Le mardi 6 mars, Jean Charest déclarait dans une entrevue que le Québec serait divisible après un OUI à la souveraineté dans un référendum. En soirée, il publiait en catastrophe un communiqué où il soutenait avoir commis un « lapsus » et où il réitérait que le territoire du Québec est indivisible. Les jours suivants, il soulevait de nouveau le danger de la partition du Québec suite à la souveraineté.
Face aux menaces de partition, il n’y pas d’illusions à se faire…
On aura compris qu’il ne s’agissait pas là d’une simple bourde mais qu’il s’agissait pour Jean Charest de mousser l’insécurité de nombre d’électeurs et d’électrices face à une telle éventualité. En fait, la théorie de la partition est utilisée par les ennemis du mouvement indépendantiste depuis longtemps pour semer la peur face au processus de marche du Québec vers la souveraineté.
Un secteur de la communauté anglophone qui a toujours nié la réalité nationale du Québec dit haut et fort qu’il n’acceptera jamais un vote même majoritaire pour la souveraineté. Ce secteur se dit prêt à exiger le maintien du lien avec le Canada des comtés ou régions où les fédéralistes seraient majoritaires. Leur phraséologie est claire : si le Canada peut être divisé, le Québec peut l’être aussi. Les partitionnistes pas plus que les autorités fédérales d’ailleurs ne reconnaissent notre droit à l’autodétermination. Dans sa campagne contre le mouvement indépendantiste, le chef actuel du Parti libéral du Canada, Stéphane Dion, a soutenu une telle orientation. Stephen Harper, en des temps où il ne faisait pas la cour à la droite québécoise, n’a pas hésité à enfourcher la même monture.
Le combat contre la domination de l’État fédéral sur le Québec ne sera pas facile. Il faudra beaucoup de détermination et d’organisation pour résister au chantage antidémocratique des autorités fédérales. Que le chef fédéraliste Jean Charest soulève cette hypothèse de la partition, non pour dénoncer le caractère antidémocratique de cette campagne de peur mais pour en tirer quelques dividendes électoraux est tout simplement odieux. Devant les partitionnistes, notre position doit être sans équivoque… Nous refusons cette démagogie et cette politique de peur. Nous refusons cette négation du droit à l’autodétermination de la nation québécoise.
La défense de l’intégrité territoriale ne se fera pas sans la reconnaissance de droits territoriaux des nations autochtones.
Mais, il ne faut pas tout confondre et identifier les attaques partitionnistes contre le droit à l’autodétermination du Québec avec la défense légitime d’un tel droit par les nations autochtones et leur compréhension de ce droit.
Les gouvernements péquistes ont reconnu les nations autochtones. Ils ont négocié un certain nombre d’ententes avec des compensations financières permettant d’ouvrir le nord au développement de l’exploitation des richesses. Ils ont reconnu aux nations autochtones le droit à l’autonomie à l’intérieur du Québec et à la protection de leur culture, de leur langue et leurs traditions. Mais ces ententes négociées avec compensation financière – par exemple, la Convention de la Baie James de 1973 ou encore la Paix des Braves de 2001 - ont eu comme principal objectif non pas la reconnaissance des droits aborigènes mais celui d’ouvrir le Nord québécois à l’exploitation des ressources hydroélectriques, forestières et minières.
Elles ont parfois visé l’extinction des droits autochtones. Elles ont toujours cherché à fonder l’autorité finale de l’Assemblée nationale sur les dévolutions de pouvoir. Elles ont d’abord été des ententes évolutives déterminant le cadre dans lequel s’exerceront les pouvoirs, les droits et les responsabilités des autochtones sous l’autorité des gouvernements supérieurs. Ces ententes ne sont jamais apparues comme pleinement satisfaisantes pour les différentes nations autochtones du Québec.
Cette approche des gouvernements du Québec n’a pas été jugée suffisante par les nations autochtones car tous ces gestes se situaient dans le respect des cadres institutionnels de l’État québécois, cadres sur lesquels il n’était pas question de transiger : le respect de l’intégrité territoriale, la souveraineté en dernière instance de l’Assemblée nationale et la primauté législative et réglementaire de l’État québécois. Les institutions devant permettre une certaine autonomie des nations autochtones ne dépassaient guère le rôle d’appendices administratifs. C’est pourquoi, il n’y a jamais eu d’alliance stratégique entre le mouvement souverainiste et les nations autochtones pour leurs revendications. Au référendum de 1995, les tensions ont d’ailleurs été très importantes, particulièrement avec les Cris qui ont tenu référendum autonome qui, à 95%, demandait, qu’en cas de victoire au référendum québécois, la nation Cri reste sous la responsabilité du gouvernement canadien.
Une stratégie indépendantiste conséquente doit opérer un saut qualitatif dans la reconnaissance des droits des autochtones si nous voulons jeter les bases d’une nouvelle alliance stratégique.
Nous ne pouvons fixer à l’avance les modalités d’exercice du droit à l’autodétermination des nations autochtones et proclamer qu’elle ne doit pas dépasser la simple autonomie. La nature du nouvel ordre de gouvernement reconnu, les rapports qui pourront être établis avec le Canada sur des points déterminés, la question des revendications territoriales visant l’élargissement des terres et des ressources accordées aux autochtones, la question de la reconnaissance de la réalité et de la hauteur de la dette écologique et sociale de la société québécoise (de sa réparation) face aux nations autochtones, tout cela devra faire l’objet de négociation de peuple à peuple. Ce sont là les conditions de la nécessaire et nouvelle alliance stratégique entre les indépendantistes et les nations autochtones qui est essentielle à la lutte pour la souveraineté du Québec.
Intégrité territoriale et droits des nations autochtones
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