Grossir les rangs : les Anglos

Une population doublement minoritaire

Tribune libre

Comment infiltrer l'argumentaire hostile du concitoyen anglophone fédéraliste pour le démanteler et le rebâtir en faveur de l'indépendance, ou du moins le tenir en position de neutralité?

D'abord, qui sont-ils?

La dite «communauté» anglophone du Québec n'existe pas en soi à titre d'entité commune mais plutôt sous trois groupes distincts.

Viennent d'abord les authentiques anglophones d'héritage britannique, irlandais et loyaliste américain.

Ensuite se trouvent certains peuples autochtones anglicisés, notamment les Cris, Inuits, Mohawks et certains Algonquins. Leur anglicisation origine en bonne partie de missionnaires religieux anglais et des efforts passés du gouvernement fédéral.

Finalement se trouvent certaines communautés d'arrivage relativement récent qui n'ont rien d'anglais dans leur héritage et qui se sont volontairement pleinement anglicisés. Elles découlent en bonne partie d'une immigration précédent la loi 101 mais également d'une migration interprovinciale provenant des foyers saturés d'immigrants du Canada anglais d'aujourd'hui. Grecs, Italiens, Libanais, Pakistanais, Philippins, etc, leurs provenances forment par cette adoption discriminatoire de l'anglais un bloc commun d'intérêt.

Trois blocs très différents donc, souvent identifiés à tort comme un seul: les «anglophones».

Chacun a pourtant ses propres sensibilités et craintes vis-à-vis l’indépendance. Mieux comprendre celles-ci aide à clarifier des pistes de solutions pour gagner certains adversaires à la cause et assouplir le monolithe hostile qu'il prétend être.

D'abord, il y a le groupe formé d’anglophones authentiques. Il est le seul en mesure d'argumenter un réel droit culturel à l'anglais. À l'inverse des autres groupes, l’usage de cette langue n'est pas issu d'opportunisme ou de colonisation mais bien d'un héritage culturel et identitaire ancestral. Un discours souverainiste qui souligne trop agressivement l’intention de limiter l'usage de l'anglais est donc perçu à un niveau plus personnel.

La crainte de faire partie d'un Québec souverain vient d'un instinct naturel d'éviter le statut de minorité et perdre celui de majorité. L’héritage culturel populaire anglais a longtemps cultivé une crainte et un mépris de ce qui était français. C’est l’héritage médiéval de la Guerre de Cent Ans, la vieille peur du «continent», de Napoléon, etc. : une animosité ancrée et transmise de plusieurs siècles. La conquête britannique n’est venu que renforcir cette perception du bien-fondé des choses en dominant un adversaire culturel historique. Concevoir vivre sous une autorité francophone non minoritaire fait renaître cette peur instinctive.

Face à ce profil d'électeur, le souverainiste a des avantages et des défis. Les principaux obstacles sont l’attachement patrimonial à la monarchie, le sentiment d'être de la majorité pancanadienne, la réticence à être minoritaire et la crainte de voir sa culture ancestrale directement restreinte.

En contrepoids, il existe des points de ralliement susceptibles d’adoucir les réticences. Plusieurs de ces citoyens sont socialement progressistes et cette touche bohème crée des affinités locales souvent en opposition avec la rigidité plus conservatrice du ROC. Plus bilingues et familiers à vivre parmi une majorité francophone, ils demeurent en bout de ligne plus ouverts d'esprits et mitigés. Par ailleurs, une bonne part de ce groupe est d'héritage irlandais, peu monarchiste et mieux entremarié avec la masse francophone.

Ce groupe d'anglos «de souche» est en déclin démographique et ne constitue plus sa majorité. Certains sont ici depuis plusieurs générations, d’autres sont plus récemment établis, venus étudier ou chercher du travail. Ces derniers sont majoritairement issus des Maritimes, et ont privilégié Montréal pour sa proximité. Pour plusieurs, il s’agit de leur première expérience en milieu de vie francophone et le contexte universitaire ou postuniversitaire de leur aventure ici tend à les assouplir. Il en demeure que ceux établis depuis plusieurs générations seront moins susceptibles de quitter le nouvel État, et donc méritent davantage d'écoute et d’efforts.

Les plus hostiles et réticents sont ceux gardant de liens directs et réguliers avec l'Ontario. Les élections de 1976 et les deux référendums ont d’ailleurs eu comme bénéfice de faire quitter les éléments les plus radicaux, monarchistes et francophobes de ce groupe.

