
Trois-Rivières
Le Parti québécois est convaincu d’avoir gagné le gros lot à Trois-Rivières : Alexis Deschênes, ancien journaliste vedette de la télévision, se lance dans cette circonscription qui a élu un péquiste pour la dernière fois en 1998. Deschênes arrive auréolé d’une notoriété imbattable. Candidat parachuté, il trouvera sur son chemin un candidat libéral « pure laine » de Trois-Rivières. Jean-Denis Girard, ex-président de la Chambre de commerce du Centre-du-Québec, s’est fait connaître en dénonçant la fermeture de la centrale Gentilly-2 par le gouvernement Marois.
Verdun
Forteresse libérale représentée depuis 25 ans par Henri-François Gautrin (qui prend sa retraite), Verdun verra de l’action durant la campagne électorale. Philippe Couillard envoie au front Jacques Daoust, ex-p.-d.g. d’Investissement Québec, qui avait été pressenti pour devenir numéro 2 de l’administration Coderre à l’Hôtel de Ville. Le Parti québécois mise sur une candidate au profil opposé : Lorraine Pintal, la directrice artistique du Théâtre du Nouveau Monde, saute dans l’arène pour Pauline Marois. Des péquistes la voient déjà ministre de la Culture.
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