André Boisclair persiste et signe : non seulement l’ADQ était derrière le code de vie d’Hérouxville, mais l’ancien parti de Mario Dumont a aussi créé d’autres événements liés aux accommodements raisonnables, affirme l’ex-chef du Parti québécois. Ce dernier est toutefois contredit avec force.
En entretien avec Le Devoir jeudi, M. Boisclair a précisé que la participation de l’Action démocratique du Québec dans le dossier du code de vie d’Hérouxville ne relevait pas de l’écriture du document, mais de sa promotion. « Je ne dis pas qu’ils [l’ADQ] ont tenu la plume. Mais ils ont la promotion, le spin, la commandite » du code, croit-il.
Et pas seulement du code de vie, en réalité : « Les autres événements qui, par la suite, sont sortis » étaient en partie la création de l’ADQ, affirme M. Boisclair. Le clan Dumont aurait donc créé des événements, lui demande-t-on ? « Créés, soutenus, et il y en a eu d’autres après [Hérouxville] qu’eux-mêmes ont certainement soufflé, si ce n’est créé », dit-il. Invité à donner des exemples, André Boisclair a répondu : « je vais m’arrêter là ».
Selon la chronologie des événements présentée dans le rapport de la commission Bouchard-Taylor, plusieurs incidents concernant des accommodements raisonnables ont été discutés dans les médias après l’adoption du code de vie d’Hérouxville, en janvier 2007. Examen de conduite où l’on choisit le sexe de l’évaluateur à la SAAQ, menu sans porc dans les garderies de la CSDM, interdiction du port du hidjab ou du foulard dans des tournois de soccer ou de taekwondo, prière musulmane à la cabane à sucre, etc. Plusieurs ont été rapportés durant la campagne électorale - l’élection a eu lieu le 26 mars 2007.
Au lendemain de ses déclarations-chocs à l’émission Les francs-tireurs, M. Boisclair n’a donc en rien modulé ses propos, jeudi. À Radio-Canada et au Devoir, il a soutenu n’avoir « aucun intérêt à mentir dans cette histoire ». « Je répète ce qu’Éric Duhaime [chroniqueur et ancien conseiller de Mario Dumont] m’a dit », a-t-il expliqué.
M. Boisclair soutient que lui et M. Duhaime ont eu une discussion au sujet d’Hérouxville il y a « plus d’un an ». Ils étaient seuls (M. Boisclair a brièvement évoqué le sujet plus tard lors d’un souper avec M. Duhaime et le coanimateur des Francs-tireurs Richard Martineau). Et il est certain de ce que M. Duhaime lui a dit. « Pensez-vous qu’une conversation comme ça passe comme du beurre dans la poêle ? À l’évidence, ça marque. J’ai une certaine réputation quant à la qualité de ma parole, et je pense que ça vaut en pareille matière. »
André Boisclair dit que les affirmations d’Éric Duhaime lui ont « scié les jambes. C’est pour ça que j’en garde un tel souvenir. Je sais que la politique est parfois dure, mais me faire dire [que l’ADQ était derrière le code de vie], c’est comme si on m’avait donné un coup de bâton sous la ceinture. »
Duhaime
Le problème, c’est que tout le monde dans l’ancien clan de l’ADQ dément avec vigueur - sans compter l’auteur du code de vie, André Drouin, qui jurait dans Le Devoir de jeudi avoir écrit le guide lui-même et sans aucun contact avec aucun parti.
Mario Dumont a rappelé dans son émission à LCN qu’il s’est « toujours dissocié d’Hérouxville », parce qu’il trouvait que « c’était un freak show » qui « n’était pas payant » politiquement.
Sur la même tribune, et plus tard à sa propre émission à CHOI-Montréal, Éric Duhaime a nié avoir dit des telles choses à André Boisclair, avec qui il a néanmoins souvent discuté d’accommodements raisonnables. « Le fait qu’on aurait financé quelque chose… On n’était pas capable de se financer nous-mêmes, on était cassé à l’ADQ » au début 2007, a-t-il dit.
Selon M. Duhaime, l’ADQ n’avait pas besoin d’Hérouxville parce que le « capital politique était déjà en banque » par rapport aux accommodements raisonnables, M. Dumont ayant pris la tête dans ce dossier dès novembre 2006. « C’est vrai que l’ADQ a tiré profit des accommodements », dit-il toutefois.
Lorsqu’on demande à André Boisclair d’expliquer pourquoi M. Duhaime nie avoir fait les affirmations que lui affirme avoir entendu, l’ancien chef du Parti québécois s’étonne : « Comme s’il allait l’avouer », rétorque-t-il. Et il défend sa décision d’en parler publiquement. « On me l’a dit de vive voix ; on m’a souligné que le code était arrivé juste avant l’élection ; André Drouin a dit que le code était comme une blague [en fait, l’auteur a reconnu avoir forcé la note pour que les médias s’intéressent au code]. Ces trois faits m’ont amené à conclure que les propos d’Éric Duhaime étaient véridiques et j’ai partagé cette information », explique M. Boisclair.
Hérouxville: Boisclair en rajoute
L’ADQ était derrière plusieurs autres histoires, dit-il
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