Lorsque Hong-Kong a « quitté » le Royaume-Uni, la population britannique sur place a dû accepter de vivre à titre de minorité, tout comme en Afrique du Sud et en Irlande républicaine. Autrefois inconcevable et inacceptable à ses yeux, l'anglais d'aujourd'hui peut bel et bien vivre à titre de minorité. Peu importe où, il est plus mûr que jamais pour accepter ce statut. Le classique anglo-saxon protestant est d’ailleurs en déclin en Amérique. Pour la première fois de son histoire, la cour suprême des Etats-Unis n’en comporte aucun parmi ses juges.

La deuxième grande composante anglophone est faite d'immigrants anglicisés ou en voie d'anglicisation. Son moteur le plus fort étant constitué d'italiens, de grecs, d’hassidiques, de libanais et plus récemment d'indiens, pakistanais et philippins. Fait encourageant pour le souverainiste, ils se foutent pour la plupart de la monarchie et n'ont aucun attachement culturel particulièrement profond au Canada en soi. Leur attachement est d'abord au dollar et au mode de vie à l’américaine, et donc, par association, à la langue anglaise. En fait, plusieurs d'entre eux sont ici par défaut, n’ayant pu entrer aux Etats-Unis.

D’ailleurs, en contraste flagrant avec l’opinion de plusieurs «vrais» anglais, ce groupe appuierait volontiers quelconque démarche visant à ce que le Québec devienne le 51ième état des Etats-Unis.

Leur opposition à l'indépendance vient d'une peur de perdre le dollar et l'anglais, qu'ils associent comme faisant partie de la recette indispensable au succès de leur famille et clan en Amérique du Nord. Leur argumentaire ne se rattache pas à l'héritage culturel britannique, sa monarchie ou quelconque instinct médiéval francophobe. Ils n’ont pas de profonde allégeance nationale, seulement des intérêts pécuniers liés au succès de leur famille. Contrairement aux «vrais» anglais, ils n'ont aucune réticence à être minoritaires, ils vivent déjà en clans, en communautés.

Leur réticence à appuyer le nouvel État vient aussi d’une crainte de perdre leur passeport. Pour plusieurs, immigrer c’est s'acheter une meilleure vie, s'acheter une citoyenneté et un passeport. Le fédéral exige d'ailleurs que l’immigrant détienne dix milles dollars avant d’être éligible à l’immigration. Le nouveau venu perçoit ses démarches d’immigration comme un placement financier, un investissement, ultimement symbolisé par le passeport.

La réticence à troquer une citoyenneté durement acquise pour une citoyenneté nouvelle crée de toute pièce soulève des questions que trop peu de stratèges souverainistes tâchent de répondre proactivement. La nouvelle citoyenneté sera-t-elle aussi avantageuse ? Est-elle automatiquement octroyée ou risque-t-on de perdre nos droits acquis de citoyens et devoir quitter ? La double citoyenneté sera-t-elle permise ? Précisément, comment s’effectuera l’octroi de la nouvelle citoyenneté ? Le passeport Québécois sera-t-il reconnu aux douanes ? Nous permettra-t-il de visiter la famille restée au pays d’origine ou celle installée en Ontario ?

L'argumentaire souverainiste doit vendre le passeport Québécois comme un item de grande valeur, qui a toutes les raisons d’être aussi fortement désiré. Un passeport automatiquement octroyé et qui vaut autant sinon plus que le précédent pour ne pas créer l’impression de perdre son investissement.

Ce groupe d’anglophones est le plus nombreux et est en expansion. Il est d’ailleurs le principal responsable de l'anglicisation par sa démographie. Le sicilien anglophone de Laval milite pour l’anglais de façon beaucoup plus concrète et agressive que l’irlandais de Verdun.

Même s’ils n’ont aucun lien avec la culture anglo-américaine, ce groupe cherche à s'identifier à titre d'anglophone avec les «authentiques», où il est ensuite teinté d'idées négatives à l'égard des indépendantistes.

La troisième composante d'anglophones sont les autochtones anglicisés, essentiellement Cris, Inuits, Mohawks et certains Algonquins. Leur opposition n'est pas lié à un désir particulier de défendre l'anglais, c'est plutôt leur anglais qui les confine à prendre leurs informations et opinions des médias anglophones plus hostiles au Québec, ce qui teint par ricochet leur opinion.

Ils sont également utilisés comme pions par les anglophones pour intimider les souverainistes, se faisant miroiter leur droits ancestraux comme prétexte pour refuser de faire partie d'un Québec indépendant.

