Charles, de Montréal, proteste: « Il me semble que la question du Jour J-20 est la déclaration incroyable de Charest sur la partition. C'est indigne d'un Premier ministre du Québec. Étant donné le sérieux de la chose, je m'étonne qu'il y ait si peu de réactions. Suffit-il qu'il dise "oups, lapsus" pour qu'on fasse mine de le croire ? »
Vous avez tout à fait raison, cher ami. Je n'ai jamais cru à la théorie du lapsus. N'oublions pas que le fameux échange sur la partition du Québec s'est produit en anglais, une langue que le premier ministre maîtrise parfaitement. Tout au plus s'est-il empêtré dans une double négation.
Non, la déclaration de Jean Charest se situe dans la logique du vice-président du Comité du Non lors du référendum d'octobre 1995. Elle se situe aussi dans la logique du chef du Parti conservateur que l'on n'a pas entendu protester bien fort lors du débat sur la Loi sur la clarté. Elle reflète surtout la triste réalité dont je vous faisais part le 26 février - «Mais qui manipule la campagne de Jean Charest?» - et l'influence de cadres du Parti libéral fédéral et du clan Johnson, toujours présent dans l'entourage de M. Charest.
La preuve que ce n'était pas un lapsus c'est que Jean Charest en a remis ce matin alors qu'il se trouvait dans Charlevoix. Il est vrai que la victoire d'un Oui au référendum déclencherait une vague de contre-référendums et d'appels à la partition venant de groupes autochtones et de quartiers anglophones ou ethniques de la région de Montréal. Mais il n'appartient pas au premier ministre - gardien de l'intégrité territoriale du pays - de présenter cela comme inévitable. Quant à la réplique du premier ministre: « La meilleure façon d'éviter le débat sur la partition est de voter pour le Parti libéral du Québec (PLQ) à l'élection du 26 mars », c'est du Jean Chrétien tout craché.
Plus le temps passe, plus Jean Charest déçoit. Quand il n'est pas mesquin pour ses adversaires, ou méprisant pour les 45 % de Québécois qui croient encore à la souveraineté, il est carrément arrogant comme un militant du Parti libéral du Canada! S'il continue, il ne sera bientôt plus d'aucune utilité pour Stephen Harper...