Le président Barrack Obama a mis fin officiellement aux opérations américaines de combat en Irak. Dans un an, les soldats responsables de la formation de l'armée irakienne partiront à leur tour. Les États-Unis auront alors tiré un trait sur leur aventure dans ce pays. Leur restera à se sortir du bourbier afghan. Le retrait progressif de cet autre front annoncé pour juillet 2011 risque fort d'être retardé.
Dans son intervention solennelle faite depuis le Bureau ovale mardi, Barack Obama a prudemment tiré les leçons de l'occupation de l'Irak. La présidence incarnant la continuité de l'État, il ne pouvait condamner la décision de son prédécesseur d'envahir ce pays, même si, comme il l'a rappelé, il fut l'une des seules voix au Congrès à s'opposer en 2003 à la volonté de George W. Bush de partir en croisade.
La mission que s'était donnée Barack Obama en arrivant à la Maison-Blanche était de mettre fin à cette guerre en évitant aux troupes américaines d'avoir à se retirer dans le déshonneur. Le «surge» décrété par George W. Bush juste avant son départ avait permis de reprendre le contrôle des opérations sur le terrain, et rendu possible la tenue d'élections relativement paisibles grâce notamment à l'appui des sunnites. Les conditions d'un repli étaient alors réunies.
Cette guerre ne fut toutefois en rien honorable. Entreprise sous de faux motifs, des mensonges en fait, elle a conduit à l'élimination d'un dictateur sanguinaire, mais ouvert la porte à l'instabilité sous toutes ses formes et provoqué une guerre civile aussi coûteuse en vies humaines que put l'être l'impôt du sang prélevé par le barbare Sadam Hussein. Selon les chiffres du département d'État américain, il y aurait eu en sept ans 150 000 morts irakiens. Selon d'autres sources, cela pourrait atteindre le nombre de 400 000. Et n'oublions pas les blessés, qui se comptent par centaines de milliers, mutilés à vie par les attentats quotidiens menés par al-Qaïda. Le pays est divisé. Six mois après les élections, les députés ne s'entendent toujours pas sur la formation d'un nouveau gouvernement. L'instabilité est installée à demeure.
Les États-Unis pour leur part sortent meurtris d'une guerre qui leur a coûté 4427 morts et 34 268 blessés... et 1000 milliards. Elle entache leur capacité à influencer le cours des choses au Moyen-Orient. Il leur faudra des années pour se remettre de cet échec dont la responsabilité revient à George W. Bush et ses va-t-en-guerre. Que le premier ministre Jean Chrétien a donc bien fait de dire non à une participation du Canada à cette guerre!
Si l'Irak n'était pas la guerre de Barack Obama, l'Afghanistan est par contre devenu sa guerre. Il a entériné la décision de son prédécesseur d'y pourchasser al-Qaïda, estimant que c'est ce pays qui aurait dû être la cible première des États-Unis. Il a augmenté fortement la présence de ses soldats qui affrontent une résistance talibane de plus en plus vigoureuse. Quant au gouvernement afghan, il est de plus en plus instable. L'objectif d'un retrait fixé impérativement au début à juillet 2011 apparaît plus qu'improbable.
Se retirer d'Afghanistan avec les honneurs de la guerre ne sera pas possible pour le président Obama. Pas plus que cela ne l'a été pour l'Irak. Aujourd'hui, les États-Unis n'exercent qu'un contrôle partiel du terrain. Ce qui n'a pu être fait en neuf ans pourra-t-il l'être en 12 ou 18 mois? Le conflit se prolongera et Washington voudra que ses alliés demeurent à ses côtés. Une situation potentiellement difficile pour le Canada qui, au moment où il s'apprête à quitter ce pays, sera n'en doutons pas à nouveau l'objet de pressions pour y demeurer.
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