Leur recherche d’une plus grande autonomie peut pourtant s’inscrire autant sous un nouvel État Québécois que sous la tutelle actuelle d’Ottawa. Les affaires autochtones étant de juridiction fédérale, leur perception du rôle de Québec tend à être secondaire lorsque l’économie et la santé sont sortis de l’équation. La Paix des Braves, le succès économique des Cris du Québec par rapport à ceux de l’Ontario, les revendications communes, les relations nord-sud plutôt que est-ouest, etc. il existe plusieurs angles sous lesquels l’attachement au Québec peut être valorisé et développé aux dépens du fédéral.

Pour adoucir ou renverser l’opposition des anglophones d’ici au projet d’État, il faut jouer leurs intérêts contre ceux des anglophones du ROC. Il faut aussi construire des réponses spécifiques à chacun des trois groupes pour maximiser les chances de créer une allégeance envers l’idée.

Pour optimiser l'appui du groupe anglophone «de souche», il serait sage de… :

- Prendre l’engagement de reconnaître la langue anglaise dans la constitution du nouvel État, en reconnaissant qu’elle fait partie de l’héritage culturel et patrimonial d’une composante du peuple Québécois.
- Développer, renforcir et valoriser le concept identitaire de « Quebecker », c’est-à-dire une identité anglophone propre au Québec qui fait compétition à l’identité Canadian.
- Souligner le caractère unique et spécifique de la langue anglaise du Québec, la définir comme une variante distincte, différente des autres variantes nord-américaines.
- Souligner les atouts établis du Québec qui le rendent un joueur avantagé dans le monde anglophone (trois universités anglaises, liens centenaires avec les É.U., héritage administratif britannique, diaspora québécoise nord-américaine, etc.)
- Valoriser le rôle des anglophones dans le mouvement et le futur État par des nominations à des postes médiatisés et stratégiques.
- Jouer le jeu et participer à des versions anglaises des débats politiques lors d’élections québécoises.
- Favoriser le contenu local sur les chaines de télévision anglophones d’ici pour contrer la propagande identitaire canadian projetée de Toronto.
- Favoriser une diversification et une tolérance des points de vue politique chez les éditoriaux de médias imprimés par l’intrusion d’auteurs anglophones souverainistes.
- Encourager les auteurs souverainistes à traduire et publier en anglais leurs textes pour contrer le déséquilibre de point de vue éditorial ici, au ROC et à l’étranger.
- Repousser les démarches explicitement antimonarchistes à un moment ultérieur à la création du nouvel État.* (voir fin de page)
- Créer des parallèles avec les démarches indépendantistes Irlandaise et Écossaise, ainsi que celle menée par l’UKIP vis-à-vis l’UE.

Pour maximiser l'appui du groupe anglophone «faux anglais», les mesures suivantes gagnent à être poursuivies :

- Donner de la valeur au passeport et à la citoyenneté Québécoise, les rendre enviables pour des raisons personnelles et pécunières.
- Communiquer l'image d’une nouvelle citoyenneté et d’un futur État plus généreux et avantageux que ceux du statu quo.
- Permettre initialement la double citoyenneté.
- Mieux communiquer le processus de transition de souveraineté et comment le citoyen sera protégé contre la perte de ses acquis.
- Favoriser l'échange commercial nord-sud avec les Etats-Unis aux dépens des échanges est-ouest.
- Laisser planer l'idée d'adopter le dollar américain.
- Éviter et reporter au delà de l’indépendance tout irritant socioculturel additionnel.
- Militer pour faire baisser la somme de 10000$ requise pour l’immigration, réduisant ainsi la valeur perçue de l’investissement dans la citoyenneté canadienne.
- Mieux souligner les liens économiques et ancestraux entre le Québec et les É.-U.
- Court-circuiter la désinformation des médias anglophones par des communications plus positives sur la cause directement dans leur langue ou dans un anglais non partisan libre de préjudice.

