Votre troublant documentaire I speak français, madame Marceau, a le mérite de soulever plusieurs vraies questions pour mieux comprendre l’anglomanie galopante des jeunes générations. Sauf deux ou trois, à laquelle une 2e partie pourrait répondre.
Que nous disent d’abord clairement les Madison Boudreau, Morgan Leblanc, Démian Gourdeau, Joshua Pinette, Mégan Lebrasseur et Tommy Morneau ? Simplement ce que leurs parents nous crient à travers ces prénoms qu’ils leur ont imposés : ils étaient déjà si subjugués par l’anglais qu’ils n’ont même pas jugé le français assez prestigieux pour le transmettre à leurs enfants. Au contraire, ils ont baptisé leurs enfants en prévision de leur transfert linguistique.
Une telle mentalité donne sans surprise des enfants qui affirment, dans une même phrase, que le français est don’ compliqué et que par conséquent, ils aimeraient avoir fréquenté l’école anglaise dès le primaire ou, au pire, l’école bilingue. Suivez le fallacieux raisonnement : l’anglais leur apparaît 100 fois plus facile que les autres, alors ils en concluent qu’il faut lui consacrer… plus de temps ! Pour Morgan Leblanc de Chandler, en Gaspésie « l’école bilingue serait même le plus gros progrès pour le Québec ». Vraiment ? C’est aussi ce que croyait l’avant-dernière génération de bien des Cajuns de la Louisiane…
Secundo, aucun intervenant ne mentionne l’acculturation, cette étape qui précède toujours l’assimilation. Un acculturé, c’est par exemple un franco qui écoute presque 100 % de musique en anglais, 100 % de films en anglais, Netflix 100 % en anglais. Je le sais, je leur enseigne au cœur du Kamouraska, là où bien des collégiens ne chantent qu’en anglais pour tuer le temps pendant leurs trajets d’autobus. D’autres, venus du Nouveau/New Brunswick, me demandent, dans mes cours de français, s’ils pourraient faire leur autoportrait en anglais puisque, m’implorent-ils, c’est ce qui les motive le plus.
Tertio, vous nous apprenez que 91 % des francophones de la ville de Québec croient qu’il faut revenir à l’accès universel à l’école anglaise pour tous, ce qui équivaut à émasculer la loi 101. Il faudrait un autre documentaire sur cette ville pour comprendre d’où vient cette conviction. Un indice : c’est ce que répètent ad nauseam depuis 20 ans presque tous les animateurs des radios privées de Québec. Jamais au grand jamais les Fillion, Bouchard ou Landry n’expriment de passion ou simplement de fierté pour le français. Leur langue maternelle, c’est la vieille patente dépassée que leur ont léguée leurs parents babyboomers. Elle pue le renfermé et les boules à mites. Ils la détestent. Pire : ils l’ignorent. Québec n’est que la capitale du heavy metal en anglais et ils en jouissent. Point. Pourquoi protéger une antiquité ?
Que voilà de beaux sujets de documentaire, Karina !
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