Dossier de l'Afghanistan au sommet de l'OTAN

Harper satisfait de la réponse aux demandes canadiennes

Le Canada en Afghanistan



par Duchesne, André
Lettonie; Riga - Reconnaissant qu'il y a encore des divergences sur la question des restrictions imposées au déploiement de troupes de l'OTAN dans le sud de l'Afghanistan, le premier ministre Stephen Harper estime que les appels du Canada ont été entendus.
" Nous avons fait des progrès sur les objectifs du Canada. J'ai été clair : la priorité de l'OTAN est la mission en Afghanistan ", a-t-il déclaré hier au terme du sommet des 26 chefs d'État de l'OTAN réunis à Riga en Lettonie.
M. Harper s'est réjoui des assouplissements consentis par certains pays au sujet des restrictions (caveats), source de tension depuis des mois entre les membres de l'Alliance. Il n'a cependant pas précisé en quoi cela aidera au travail des 2500 soldats canadiens basés à Kandahar, une des zones les plus dangereuses du pays.
Ces assouplissements permettront de lever les restrictions sur le déplacement de quelque 2500 soldats. Ce qui fera passer de 17 500 à quelque 20 000, le nombre d'hommes pouvant être envoyés en zones de combat. Au total, l'OTAN compte 32 000 militaires en Afghanistan.
Les Pays-Bas, la Roumanie, la Slovénie et le Luxembourg auraient entre autres donné leur accord sur la question. La Grande-Bretagne, l'Estonie et le Danemark seraient aussi du nombre, a dit M. Harper.
Largement montrés du doigt depuis quelques mois en raison de leur refus d'aller dans le sud, la France, l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne ont consenti à lever les restrictions uniquement dans une situation d'urgence.
" Il y a eu un engagement des 26 pays membres à l'effet que dans une situation d'urgence, ils vont s'appuyer l'un l'autre", a déclaré le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer. Mais personne hier n'a voulu avancer une définition claire de ce qu'était une urgence dans le contexte de cette guerre.
De plus, un redéploiement ne signifie pas une augmentation du nombre de militaires sur le terrain.
Le président du Comité militaire de l'OTAN, le général canadien Ray Henault, l'a d'ailleurs reconnu. Les membres de l'Alliance ont été invités à revoir à la hausse le nombre de troupes qu'ils sont en mesure d'ajouter aux forces opérationnelles, a-t-il dit. " A-t-on la réponse aujourd'hui? Non! Nous espérons que nous verrons ces augmentations en nombre et en effectifs très prochainement. "
Il attend une réponse d'ici deux semaines. Le Canada n'a quant à lui pas l'intention d'envoyer plus de troupes.
Les 32 000 soldats de l'OTAN déployés en Afghanistan représentent 85 % des troupes promises par les pays engagés là-bas. " Nous allons continuer à garder la pression sur les nations pour qu'elles remplissent les besoins, on espère, à 100 % ", dit le général Henault.
Tant que l'OTAN n'était pas engagée dans autant de combats, il était acceptable de travailler avec 85 % de troupes. Mais pas dans l'état actuel des choses, a-t-il ajouté.
Il y a urgence et urgence...
Le fait de pouvoir commander à plus de soldats sans restrictions était crucial, dit le général Henault. " Lorsque les troupes sont dans des actions très intenses, notamment en combat, il est critique pour le commandant en théâtre d'être capable de manoeuvrer ces forces ou des forces en réserve pour qu'elles assistent les troupes en opérations, a-t-il expliqué. Pour nous, la réduction des restrictions, c'est presque comme avoir des troupes supplémentaires. "
Depuis leur déplacement dans le Sud, à la fin de 2005, les troupes canadiennes ont eu la vie dure. La grande majorité des 44 soldats canadiens morts depuis le printemps 2002 l'ont été au cours de la dernière année. Le nombre de blessés a monté en flèche. Tout cela en raison de la résistance féroce et la multiplication des attaques des talibans. En dépit des dizaines de victimes canadiennes, anglaises et américaines dénombrées dans le sud depuis le début de l'année, l'OTAN affirme avoir le dessus dans les combats. Elle dit que les talibans comptent leurs morts par centaines.
Les 26 pays de l'Alliance ont aussi accepté d'envoyer plus d'avions et d'hélicoptères pour aider aux opérations.
Le premier ministre Harper n'a pas voulu dire si la diminution des restrictions se traduira par une hausse du soutien de la population canadienne. " Je comprends que les morts, les blessés, c'est difficile pour le Canada " a-t-il dit en ajoutant qu'à ses yeux, les Canadiens ont appuyé cette mission.
À la question de définir ce qu'est une situation d'urgence en Afghanistan, il a répondu que son souhait et celui de l'état-major canadien est de ne pas avoir à faire face à des urgences.
La Russie raille l'OTAN
Plusieurs autres initiatives ont été prises au cours de ce sommet.
Comme prévu, l'OTAN a tendu la main à d'autres nations aspirant à adhérer l'Alliance. L'Albanie, la Croatie et la Macédoine sont invités à passer dans l'antichambre de l'organisation. L'OTAN a aussi annoncé toute une série de mesures dans le cadre de son programme de modernisation militaire.
À Moscou, le conseiller du président Vladimir Poutine en matière de terrorisme, Anatoly Safonov, a raillé la stratégie de l'OTAN qui, affirme-t-il, sépare les bons des mauvais talibans. Le retour en force des talibans est le prix à payer d'une mauvaise stratégie ", a-t-il laissé entendre.


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