Pour le groupe anglophone «autochtones anglicisés», les points suivants ne peuvent qu’aider :

- Communiquer une transition garantie, automatique et bonifiée de tout programme fédéral dont bénéficient ces communautés.
- Renforcir et multiplier les liens économiques, les partenariats avec les industriels et homme d’affaires d’allégeance québécoise.
- Favoriser les échanges et les liens culturels nord-sud.
- Valoriser et bonifier les apports de Québec en santé et qualité de vie dans les communautés.
- Prendre l’engagement d’inscrire l’innu, l’iroquois, l’algonquin, l’atikamek, le huron, le cri, l’inuit et l’anglais comme secondes langues officielles dans la constitution du nouvel État.
- Valoriser la culture et les apports autochtones davantage que dans le ROC.
- Favoriser un meilleur échange d’information et de points de vue avec des sources anglophones neutres ou favorables au mouvement.
- Créer des incitatifs à joindre des postes au gouvernement ou dans les entreprises d’ici.
- Bâtir l’image d’une identité autochtone spécifiquement québécoise, élaborer un drapeau autochtone du Québec qui fait compétition au drapeau autochtone canadian.

Certaines de ces mesures ciblant les trois groupes d’anglophones semblent contraires à l’instinct premier du francophone. Pourtant, elles ne peuvent qu’aider à matérialiser concrètement et rapidement la création du nouvel État.

Elles sont d’une grande utilité pour… :
- Élargir la base d’appui citoyenne et optimiser les votes favorables.
- Renforcir l’image d’un mouvement civique, essentielle pour la paix sociale et territoriale du nouvel État, le reconnaissance internationale et la neutralité éditoriale dans les médias.
- Affaiblir et confondre l’adversaire Libéral qui croit avoir le monopole sur le vote anglophone.
- Gagner des porte-paroles de langue anglaise dans un univers nord-américain où les médias sont victimes de désinformation et de préjudice envers la cause.
- Séduire et rassurer les francophones provincialistes attachés à l’anglais qui croient à tord que le mouvement est anti-anglais et donc voué, selon leur dire, à une infériorité économique.

On peut même avancer qu’un seul appui anglophone vaut trois appuis francophones, car au delà du simple vote de plus, il entraine une armée de bénéfices stratégiques et médiatiques, qui propulse le mouvement et déstabilise l’adversaire.

L’indépendance passe par l’affaiblissement du parti Libéral. Le moyen le plus efficace et direct d’affaiblir ce parti est de séduire son électorat anglophone et néo-québécois.

Ces mesures stratégiques de séduction gagnent à être apprivoisées et démystifiées.

Stabiliser ou renverser le déclin du français au Canada est impossible. L’indépendantiste doit choisir son combat. S’acharner à défendre futilement le français au Canada, ou créer un nouvel État où sa protection sera de facto perpétuellement garantie. Seul l’indépendance offre les pleins pouvoirs en matière de contrôle démographique et linguistique.

L’indépendance doit donc être l’objectif premier, et non la défense du français au Canada. Lorsque la défense du français affaiblit les forces dédiés à l’indépendance en aliénant certains citoyens à la cause, elle est contre-productive.

De purs francophones de Québec et de Beauce bloquent l’indépendance tout autant que l’anglophone typique. Sauver la langue n’est pas automatiquement sauver l’indépendance. La loi 101 permet même à certains provincialistes de prétendre à tord que l’indépendance est inutile.

Une fois l’indépendance acquise, le risque d’anglicisation par le nombre perdra toute sa force. Le nouvel État sera 89% francophone, et non 21.5% comme il l’est actuellement. Cette majorité, jumelée aux pleins pouvoirs démographiques et linguistiques, rendra l’anglais tout-à-fait inoffensif.

Il y a très peu de risque à se montrer très généreux et inclusif vis-à-vis l’anglophone s’il offre son appui ou sa neutralité en retour.

Pour canaliser des votes anglophones plus favorables, le Québécois gagne aussi à assumer la part de son héritage qui est britannique. L’assumer ce n’est pas l’aimer, ni approuver ses tords. L’irlandais et l’indien (d’Inde) ont détesté l’anglais pour le colonialisme qu’il lui a fait subir. Ils se sont affranchis puis ont assumé ce qu’ils ont vécus sous sa gouverne, l’exploitant aujourd’hui à leur avantage.

Le lecteur intéressé à mieux comprendre cette approche souverainiste vis-à-vis l’anglais est invité à lire l’article « Langue et indépendance » ( http://vigile.net/Langue-et-independance ).

Pour créer le nouvel État, entre 2 132 980 et 2 779 320 citoyens doivent appuyer le projet, qu’il s’agisse de la méthode par élection à double majorité ou par référendum.

Il faut donc ratisser très large. Miser exclusivement sur un certain profil de francophones à la fois de souche et de gauche ne fait que handicaper et rendre presque impossible l’aboutissement du projet.

La présente est le second d'une série de trois articles cherchant à accroître l'appui au mouvement par trois profils d'électeurs réticents, c'est-à-dire les anglophones, les nouveaux venus et les « quarante ». ( http://www.vigile.net/Grossir-les-rangs-les-Quarante ).

*Le mouvement indépendantiste écossais actuel comporte parmi ses militants des sympathisants républicains qui aimeraient sans doute jumeler la démarche à une démarche républicaine. Les dirigeants du mouvement ont décliné cette approche, sachant qu’elle ne ferait qu'aliéner les votes monarchistes inutilement. Le statu quo sur cette question permet d'éviter un groupe de récalcitrants de plus, ce qui maximise les chances de l'indépendance, après laquelle quelconque démarche vers le républicanisme peut être faite sans dommage collatéraux nuisibles.

Il est aussi intéressant à noter que l’absence de la langue dans le débat indépendantiste écossais, ou plutôt la présence d’une langue commune partagée à la fois par le camp du Non et du Oui, semble donner lieu à une couverture médiatique beaucoup plus neutre et libre de préjudice que celle que l’on retrouve au Canada anglais au sujet du mouvement au Québec. Ceci vient confirmer à quel point le mouvement d’ici souffre d’une carence sérieuse dans ses communications en langue anglaise. Cette carence crée un déséquilibre majeur dans les éditoriaux et les points de vue médiatisés, ce qui déforme quelconque jugement neutre sur la question et marginalise inutilement la cause.


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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 mai 2014

    Les non-francophones (anglos+allos réunis dans une cause sacrée) viennent de vous servir une gifle magistrale.
    Vous nous dites que c'est bien de notre propre faute parce que l'on a pas travaillé assez fort, que l'on est pas assez ouvert, trop intolérant, peut-être même un peu xénophobe, etc...
    Un frenchie comme Don Cherry les aime.
    Pourtant, Mme Marois avait même désigné un ministre qui devait prendre soin de la communauté anglophone
    M. Lisée a eu beau faire preuve de soumission ou de ramper dignement, les pouces se sont unanimement pointés vers le bas.
    Manifestement, on n'en a pas fait assez!
    Lorsque vous aurez fini de convertir les non-francophones à l'indépendance, je vous suggère d'aller faire un tour au Nigéria. La secte Boko Haram aurait bien besoin de votre missionnariat.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 mai 2014

    L'anglais langue officielle seconde signifie le bilinguisme officiel et l'unilinguisme anglais par la suite. C'est tout à fait à exclure. C'est une langue trop forte, elle ne peut jamais être seconde du français, ni égale, car celà signifie, pour eux, première et unique.
    Les langues autochtones du Québec couvrent des régions ancestrales du Québec, des pays indiens, parler de langues secondes pour elles n'est pas nécessaire. Beaucoup sont en voie de disparition, présentement, à cause surtout de leur non reconnaissance officielle, quelque part. Étant restreintes aux seules populations indigènes, elle ne peuvent se propager dans les régions qui les couvrent, soit par l'enseignement, d'abord, puis par le commerce, la culture, et tout le reste. Tout ça reste confiné aux descendants des locuteurs ancestraux qui vivent ensemble de par des politiques que l'on connaît, à part les inuits, qui, eux, sont un peu différents. Les métis québecois, d'autre part, n'ont eu aucune chance de conserver la langue de leur ascendance matrilinéaire indienne, les gouvernements n'ayant aucune politique là-dessus.
    Alors, quand je dis que ce n'est pas nécessaire de leur donner un statut de langues secondes, c'est en regard de ces deux facteurs, géographique et social. Un statut patrimonial serait plus approprié, ce qui pourrait permettre leur introduction dans les systèmes éducatifs régionaux, leur mise en valeur, leur étude scientifique et sociale, etc., et leur acceptation progressive par la population. C'est loin tout ça, mais sans action dans ce sens, c'est sûr que les Premières nations vont s'écarter davantage de nous, et imaginer toutes sortes de stratagèmes qui vont nous apparaître toujours de plus en plus contre nous. Pour eux, c'est une question de survie. C'est complètement différent de notre point de vue, qui est surtout politique, en vue de l'indépendance du Québec.
    Notre histoire avec les Indiens du Québec commence peut-être au 15e siècle, mais eux ont encore le souvenir de liens qui remontent à encore beaucoup plus loin, probablement celui des Basques et des Vikings. Et avant celà, c'était seuls qu'ils étaient, entre eux. Il ne faut pas s'imaginer que nous n'avons pas de Moyen-Âge ni Préhistoire. La politique, dans ce temps-là, c'était eux qui la faisaient, et ils en gardent encore des traces, des traditions, une évolution linguistique propre à chacun.
    Cesser de faire cette coupure d'avant nous et d'après nous, avec toute cette mentalité d'exclusion de ce qui n'est pas comme nous. Essayons de voir l'histoire du Pays du Québec par ceux qui l'ont fabriqué avant nous, qui a fait qu'il nous a été possible de fonder la Nouvelle-France. Avant elle, c'était le pays des Indiens, celui des Innus, des Attikameks, des Algonkins, etc., j'en oublie les noms, mais eux vivaient avant nous dans ce Québec. Pouvons-nous imaginer qu'ils en ont le même amour, le même attachement, la même appartenance? Mais non, nous ne pouvons pas, parce qu'ils sont comme des étrangers, vivant complètement à part, dans un monde dont nous ne sommes même pas capables d'imaginer les conditions, extrêmement difficiles.
    Ils n'ont qu'à faire comme nous, entend-on. Bien oui, ils n'ont qu'à faire comme nous, mais ce qu'on a fait, c'est un peu grâce à eux, aussi, ce qu'on oublie et qui se réflète dans nos politiques de perpétuation d'exclusion initiées par le gouvernement colonial Anglais. Qu'est-ce que ce serait d'inclure ces gens parmi nous, en partageant ce qui nous appartient encore, nos langues, nos cultures, notre histoire? Peut-être pas un gros gain politique, mais sûrement une évolution des mentalités, qui pourrait peut-être aussi permettre d'éviter une partition qui nous serait fatale.

  • Danièle Fortin Répondre

    17 mai 2014

    M. Charlebois,
    Vous êtes à défendre la langue d'une majorité continentale contre une minorité provinciale, qui même dans un état indépendant et souverain devra composer avec cette surpuissance linguistique s'honorant du titre de langue mondiale. Même non reconnue constitutionnellement dans un Québec indépendant, l'anglais s'imposera malgré tout.
    Se porter à la défense de l'anglais au Québec en Amérique du Nord c'est comme se porter à la défense des pissenlits dans un jardin d'iris.
    Et comble d'obscénité vous proposez de leur laisser leur monarchie étrangère, sur ce continent, terre des républiques ! Pour qu'ils ne se sentent pas trop perdus comme l'évoquent certains péquistes ? Et quoi d'autre ?
    Quelques-uns argueront qu'il ne faut pas leur faire subir ce qu'ils ont fait subir à leurs minorités conquises. Bien sûr que non ! Il n'est aucunement question de les combattre par la force des armes, du feu et du sang ! Nous sommes civilisés.
    Dois-je aussi rappeler que la Déclaration d'indépendance de la République du Bas-Canada, par Robert Nelson, fut rédigée en français uniquement ?
    Concernant la notion de « minorité », je vous renvoie à un texte de l'avocat et historien Christian Néron :
    http://www.vigile.net/La-majorite-anglophone-du-Quebec
    _

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mai 2014

    Votre texte d'hier ainsi que celui d'aujourd'hui relèvent le débat à une hauteur qui vous honore.
    J'en dirais tout autant de celui de M. Cloutier aujourd'hui.
    Enfin, des propositions imaginatives, constructives et stimulantes.
    J'ai toujours pensé que nous ne pouvons négliger une importante partie de la population dans notre projet de pays. Tous doivent y gagner quelque chose. Ce n'est pas parce que la tâche est ardue que nous devons abandonner cet aspect de la lutte.
    Merci d'apporter de l'air frais au débat.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mai 2014

    C'est une stratégie fort intéressante. J'ai une question, quelle serait votre stratégie envers les allophones, qui ne sont pas permis d'avoir accès à la langue et les institutions publiques anglaises, mais qui pour toutes les fins pratiques one un comportement politique similaire sinon identique à ce des anglophones? Merci!

  • Philippe Cloutier Répondre

    17 mai 2014

    Votre intervention est intéressante, vous faites plusieurs propositions judicieuses dont je prends bonne note.
    Pour ma part, je ne perdrais pas trop de temps à faire des concessions à la monarchie, j'irais droit au but en sollicitant les anglophone à tendance républicaine. Il y en a eu dans l'histoire du Québec du Canada, on peut les citer en example, comme « Pères fondateurs de la lutte ».
    Vous parlez aussi de reconnaître la double citoyenneté « dans un premier temps ». Je ne vois pas à quel moment on cesserait de la reconnaître. La double citoyenneté est quelque chose de parfaitement normal dans un pays civilisé.